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Festivals

Le réel mis en fiction, les merveilleux voyages du Bruit du Frigo à travers les quartiers…

Bruit du Frigo, né des élucubrations artistiques de deux "apprentis" architectes, éprouve après onze années de parcours nomades le désir de s'assagir (?!) en posant ses bagages dans les locaux flambant neufs de La Fabrique Pola.



Station Mue © Bruit du Frigo.
Station Mue © Bruit du Frigo.
Dédiée aux pratiques artistiques et culturelles, "Pola" accueille pour son acte de (re)naissance "La Mêlée", événement atypique dont le thème cette année - "Rester groupé" - résonne comme une invitation à résister aux dérives "isolationnistes". Un engagement réel au service de la petite fabrique ludique d'une cité habitée par de vrais humains, tel est le crédo de cette première "Mêlée" débordant d'inventivité et d'humanité à fleur de peau.

Du 29 juin au 14 juillet - jour de la prise de la Bastille et des flonflons populaires - s'exposera in vivo, sur quelque 287 m2 d'installations architecturales et scénographiques bordant la Garonne, le retour des "Convois exceptionnels". Durant trois ans, ces convois ont associé étroitement les habitants de quartiers populaires de la Nouvelle Aquitaine et sept artistes. De leurs rencontres et des échanges qui s'ensuivirent, les artistes crédités d'une carte blanche ont "mis en récit" le réel pour proposer chacun des œuvres en lien avec son champ artistique.

Ainsi, on pourra découvrir les créations du vidéaste Benoît Grimalt ("Tout va bien pour l'instant"), la nappe basque de cinq mètres de long brodée et cousue de fils et sequins de la plasticienne Sophie Fougy ("Souvenir du temps disparu"), les affiches recomposées de l'illustratrice Camille Lavaud, celles iconoclastes de Pipocolor ("La publicité & la Poésie"), les quarante portraits et quatre paysages du plasticien Jo Brouillon ("Ce Convoi et ce qu'on ressent"), le film de la réalisatrice Julie Chaffort ("Summertime") et les textes écrits par l'autrice Brigitte Comard ("Personne était là à attendre rien" et "Je n'ai pas vu le départ arriver"). Le fil rouge reliant ces œuvres étant à rechercher du côté du vécu ressenti métamorphosé en matière artistique.

Convois exceptionnels © Anne-Cécile Paredes.
Convois exceptionnels © Anne-Cécile Paredes.
Ces "expositions" d'expériences partagées entre habitants et artistes seront intégrées à une scénographie d'une tentaculaire "maille en bois" où chacun pourra retrouver les sensations délivrées par les voyages, en dégustant entre autres quelques douceurs associées afin de se souvenir que l'art ne peut se déguster qu'en tant que matière vivante. Conçu essentiellement comme un espace à vivre, le lieu des déambulations scénarisées par des comédiens et médiateurs offrira des lits où pouvoir marquer une pause, se reposer, voire dormir.

Mais "La Mêlée" entend bien ne pas se limiter à "un retour sur images" des "Convois exceptionnels", si vives soient ces expériences. Elle se propose d'initier aussi sept actions collectives ayant vocation de retourner la tête du voyageur. Ainsi de l'odyssée de quinze heures d'affilée du Tourbus, concoctée par l'Agence fantasque Fluxus, organisant la grande traversée d'un (petit) territoire péri-urbain et rural où la proximité avec les habitants marque l'abolition des frontières entre l'Art et les vies minuscules. De même des deux nuits entières (sic) passées au cœur de l'installation sous l'égide de la même agence à inspiration surréaliste.

Convois exceptionnels © Anne-Cécile Paredes.
Convois exceptionnels © Anne-Cécile Paredes.
Ainsi de la randonnée urbaine à l'assaut des confins de la métropole, de l'atelier (ré)créatif d'affiches et de slogans, sans oublier le Repas de Gala, préparé par deux grands chefs cuisiniers et un pâtissier de renom, réunissant les habitants, acteurs de terrain, aux autres participants. De quoi satisfaire tous les goûts.

Et, pour ouvrir le feu des festivités, le vernissage de l'exposition des sept artistes présents sera accompagné de dégustations et de vins "sincères et vivants" - Bordeaux oblige… Quant à la seconde partie de la soirée, animée par deux groupes haut en couleur, un DJ à l'unisson et un joyeux collectif de danseurs, elle "ouvrira le bal"… au propre comme au figuré.

"La Mêlée", un événement Bruit du Frigo.
Du 29 juin au 14 juillet 2019.
La Fabrique Pola de Bordeaux,
10, quai de Brazza (rive droite au pied du pont Chaban Delmas).

Programme détaillé et réservation en ligne :
>> lamelee.bruitdufrigo.com

Yves Kafka
Lundi 1 Juillet 2019

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À découvrir

"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
06/03/2024
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
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"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

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© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023