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Concerts

Le Festival de Prades nous invite à Paris

Le Festival de Prades s'exporte hors les murs loin de son bel écrin (au pied du Mont Canigou) tous les ans depuis 1983. Les 20 et 21 mars, nous retrouverons les interprètes invités du clarinettiste et directeur du Festival Michel Lethiec pour deux concerts au Théâtre des Champs-Élysées à Paris. Manière de patienter avant de rejoindre notre festival de musique de chambre préféré dès le 26 juillet dans le village de Pablo Casals.



Talich Quartet © Bernard Martinez.
Talich Quartet © Bernard Martinez.
Les mélomanes du TCE ont déjà eu la chance le 5 février de retrouver les invités de la saison passée du Festival Pablo Casals de Prades, avec le fameux Quatuor Talich pour un concert autour de Mozart. D'autres éminents chambristes prennent le relais dans cette même salle avec un programme classique, romantique et post romantique, les 20 et 21 mars. Certains sont des habitués de longue date du festival d'été à Prades comme le violoncelliste Arto Noras, le contrebassiste Jurek Dybal et le corniste André Cazalet, sans oublier Michel Lethiec bien sûr, leur hôte. Ce sera de surcroît l'occasion de découvrir de nouveaux artistes le jeune violoniste Fumiaki Miura et la mezzo-soprano Allison Cook.

Vendredi 20 mars, vous pourrez apprécier le Quintette à deux altos de Michaël Haydn (frère de Joseph et ami du jeune Mozart), le Sextuor pour piano et cordes opus 110 de Félix Mendelssohn - une œuvre de jeunesse de 1824 déjà impressionnante de maîtrise - et l'Octuor pour cordes et vents D. 803 de Franz Schubert, œuvre de commande et vraie symphonie da camera. Des œuvres qui méritent le détour défendues aussi par Boris Brovstyn au violon, les altistes Vladimir Mendelssohn, Hartmut Rohde, Giorgio Mandolesi au basson et au piano Itamar Golan. On le voit, Prades est chaque année la capitale du monde chambriste !

Vladimir Mendelssohn © Josep Molina.
Vladimir Mendelssohn © Josep Molina.
Le samedi 21 mars, on voyagera de Vienne à Hambourg avec le poème symphonique "Till l'Espiègle" opus 28 (transcrit ici pour cinq instruments) de Richard Strauss écrit en 1895. Et un bonheur nous sera réservé : redécouvrir une œuvre de jeunesse de Gustav Mahler. Son Quatuor pour piano et cordes écrit au conservatoire en 1876 et oublié ne fut redécouvert par sa veuve qu'en 1960 - la célèbre Alma Schindler. C'est la seule pièce instrumentale de musique de chambre du compositeur. Suivra un superbe cycle de chants, les Lieder eines fahrenden Gesellen ("Chants d'un Compagnon errant") composés entre 1886 et 1896 par Mahler. Enfin le Quintette avec piano opus 34 de Johannes Brahms clôturera le concert. L‘été s'invite à Paris en avance !

Concerts les 20 et 21 mars 2015 à 20 h.

Théâtre des Champs-Elysées, 01 49 52 50 50.
15 avenue Montaigne 75008.

>> theatrechampselysees.fr
>> prades-festival-casals.com

Christine Ducq
Mardi 3 Mars 2015

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Concerts | Lyrique







À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024