La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"The Servant"… Complètement barré ce Barrett ! - 12/05/2015

La mise en scène de Thierry Harcourt apporte, à la pièce de Robin Maugham, une pertinence et une justesse nouvelles dans les rapports si particuliers entre un propriétaire et son domestique, servis avec beaucoup de vitalité par Maxime d'Aboville et son interprétation dense et inquiétante de toute beauté. Étrange personnage que celui de Barrett (Maxime d'Aboville), domestique engagé par Tony...  

"Bourlinguer"... Jean-Quentin Châtelain, debout, immobile, transmute un éternel retour douloureux en poésie pure - 11/05/2015

L'homme est debout comme fonte en fusion. Jean-Quentin Châtelain, les pieds plantés en terre, la tête dans les étoiles, contemple Naples, cette baie de carte de postale avec son volcan immobile et son pin maritime qui veille sur le tombeau de Virgile*... Il est Blaise Cendrars qui raconte le début de son histoire, celle de sa petite enfance d'où tout commence, d'où tout part. Où il revient à...  

Antigone… Quand Sophocle prend rendez-vous avec le contemporain - 05/05/2015

Dans la mise en scène de Ivo Van Hove, le contemporain fait irruption dans la pièce de Sophocle. Le jeu des comédiens est concis dans la gestuelle et précis dans le verbe avec une Juliette Binoche, dans le rôle d'Antigone, superbe de vérité. Un vent balaie la scène où quelques feuilles d'arbre volent, comme une prémisse au destin qui emportera nos personnages. Antigone (Juliette Binoche) va à la...  

Ancien malade des hôpitaux de Paris... Médecins et malades sous délires et dires ! - 21/04/2015

Dans un seul en scène ayant pour cadre les urgences d'un hôpital, Olivier Saladin incarne une série de personnages hauts en couleur, autour de médecins urgentistes et de malades sous le scalpel de l'humour. Olivier Saladin est seul sur scène. Il interpelle un spectateur lui permettant ainsi dès l'entame du spectacle de créer une relation avec le public ancrant ainsi plus facilement sa fable dans...  

Les utopistes anonymes font briller, comme un lapidaire, le fait des pierres fines et rares - 20/04/2015

Un rideau, trois caisses en bois. Une table. Une humble ampoule éclairée. Cela pourrait être un lieu de nulle part. Une utopie. Un lieu où, d'un commun et tacite accord, un musicien, une comédienne, un poète, réunis en un cercle des anonymes, parlent d'Utopies. Dans le cercle des utopistes anonymes ourdi par Jean-Louis Hourdin, ce lieu de nulle part voit se réaliser la proposition d'un hasard...  

"Orlando"... Un théâtre manifeste, lieu de toutes les tragédies et de toutes les dérisions - 12/04/2015

Dans "Orlando" d'Olivier Py, il y a la mère, grande comédienne, qui entre en scène nerveuse mêlant vie exacerbée quotidienne et répliques phrasées et paraphrasées. Il y a le fils, en quête de père, en quête d'identité, qui veut inscrire ses pas de jeune poète dans le grand œuvre du Théâââtre et vit une vie d'artiste pauvre, insouciante et amoureuse avec son amante et son amant. Il y a le père, à...  

"Animal(s)"... Lien entre vaudeville, burlesques du cinéma muet et branquignols - 09/04/2015

En mettant en scène deux courtes pièces d'Eugène Labiche, "La Dame au petit chien" et "Un Mouton à l'entresol", Jean Boillot fait coup double. D'une part il fait (encore) découvrir un auteur pourtant célèbre... Et finalement peu connu parce que son œuvre est d'une certaine manière trop prolifique. D'autre part, il donne un spectacle qui, sans excès de langage, est véritablement jubilatoire....  

"Argent, dette et music-hall !"… Des coulisses à la scène sans en avoir l'air... ni l'argent ! - 26/03/2015

Autour de chansons des années trente et du thème de l'argent, le monde du music-hall est présenté sous ses deux aspects, côté coulisses et côté scène, dans une mise en scène enjouée où les chansons finissent par occulter la crise et ses problèmes financiers. Quatre interprètes (dont un pianiste) investissent l'espace de jeu sur lequel la scénographie laisse apparaître des coulisses et une scène....  

Une réflexion profonde, universelle sur la quête de l'identité… Sur la conquête des illusions réparatrices - 24/03/2015

Un homme disparaît et sa fille, vingt ans après, peine à le retrouver... Sur cet argument, le collectif Les Sans Cou bâtit un spectacle ambitieux qui porte un titre énigmatique, "Idem"*, dont l'écriture scénique, tout en chassés croisés, s'appuie sur un art consommé de l'improvisation. "Idem" brasse les situations et, par les changements de lieux et de temps, fait palpiter le récit dans un...  

"Toujours la tempête"... Une passionnante épopée où le récit familial rencontre le mythe - 19/03/2015

Peter Handke donne à partager une histoire pleine d'émotion palpitante et belle et triste. Celle d'une famille déchirée, isolée dans une région oubliée de l'Histoire, martyrisée par la poussée des empires qui la jouxte. Celle de la Carinthie autrichienne, étranglée durant la Deuxième Guerre mondiale entre nazis et partisans, entre allemands et yougoslaves… Si le sujet est aride, l'écriture de...  
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À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024