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Trib'Une

Un manifeste pour une nouvelle réforme de l'assurance chômage !

La chronique d'Isa-belle L

"Manifester derrière un écran, c'est écrire noir sur blanc et avec fougue sur son clavier ce qu'il nous est actuellement impossible de crier haut et fort sur les pavés !"



Franck Riester a disparu. Cela ferait un bon titre de roman. Moi qui aime écrire je n'ai pourtant pas pris le bateau telle une "Robinsonne" parcourant les touches du clavier de mon vieil ami prénommé "Asus"… Je n'ai pas embarqué, par manque d'inspiration sûrement.

Pourtant, ce mystère entretenu autour de Riester pourrait en amuser plus d'un et faire valser les mots tous azimuts lors d'une édition de la fête de la musique… sous protection. Franck brille tellement par son absence que cela en devient consternant. Peut-être est-il tout simplement entrain de jongler avec des pots d'échappement dans une de ses concessions automobiles ! Bref ! Franck a disparu laissant son maître Emmanuel enfourcher le tigre et clamer l'éventuel prolongement des droits pour les intermittents du spectacle, jusqu'en août 2021.

Wahou ! Quelle bonne nouvelle ce 6 mai dernier pour les quelque 122 000 artistes et techniciens en panne de contrat depuis le 1er mars. La faute à qui ? À Covid-19. Et ce n'est pas le nom de la bagnole dans laquelle squatte Franck depuis quelques semaines… mais bel et bien ce méchant virus qui est en train de creuser la tombe de nombreuses vies humaines mais dont lui est sorti indemne ou presque ! Car semblent demeurer tout de même quelques séquelles. En tout cas, grâce à ce Covid, notre ministre de la culture a appris qu'il y avait des intermittents du spectacle en France qui trimaient à bien plus de 507 heures chaque année pour bénéficier d'indemnités versées par Pôle Emploi.

Au même titre que sa collègue Muriel Penicaud qui a découvert qu'outre les 122 000 intermittents du spectacle cohabitaient 2 300 000 autres travailleurs intermittents aux contrats dits "déterminés à durée d'usage". Parmi eux : des extras de la restauration, des guides conférenciers, des free lance de l'événementiel, etc.

Muriel n'a pas été touchée par la maladie mais souffre d'un autre mal : celui de l'expression orale. Nous sommes d'ailleurs de nombreux comédiens à proposer - au tarif privilégié… cela va de soi ! - quelques cours de diction accouplés à la relaxation. Notre ministre du travail est certes moins pâlotte que Riester, son pote, mais pour décrypter son discours… outre la formation langue de bois, il faut s'entourer de techniciens disposant de technologies pointues comme la machine à retranscrire une interview au ralenti ! Ah! Ces techniciens… utiles, je vous le dis.

Nos deux compères sont donc informés au moins depuis le 16 mars 2020 que ces travailleurs précaires se voient tomber dans un immense "no job's land"… et qu'aujourd'hui, beaucoup d'entre eux peinent à relever la tête, sourire aux lèvres et épanouis des cadeaux empoisonnés qui leur sont réservés. Admettant que, peut-être parmi ces plus de 2 millions de travailleurs se retrouvant en galère, 4 ou 5 aient leur mère ou père patron de grande entreprise pouvant les aider à coup de billets et autres prêts type société, il n'en demeure pas moins que c'est une très très très infime minorité. Un peu comme des ministres qui se retrouvent nommés à un poste avec de vraies compétences vous voyez ? Le lien ?

En parlant de lien, nous, nombreux plutôt (car la solidarité n'est pas un acte inné) sont les intermittents du spectacle "sauvés" par cette année blanche (dont on attend quand même le décret…) à s'allier à tous ces autres intermittents du travail que l'assurance chômage a oublié et dont la réforme qui s'annonce en septembre risque de massacrer. Nous souhaitons, au même titre que tous ceux sauvés durant la crise et après, que ces 2 300 000 travailleurs - qu'ils soient extra, guides conférenciers, travailleurs pour l'événementiel, etc. - puissent être considérés et que leurs voix soient, enfin, entendus jusqu'à l'Élysée !

Téléchargement du Manifeste ci-dessous >>


Isabelle Lauriou
Jeudi 18 Juin 2020

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
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•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
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•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024