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Lyrique

06/03 et 11/03/2012, Théâtre des Champs-Élysées, Paris, Bayreuth à Paris !, "Parsifal" et "Tristan et Isolde"

Déchaînement des passions au Théâtre des Champs-Elysées ! Ne manquez pas les chefs-d’œuvre du cycle Wagner avec trois opéras en version concert, programmés pour la saison 2012. Dès la semaine prochaine, "Parsifal" et "Tristan und Isolde".



Daniele Gatti © Silvia Lelli.
Daniele Gatti © Silvia Lelli.
Avec Parsifal, c’est véritablement l’esprit de Bayreuth qui va souffler sur Paris. Le chef Daniele Gatti, invité tous les ans depuis 2008 à diriger ce "festival scénique sacré" dans le haut lieu dédié au plus grand musicien de tous les temps (c’est bien évidemment une wagnérienne fanatique qui écrit !), sera à la tête de l’Orchestre national de France. Daniele Gatti dirigera les mêmes chanteurs qu’à Bayreuth le mardi 6 et le vendredi 9 mars. Christopher Ventris interprétera le rôle-titre, Mihoko Fujimura celui de Kundry, et Lucio Gallo, le magicien Klingsor. Cela tombe très heureusement.

Parsifal est un chevalier appartenant à la confrérie des chevaliers protecteurs du Saint-Graal. Le père de Lohengrin nous est mieux connu sous son nom français : le fameux "Perceval" du roman de Chrétien de Troyes. Le livret du compositeur y trouve une de ses influences, ainsi que de celui du troubadour Wolfram von Eschenbach, entre autres. Chef-d’œuvre de haute spiritualité, l’ultime opéra de Wagner, créé en1882, met en scène un chevalier ignorant le Mal, il est "l’Innocent au cœur pur", seul capable de délivrer les autres chevaliers des maléfices impies du magicien Klingsor, et de guérir le roi de la sainte ligue chargée de veiller sur le Graal. Trois actes donc d’une musique à la beauté surnaturelle, qui par moment hisse les esprits loin, très loin de ce monde prosaïque.

Le dimanche 11 mars, la messe aura lieu à 18 h exceptionnellement avec Tristan und Isolde, et toujours au Théâtre des Champs-Élysées. Cet opéra en 3 actes, créé en 1865 à Munich grâce à Louis II, va déployer son orchestration démesurée, ses harmonies ambiguës et richement chromatiques, ses envoûtantes lignes mélodiques. Et les officiants du culte wagnérien ne manqueront pas à l’appel de la passion tragique du neveu du roi Marc et de la belle princesse irlandaise, et… épouse de ce même roi Marc.

Culte, disais-je, ce ne sont pas des spectateurs ordinaires qui assisteront à la version concert du drame, conçu selon la théorie wagnérienne de l’art total, mais des fanatiques. Tous liés secrètement par le même désir inextinguible de se noyer dans les accents sublimes du philtre musical, génialement novateur du Maître : ce sera bien l’inégalable "formule magique" dont parlait Franz Liszt. Redoutable charge donc que celle qui pèsera sur les épaules du jeune chef letton Andris Nelson, avec l’Orchestre symphonique de Birmingham. Redoutable défi vocal aussi pour Liouba Braun (Isolde), Stephen Gould (Tristan) et Matthiew Best (le roi Marc).

Kent Nagano sera à la baguette pour une Walkyrie interprétée par Nina Stemme le 24 avril. Nous en reparlerons aussi bien sûr…

"Parsifal" et "Tristan und Isolde"

Andris Nelsons © Marco Borggreve.
Andris Nelsons © Marco Borggreve.
Livrets : Richard Wagner.

● Mardi 6 mars à 18 h.
"Parsifal", opéra en trois actes (1882), d’après le "Parzival" de Wolfram Von Eschenbach.
Direction : Danièle Gatti.
Avec : Christopher Ventris (Parsifal), Mihoko Fujimura (Kundry), Kurt Rydl (Gurnemanz), Lucio Gallo (Klingsor), Detler Roth (Amfortas), Andreas Hârl (Titurel), Michaël Laurenz, Robert Jezierski.
Orchestre National de France.
Concert en allemand, surtitré en Français.
Coproduction Théâtre des Champs-Élysées et Radio-France.

● Dimanche 11 mars à 18 h.
"Tristan et Isolde", opéra en trois actes (1865), d’après Gottfried von Strasburg.
Direction : Andris Nelsons.
Avec : Lioba Braun (Isolde), Stephen Gould (Tristan), Matthew Best (Marc), Brett Polegato (Kurwenal), Christianne Stotijn (Brangäne), Ben Johnson Melot (un berger), Benedict Nelson (un marin et un timonier).
Orchestre Symphonique de Birmingham
Concert en allemand, surtitré en Français.
Production Théâtre des Champs-Élysées.
>> theatrechampselysees.fr

Christine Ducq
Mercredi 29 Février 2012

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Concerts | Lyrique







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"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
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06/03/2024
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

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"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
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"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

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Bruno Fougniès
15/10/2023