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Concerts

Soir historique : Piotr Anderszewski fait ses débuts avec l’Orchestre de Paris !

Et si vous vous réchauffiez au feu de ce pianiste de génie en cet hiver glacial ? Cette semaine, à la Cité de la Musique, ce sera aussi l’occasion de vérifier que le chef Paavo Järvi est bien l’explorateur d’un répertoire trop rarement joué !



Piotr Anderszewski © Sheila Rock/Virgin Classics.
Piotr Anderszewski © Sheila Rock/Virgin Classics.
Il faut absolument découvrir le pianiste polonais Piotr Anderszewski en concert cette semaine. Celui que d’aucuns considèrent comme le nouveau Glenn Gould est un artiste qui ne ressemble à personne. Peut-être connaissez-vous le pianiste polonais pour l’avoir vu sur Arte dans deux documentaires que lui a consacré Bruno Monsaingeon. Et ce n’est pas bien-sûr l’unique raison du parallèle établi avec le mythique interprète des "Variations Goldberg" de Bach.

Piotr Anderszewski est un musicien né, dont la quête exigeante dépasse les limites habituelles d’une carrière de virtuose. Une légende entoure déjà cet interprète exceptionnel des concertos de Mozart, des "Variations Diabelli" de Beethoven - autant dire le Graal des pianistes. Une impressionnante discographie témoigne, outre les concerts, de l’acuité, de la singularité de son jeu. Il n’a pas été récompensé pour rien comme "pianiste au talent exceptionnel" par le Gilmore Award, décerné tous les quatre ans.

Orchestre de Paris, PaavoJarvi © Gérard Uferas.
Orchestre de Paris, PaavoJarvi © Gérard Uferas.
L’Orchestre de Paris invite donc tout naturellement ce grand artiste et en profite pour mieux faire connaître au public français un compositeur polonais au style intrigant, Karol Szymanowski. En effet, en 2005, Piotr Anderszewski a enregistré les œuvres pour piano solo de son compatriote, mort en 1937. Un CD acclamé par la critique, résultat d’une longue exploration passionnée d’un univers musical qui n’était pas une évidence pour l’interprète. C’est que se lancer des défis inconfortables est une évidence pour Anderszewski : ce qu’il appelle s’absenter pour atteindre à l’universel. Énigmatique conception que nous sommes vraiment pressé(e)s d’expérimenter en direct. Comment la Symphonie concertante de K. Szymanovski, avec son langage original élaboré à partir de la révolution Wagner, et contemporain de Richard Strauss, sera-t-elle transcendée lors de cette rencontre des plus excitantes sous influence slave ? Réponse mercredi et jeudi.

Mercredi 27 et jeudi 28 février 2013 à 20 h.
Cité de la Musique, Salle des concerts, 01 44 84 44 84.
221, avenue Jean Jaurès, Paris 19e.
>> citedelamusique.fr

Programme :
Joseph Haydn, Symphonie "parisienne" n°86.
Karol Szymanovski, Symphonie n°4 "concertante" pour piano et orchestre, opus 60.
Johannes Brahms, Sérénade n°1 en ré majeur, opus 11.

Orchestre de Paris.
Paavo Järvi, direction.
Piotr Anderszewski, piano.

Christine Ducq
Lundi 25 Février 2013

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Concerts | Lyrique







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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
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© Delphine Royer.
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Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
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N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

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11/03/2024
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