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Concerts

Le Festival de la Vézère, le festival français avec un petit grain de folie anglais

Du 12 juillet au 22 août 2017, le Festival de la Vézère, fort de ses trente-sept années d'expertise, propose un programme éclectique et raffiné au cœur de la Corrèze et de ses lieux remarquables. Parfois surnommé le Glyndebourne français, il accueillera encore cette année les chanteurs, musiciens et ensembles qui comptent.



© CreafixStudio.
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Rencontrer au cœur d'un après-midi figé dans l'extrême chaleur de ce printemps parisien la fondatrice (avec son mari Guy aujourd'hui disparu) du Festival de la Vézère, Isabelle du Saillant, c'est remonter aux sources d'un beau projet un peu fou. En 1981 ils décident, sans aide ni subventions, de donner un écrin à leur passion pour la musique et les artistes en organisant en Corrèze une manifestation appelée à connaître un bel avenir.

Des quatre concerts des débuts, le public est invité aujourd'hui à assister à pas moins de vingt rendez-vous répartis dans tous les lieux remarquables non loin du domaine de Saillant. Trente étés musicaux dans cette région de la basse Corrèze qui auront permis à près de quatre cents concerts et spectacles d'exister et à plus de deux mille artistes de se produire (tels José Van Dam, Teresa Berganza et Barbara Hendricks, entre autres).

En pleine nature, au bord de la Vézère, le château du Saillant restauré deviendra un des centres névralgiques du festival (grâce à une grange à l'excellente acoustique) mais les époux veilleront pourtant à ne pas précipiter l'expansion de leur création : diverses formules de concerts (au nombre de dix pendant des années) seront testées opiniâtrement jusqu'à ce jour.

© CreafixStudio.
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Avec une innovation majeure puisqu'ils importeront en France le concept de l'opéra intimiste (un piano accompagnant des chanteurs avec une vraie mise en scène de chefs-d'œuvre célèbres en version originale) né chez "un Anglais extravagant". Des choix toujours en évolution pour un succès qui ne se dément pas, la fréquentation ne cessant de progresser.

Décloisonner les arts, faire naître le désir de musique même pour les publics les plus éloignés du répertoire classique, tels restent les maîtres mots du Festival de la Vézère qui occupe désormais une place de choix dans le Limousin comme dans le paysage des événements artistiques estivaux qui comptent. Cette année, trois axes forts détermineront encore son identité. Pour l'amour de la voix, Bryan Evans et son Diva Opera, fidèle depuis plus de vingt-cinq ans, apportera son grain de folie anglais pour recréer deux œuvres populaires : "La Cenerentola" de Rossini (avec Marta Fontanals-Simmons dans le rôle-titre) et "La Bohème" de Puccini.

© CreafixStudio.
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Les Chœurs de l'Armée Française (cinquante chanteurs) et de Pampelune (le Coral de Càmara de Pamplona) résonneront respectivement à Brive-la-Gaillarde et dans la Collégiale de Turenne. Karine Deshayes et Camille Poul reviendront au festival, accompagnées de l'ensemble d'Arnaud Thorette, Contraste, pour un concert de clôture avec au programme le "Stabat Mater" de Pergolèse, Bach et Vivaldi. La jeunesse brillera aussi avec les lauréats de la classe de Philippe Bernold au CNSMD de Paris. Marie Perbost conjuguera par exemple "Opéra et Cabaret" dans un des trois "Concerts d'une heure" et, ce, dans un lieu magique puisqu'il s'agit de la Chapelle Chagall du Saillant.

Jeunesse toujours avec la violoncelliste Camille Thomas et la pianiste Béatrice Berrut qui succéderont à Ismaël Margain. Autre jeune pianiste très attendu, Kit Armstrong sera accompagné par l'Orchestre d'Auvergne le 16 août. Les illustres aînés ne manqueront pas avec Pascal Amoyel et Abdel Rahman El Bacha. Beaucoup d'autres artistes encore sont annoncés, tel le Quatuor Prazak, promettant de faire de cette 37e édition un moment unique de partage et d'émotion.

Du 12 juillet au 22 août 2017.
Programme complet et réservations :
Festival de la Vézère,
10, boulevard du Salan, Brive-la-Gaillarde (19).
Tél. : 05 55 23 25 09.
>> festival-vezere.com

Christine Ducq
Lundi 3 Juillet 2017

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Concerts | Lyrique







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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
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Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
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Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

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