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RV du Jour

À écouter : Les belles découvertes du Festival Theatro a Corte (épisode 3)

Suite et fin de notre voyage au Festival Theatro a Corte à Turin. Dans cette interview, Beppe Navello nous parle surtout de la situation économique du pays et de la position de la culture dans les sphères gouvernementales. Dire que la situation est alarmante en Italie n’est pas une nouveauté. Continuer à défendre ses idées et à se battre pour obtenir des subventions dans ce contexte relève du courage. Pour notre part, notre seule façon de soutenir cette entreprise est d'en parler. Et justement, continuons à raconter nos belles découvertes.



Collectif Petits Travers © D.R.
Collectif Petits Travers © D.R.
Sur les six spectacles que nous avons vus (c’est peu comparé aux 29 compagnies qui se produisaient cette année), nous en retiendrons encore deux. La première (le Collectif Lyonnais Petit Travers) présentait ce qu'ils appellent du "jonglage musical" ; l’autre, les Ballet Boyz, est composée de neuf jeunes danseurs anglais absolument superbes.

Nos jongleurs d'abord. Déjà, les nommer de cette façon serait bien vite les réduire. Leur spectacle, qu’ils ont appelé Pan-Pot ou modérément chantant, est un un acte poétique. Tout en grâce et en élégance, il est aussi un beau pied de nez à la loi de la gravité. Réglée avec la précision d’un métronome, leur gestuelle s’accorde au rythme des touches noires et blanches de leur pianiste. Des balles, sans cesse renvoyées, donnent un rythme particulier à leur chorégraphie. Le jeu sur la lumière (des carrés de couleur au sol par exemple) donne l’impression de naviguer dans une sorte de rêve éveillé. Et Beethoven ou Wagner viennent donner le rythme à ces belles variations. Ce spectacle est une belle découverte, tant sur le plan musical que visuel. Si vous ne les connaissez pas encore, ils sont à voir absolument !

Ballet Boyz © D.R.
Ballet Boyz © D.R.
Les Ballet Boys, quant à eux, ont été l’expérience sensorielle la plus intense du séjour. Leur spectacle, The Talent (une première nationale) est éminemment moderne. Ils incarnent la grâce et la virilité de six corps en mouvement et nous entraînent dans un beau voyage charnel et corporel. Les chorégraphies de Russel Maliphant sont est à mi-chemin entre danse classique et moderne et l’ensemble est d’une intensité incroyable. Difficile de parler de ces torsions, de ces étirements amoureux, de ces chassés–croisés et de ces roulades corporelles sans avoir l’impression de briser avec des mots la magie de leurs gestes. Qu’ils dansent sur le rythme lent d’une guitare sèche ou sur les accords frénétiques d’une guitare électrique, ils sont surprenants et nous laissent pantelants... De quoi nous réconcilier définitivement avec la danse.


Retour à l'interview de Beppe Navello :
beppe_navello,_interview,_episode_3_1_.mp3 BEPPE Navello, interview, épisode 3(1).mp3  (5.31 Mo)


Générique de l'interview composé et interprété par Pierre-Yves Plat.


Du 7 au 25 juillet 2011.
http://teatroacorte.it/
Toute la programmation :
Le programme en italien et en anglais version PDF

Collectif Petit Travers
« Pan-Pot ou modérément chantant »
http://www.collectifpetittravers.org/

Ballet Boyz
« The Talent »
www.balletboyz.com

Vendredi 29 Juillet 2011

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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

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© Delphine Royer.
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Isabelle Lauriou
15/05/2025
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Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
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N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
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