La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.

24 heures pour Jean Vilar... Du 11 juillet, 19 h, jusqu'au 12 juillet 19 h !  11/07/2011

La Maison Jean Vilar, avec le soutien de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD), les Auteurs dans l’Espace Public (AEP) proposent 24 h d'hommage au créateur du festival d'Avignon.

Insistera-t-on jamais assez sur la recherche par Jean Vilar de l’Auteur capable d’écrire le théâtre de son époque, sur cette quête insistante et pourtant insatisfaite en direction de ses contemporains, ses appels à la fois désespérés et plein d’humour - l’humour est la politesse du désespoir, on le sait - auprès de Cocteau, Giono, Sartre, Camus ou Ionesco ? Forts de cette vérité, la Maison Jean Vilar a sollicité la réflexion des Auteurs dans l’Espace Public qui ont répondu avec une belle humilité : point d’autres auteurs dans sa Maison que Jean Vilar lui-même ! Ils se reconnaissent en effet dans les valeurs défendues et exprimées par le fondateur du festival d’Avignon, et se proposent de s’emparer de ses textes, 24 heures durant, pour une lecture perpétuelle où les lecteurs se relaieront comme les porteurs de la flamme olympique.

24 heures au cours desquelles on lira du Vilar, encore du Vilar, toujours du Vilar, en faisant appel à toutes les bonnes volontés d’Avignon : au in, au off, au off du off, au out, aux professionnels, aux amateurs, aux apprentis, aux stars, aux starlettes, aux espoirs de la profession comme aux vétérans, aux doyens, aux "has been", aux témoins historiques, aux poilus de 47, aux chevelus de 68, à ceux qui réécrivent l’Histoire comme à ceux qui l’ont faite, aux cas désespérés, aux Avignonnais, aux Provençaux, aux Languedociens, aux Bretons ! À tous enfin : auteurs, comédiens, musiciens, chanteurs, danseurs, ringards, journalistes, spectateurs, garçons de café, employés de mairie, vendeuses en gros ou en détail, ouvreuses, religieuses, travailleurs-travailleuses des remparts, laïcs ou libres penseurs, loueurs abusifs d’appartements sinistres ou de maisons avec piscine, marchands à la Balance et tout raton laveur de la rue des Teinturiers !

Pratiquement, il suffira de prendre date avec l’équipe d’organisation à la Maison Jean Vilar. Chaque lecteur rejoindra ensuite la calade une demi-heure avant sa lecture et tirera un texte au sort. On aura dès lors une vingtaine de minutes pour appréhender son texte et se placer dans les conditions proposées par l’équipe de l’association des Auteurs dans l’Espace Public. Toutes les formes de lecture seront bienvenues, avec ou sans micro, en dansant, jonglant, chantant, mimant ou tout simplement à la table.

Vilar n’avait pas idée du théâtre qui s’est développé, dans les dernières décennies, au cœur de l’espace public, hors les murs. Cet hommage est celui des auteurs des spectacles de rue, relayé par les comédiens, auteurs, spectateurs et tous les lecteurs qui se joindront à eux pour partager un rêve d’insoumission et d’ouverture.

Photo : Jean Vilar © Maison Jean Vilar.
maisonjeanvilar.org
Lire les autres brèves.
La Rédaction

Nouveau commentaire :













À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024