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Concerts

La Citadelle des artistes, c'est à Sisteron

Pour sa 63e édition, les Nuits de la Citadelle proposent cet été un choix éclectique de spectacles qui raviront tous les amateurs de danse, de théâtre et de musique.



© DR.
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Un peu d'Histoire. Quel festival avantageusement situé à Sisteron entre Provence et Dauphiné a-t-il été créé en 1928 ? Ce sont les Nuits de la Citadelle, la plus vénérable des manifestations culturelles avec les Chorégies d'Orange. Vénérable ? Non, éternellement jeune car ses ambitions ne la portent pas à s'endormir sous ses lauriers roses (ou ses beaux résineux) dans le cadre grandiose des Alpes-de-Haute-Provence.

Avec sa forteresse d'une blancheur de conte de fées - celle des Comtes de Provence dont s'enorgueillissait Henri IV lui-même -, Sisteron peut se féliciter de posséder l'un des plus beaux sites naturels français. Du XIIIe au XIXe siècle, elle fut le théâtre de drames divers (tel le passage de Napoléon au retour de l'Île d'Elbe) et c'est tout naturellement que son théâtre de verdure (le Théâtre de la Citadelle) en murmura les échos dès les années trente par la voix splendide des Comédiens Français.

© DR.
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En 1934, la musique rejoignit le théâtre et désormais les spectateurs jouissent également des beautés romanes du Cloître Saint-Dominique (XIIIe siècle) et de la Cathédrale Notre-Dame des Pommiers (XIIIe siècle) pour assouvir leur passion de la danse (depuis 1974), de l'opéra et du concert. À partir du 20 juillet 2018, sous le concordat des "Arts réunis", Edmond Rostand, Mozart, Bernstein, Strauss, Haydn et Leonard Cohen (entre autres) seront à l'honneur, défendus par des interprètes très attendus.

Premier concert inratable le 20 juillet, le pianiste François Dumont offrira son inégalable 27e Concerto - en subtil mozartien qu'il est - dans un de ces dialogues dont il a le secret avec l'Orchestre des Pays de Savoie dirigé par son directeur musical (depuis 2009), Nicolas Chalvin.

L'orchestre livrera ensuite sa vision de la 40e Symphonie K 550 du génie autrichien. Les sœurs Katia et Marielle Labèque, assistées des percussionnistes Gonzalo Grau et Raphaël Séguinier, feront revivre quelques jours plus tard une transcription très originale de "West Side Story". Une version que Leonard Bernstein a spécialement écrite pour elles ; une rareté qui met l'eau à la bouche précédée de pièces de Georges Gershwin et Philip Glass.

© Clément Airiau.
© Clément Airiau.
Parmi tant de beaux rendez-vous, citons l'Hommage à Leonard Cohen, "Dance Me", par les Ballets Jazz de Montréal ou la compagnie anglaise Diva Opera, menée par Bryan Evans, pour une "Chauve-Souris" de Johann Strauss qui s'annonce déjantée. C'est l'auteur de "Cyrano de Bergerac", le héros de la pièce aux cinq Molières d'Alexis Michalik "Edmond", qui fera ensuite le bonheur du public sur les planches du Théâtre de la Citadelle.

Et si vous ne connaissez pas encore l'Orchestre Symphonique de Hongrie-Miskolc, vous aurez une occasion unique de le découvrir (avec la talentueuse violoniste Sayaka Shoji) dans un concert de clôture qui réunira Mendelssohn, Sibélius et Bizet.

Festival Nuits de la Citadelle.
Du 20 juillet au 13 août 2018.
Spectacles à 21 h 30.
Pavillon A.T.M.,
1, allée de Verdun, Sisteron (04).
Tél. : 04 92 61 06 00.
contact@nuitsdelacitadelle.fr
>> Programme complet.

Christine Ducq
Lundi 2 Juillet 2018

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Concerts | Lyrique







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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

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30/08/2024