La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.

Ville de Paris : plan de soutien historique en direction du secteur culturel  20/05/2020

Consciente du très fort impact subi par le secteur culturel du fait de la crise sanitaire, Anne Hidalgo, Maire de Paris, a souhaité y apporter une attention particulière et une réponse décisive. Elle a proposé au Conseil de Paris du 18 mai 2020 de voter un plan de soutien historique en direction des artistes et des acteurs culturels parisiens, d'un montant de 15 millions d'euros.

Les échanges très réguliers et nourris qui ont eu lieu entre Christophe Girard, adjoint pour la culture, Karen Taïeb, adjointe en charge du patrimoine, et Frédéric Hocquard, adjoint en charge de la vie nocturne et de la diversité de l'économie culturelle, et les services de la Ville avec les acteurs culturels dans toute leur diversité, l'État, les collectivités territoriales et institutions, ainsi que les organisations professionnelles représentatives, pendant toute la durée de cette crise, ont permis de construire un plan de soutien qui répond aux besoins des structures culturelles qui, par leur diversité, fondent la richesse de notre territoire.

En premier lieu, la Ville de Paris a annoncé dès les premiers jours du confinement la suspension des redevances et des loyers des associations et opérateurs du secteur culturel, ainsi que des ateliers simples d'artistes. Elle en annonce désormais l'exonération définitive pour une période de six mois.

La Ville s'est par ailleurs engagée à verser toutes les subventions accordées au premier trimestre, même en l'absence de « service fait » du fait du confinement. Et elle s'est mobilisée pour verser de manière anticipée les subventions annuelles de fonctionnement aux structures qu'elle soutient, pour un montant de plus de 100 millions d'euros.

En complément, la Ville de Paris prévoit une aide d'un montant de 12 millions d'euros pour les acteurs culturels qu'elle soutient de manière régulière et qui se trouveraient en difficulté cette année. Cette aide exceptionnelle sera accordée en fonction du budget révisé intégrant l'impact de la crise sur leur activité et de la tenue de leurs engagements vis-à-vis des équipes artistiques et techniques.

La Ville souhaite également affirmer un soutien fort aux acteurs culturels privés ou peu subventionnés. Elle a, pour ce faire, défini une stratégie de soutien commune avec l'État (ministère de la Culture), qui permettra la mise en place de guichets uniques pour les acteurs concernés, véritable gage d'une cohérence et d'une complémentarité des aides publiques. Elle abondera ainsi à ce stade à hauteur de :
- 500 000 euros le fonds de secours mis en place dans le secteur de la musique, confié au Centre national de la musique (CNM) ;
- 700 000 euros le fonds d'urgence pour le spectacle vivant (théâtre, arts de la rue, cirque, etc.), destiné aux compagnies, théâtres privés et tourneurs, confié à l'Association de soutien aux théâtres privés (ASTP).
La Ville abondera par ailleurs à hauteur de 50 000 euros le fonds de solidarité d'urgence de la SACD en direction des auteurs les plus en difficultés.


La Ville de Paris sera également très attentive aux librairies et au secteur du cinéma ; des aides spécifiques seront allouées aux salles indépendantes, aux associations, tant d'éducation à l'image qu'à vocation internationale ou sociale, ainsi qu'à la création de court-métrages et de nouveaux médias.

Dans ce cadre de relance progressive de l'activité culturelle, un mois d'août de la culture sera organisé à Paris, initiative qui permettra de soutenir directement les artistes et équipes artistiques et de favoriser leurs rencontres avec le public, avec des conditions sanitaires adaptées. Cet évènement, en association avec des collectivités territoriales de la métropole du Grand Paris et le festival Off d'Avignon, stimulera la création et la diffusion dans les domaines de la musique et des musiques actuelles, du spectacle vivant et des arts de la rue, ou encore des arts visuels.
Diverses initiatives de valorisation du patrimoine parisien seront proposées à cette occasion afin de permettre aux Parisiennes et aux Parisiens de (re)découvrir ces trésors de proximité. Des commandes artistiques seront passées à des auteurs pour être diffusées dans un espace public repensé et surprenant. Un appel à projets sera prochainement lancé à cet effet.

Enfin, un budget exceptionnel d'acquisitions du Fonds d'art contemporain - Paris Collections permettra de soutenir les artistes visuels et Christophe Girard a annoncé que Nuit Blanche 2020 sera revisitée, avec une direction artistique confiée à quatre directeurs de musée : Amélie Simier (musée Bourdelle), Jeanne Brun (musée Zadkine), Christophe Leribault (Petit Palais) et Fabrice Hergott (musée d'Art moderne). Ils devront imaginer des évènements que le public découvrira par petits groupes ; une manière plus sereine de vivre et de regarder l'art.

Au-delà de ce plan de soutien, la Ville restera attentive aux évolutions de la situation et à l'impact de cette crise, dont il est probable qu'il pourrait durer plusieurs années. Une attention particulière sera portée à l'accompagnement de la reprise d'activité en moyens de communication et au développement de projets d'éducation artistique et culturelle, et d'actions en direction de la jeunesse, du jeune public, des personnes âgées, des quartiers populaires, ainsi que de l'ensemble du champ social.
La Rédaction


61.Posté par Rose le 20/05/2020 21:51
Bonjour, quest il prévu pour les demandeurs demploi, acteurs culturels au regime general travaillant pour les musees ? Dans un secteur culturel a l arret, où il est impossible de trouver du travail, est il envisagé un gel des droits de ces demandeurs d emploi durant larret de secteur? Nos droits filent, le secteur etait tres precaire, si l activite reprend en septembre, cela correspond a 6 mois de perdu et nous serons pour certains en fin de droits.
Nous sommes pour la plupart niveau master 2 ou un niveau detudes plus eleves en grande difficulté a venir si le secteur ne propose pas d embauche La fragilite du secteur actuellement doit etre prise en compte. La culture est beaucoup associee a l intermittance, mais elle concerne aussi beaucoup de demandeurs demploi au regime general. Merci d aborder enfin ces sujets que je ne vois figurer dans aucune tribune. Car on entend parler du chomage partiel, des intermittants, mais les demandeurs d emploi ne sont pas cites et font l objet d une grande précarité aujourd'hui, puisqu il nya pas d embauche.

Nouveau commentaire :






Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024