La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Lyrique

02/04/2012, Arsys Bourgogne au Théâtre des Champs-Élysées : La musique au chœur

Ne manquez pas la "Passion selon Saint Matthieu" lundi 2 avril à Paris, un oratorio interprété par l’un des meilleurs chœurs européens du moment, Arsys, accompagné par l’orchestre des Talens Lyriques de Christophe Rousset. L’un des chefs-d’œuvre de la musique sacrée du Kantor de Leipzig transformera à coup sûr l’auditoire du TCE en fidèles de la Semaine Sainte du XVIIIe siècle !



Ensemble Arsys Bourgogne © Joël Gesvres.
Ensemble Arsys Bourgogne © Joël Gesvres.
Ce morceau sublime de composition religieuse en allemand (selon les vœux de Martin Luther) tire sa force du texte religieux - de ses personnages sacrés accompagnant les derniers jours du Christ -, des vingt-huit textes madrigalesques du librettiste Christian Picander, des cantiques, des chorals liturgiques (le "choral" ou chant strophique que la foule pouvait chanter à l’unisson pendant les cinq heures de l’office !) et d’une des musiques les plus hautes qu'ait écrit le génie de Leipzig... Bach.

Markus Schäfer interprétera l’Évangéliste, Wilhelm Schwinghammer le Christ, le chœur se partagera entre les rôles des apôtres, des prêtres, de la foule, des chrétiens, entre autres.

Le chœur Arsys, en résidence permanente à la Cité de la Voix de Vézelay - un village médiéval classé au patrimoine mondial de l’Unesco - sera dirigé par son créateur, le chef d’orchestre luxembourgeois Pierre Cao. Leur répertoire habituel couvre six siècles de musique. C’est leur première collaboration avec l’orchestre de Christophe Rousset. On les retrouvera la même semaine à Lyon (le 3avril), puis à Lorient (le 5).

Quand il ne sillonne pas les quatre départements de la région Bourgogne, le chœur Arsys est demandé dans de nombreux Festivals, et sur de nombreuses scènes européennes. On les retrouvera à Paris en octobre pour la "Messe en si mineur" de J. S. Bach dans ce même théâtre des Champs-Élysées.

"Passion selon Saint Matthieu"

De Johann Sebastian Bach.
Œuvre en deux parties BWV 244 (1727).
Texte : Christian Picander, d’après L’Évangile selon Saint Matthieu.
Direction : Pierre Cao.
Avec : Markus Schäfer (L'Évangéliste), Wilhelm Schwinghammer (Le Christ), Sabine Goetz (soprano), Marianne Beate Kielland (alto), Simon Bode (ténor), Markus Flaig (basse).
Les Talens Lyriques.
Chœur Arsys Bourgogne.
Chœur d'Enfants de la Maîtrise de Paris.

Lundi 2 avril 2012 à 20 h.
Production Théâtre des Champs-Élysées.
Concert en allemand, surtitré en français.
Théâtre des Champs-Élysées, Paris 8e, 01 49 52 50 50.
>> theatrechampselysees.fr

Christine Ducq
Mercredi 28 Mars 2012

Concerts | Lyrique







À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024