La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Humour

Libre, homo, sourire charmeur, l'humour en plus, Jérémy Lorca est "bon à marier" !

"Bon à marier", Alhambra Théâtre, Paris

C'est son premier spectacle. Il est drôle, surprenant, vif, parfois pétillant comme un verre de champagne dans un vernissage "bobo" et, en même temps, doué d'une réelle humanité. Il se nomme Jérémy Lorca, son spectacle est en partie autobiographique et son écriture tout en finesse et sensibilité, à l'humour calibré et à la volonté perfectionniste, l'a aussi conduit au roman*. Bref, un talent prometteur… de nouveau sur scène à L'Alhambra.



© Didier Parsy.
© Didier Parsy.
Pas très simple d'être un Ch'ti gay… Et ce n'est pas forcément plus facile d'être homosexuel à Paris, seul, cherchant l'âme sœur à l'heure où l'on se considère bon à marier pour ne pas finir à 35 ans dans la catégorie fin de séries, ambiance dernière démarque…

Homo ou hétéro, la recherche de l'autre pour "plan cul et plus si affinités" ou la chasse à l'idéal pour construction de couple durable passent par les mêmes sites de rencontres ou quasi identiques s'ils sont plus dédiés à l'orientation sexuelle du quêteur. Et le "swipez matchez discutez" d'applications types Tinder ou Grindr devient vite source d'affolements quasi hystériques par le seul fait d'être entouré de potentialités tout autant sexuelles que matrimoniales.

Dans ce gymkhana à la finalité amoureuse et aux épreuves séductrices, on passe des soirées en night-club - au danse-floor torride - aux aboutissements matinaux déprimants où seuls restent les derniers lots alcoolisés, poudrés, ou parfois liquéfiés par un nombre de verres d'eau de vie écossaise exagéré.

© Didier Parsy.
© Didier Parsy.
Suivent les lendemains qui déchantent où se côtoient la malbouffe, la tyrannie du paraître (beauté extérieure incitant à rêver de celle intérieure), les gosses brailleurs des amis, l'insupportable moniteur d'auto-école… Et seule reste, compagne fidèle à la permanence coupable, la solitude qui n'a pas de sexe, et n'est pas soumise à l'attirance du genre.

Sortant du classique stand-up, Jérémy pose d'emblée un cadre autobiographique d'une franchise déconcertante, parfois légèrement caustique mais toujours pleine de sagacité. Sa sincérité, sa sensibilité et son impertinence sémillante désamorcent les situations les plus grotesques ou caricaturales, celles-ci ayant trait souvent aux relations des trentenaires parisiens.

De plus, il manie l'autodérision avec une joyeuse virtuosité et évite même la vulgarité dans les anecdotes croustillantes. En bonus, car denrée devenue rare chez les comiques, le texte, fin et élégant, nous fait découvrir une écriture intelligente et sensuelle.

Comédien-humoriste accompli (déjà plusieurs participations au cinéma ou à la télé : "99 francs", "Ma vie n'est pas une comédie romantique", "Plus belle la vie", etc.), réalisateur engagé (court métrage "Don du sang pour tous : Next step ?", il est également chroniqueur sur Europe 1 le samedi matin dans l'émission d'Anne Roumanoff et poursuit sa carrière d'auteur avec un prochain roman en cours de rédaction. À suivre donc !

* Son premier roman sortie en mars 2015 s'intitule "Chercher le garçon" (Éditions du Cherche Midi).

"Bon à marier"

© Didier Parsy.
© Didier Parsy.
Textes : Jérémy Lorca.
Mise en scène : Léa Lando.
Avec : Jérémy Lorca.

5, 6, 12 et 19 décembre 2017 à 21 h 30.
Du 11 janvier au 1er mars 2018.

Jeudi à 21 h 30.
Alhambra Théâtre, Paris 10e, 01 40 20 40 25.
>> alhambra-paris.com

Gil Chauveau
Vendredi 15 Décembre 2017

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter | Avignon 2025












À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024