La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Les Onze Mille Verges, conte merveilleux et licencieux... à bien des égards moral ! - 20/04/2012

Écrit en 1907 (alors qu'il a 27 ans), publié en 1970 (par Régine Desforges), présenté pour la première fois sur scène en 2012 par Godefroy Ségal, le texte de Guillaume Apollinaire, "Les Onze Mille Verges", a une réputation sulfureuse. Il est vrai que le récit de la vie sexuelle du prince roumain Vibescu est sans équivoque. Le vocabulaire tout autant (vous avez dit vit baise cul ?). "Les Onze...  

Gainsbourg entre dans la danse avec la compagnie Octavio de la Roza - 05/04/2012

Repéré à dix-huit ans par Maurice Béjart, Octavio de la Roza, jeune danseur chorégraphe, vole aujourd'hui de ses propres ailes. En septembre 2011, il rend hommage pour la première fois à celui qu'il admire sans jamais avoir pu le rencontrer avec un ballet justement intitulé "Voulez-vous danser Gainsbourg ?". Après avoir séduit la critique au festival Off d'Avignon cette même année, la compagnie...  

Une grande clameur, comme une pulsation... un théâtre du réel - 02/04/2012

En 1992, la manufacture de tabacs de Pantin était dynamitée et, d’une certaine manière, avec elle partait en fumée tout une mythologie ouvrière qui anima la politique, la littérature et le cinéma. Dans "La Grande clameur", Jean-Louis Heckel décrit la journée particulière d’un ouvrier retraité de 68 ans, François Colonge. C’est le jour de la démolition de cette ancienne usine, son usine de...  

Étrangeté comique de l’aliénation et de la vulnérabilité commune - 22/03/2012

Deux femmes, deux hommes. Un léger excès de théâtralité un peu mécanique signale de leur part un léger dérèglement comme un petit grain. Ils sont observés. Ils cherchent à nouer des liens à l’écart en s’installant à une table de jardin. Deux chaises. La sociabilité est offerte à qui s’assoit. La découverte de l’autre aussi. Leurs habits bon marché sont soignés. En apparence, ils sont gens...  

Un clown, sur le fil comme il se doit, au bord du sentiment tragique… - 17/03/2012

Gérard Noiriel et Marcel Bozonnet, président de la Société d’Histoire du Théâtre, évoquent la figure de Rafael Padilla alias Chocolat. Ce premier artiste de cirque noir apparaît et disparait à une période clé de l’histoire française. Entre la défaite de 1870 et la victoire de 1918. Avec, en arrière plan, l’affaire Dreyfus et l’exposition universelle de 1889, l’apparition du cinéma et de...  

Un ciel étoilé d’astéroïdes célibataires aux collisions improbables - 16/03/2012

Les Papotins ? Les papotins ne sont pas potins pour deux sous. L’art de la conversation, ce n’est pas par eux que ça se passe, ni pour eux. Eux, ils se taisent vite. Et quand ils parlent, c’est plutôt l’art du court-circuit qu’ils pratiquent : l’art de la question, de la question directe, récidivante. Sur scène, ils sont quatre. Quatre personnages ordinaires issus du journal Le Papotin* et que...  

Une comédie de l'erreur... Comme un conte de fées ! - 15/03/2012

Dans le roi Cymbeline, William Shakespeare raconte en deux mouvements la séparation de deux amants puis leur réunion. Il est banni. Elle lui reste fidèle. Il croit aux preuves de son infidélité. La pièce, dont l’action se situe lors d’une conquête de la Bretagne par un empire romain de fantaisie, est un tissu de péripéties brodées de traîtres, de marâtres, d’imbéciles influents, de brutes...  

"Le Panthéon de l’histoire"*... laboratoire de notre modernité ! - 14/03/2012

Un grand moment de théâtre samedi à la MC 93. La pièce "La Mort de Danton" de Georg Büchner, grand dramaturge allemand du début du XIXe siècle, nous parle encore en 2012, par son propos et sa modernité. Ce "théâtre de l’histoire", comme l’appelle son metteur en scène Georges Lavaudant, est tout simplement le laboratoire de notre modernité. Avec une grande efficacité. C’est bien la mission du...  

À la recherche d’un panda en peluche jeté du haut d’un pont… - 12/03/2012

Sandra personnage créé par Marie Nimier pour sa pièce "La Confusion" a la mémoire fragmentée et sa vie est pour elle-même une énigme. À décrypter. Vue par Karelle Prugnaud (qui met en scène), Sandra est une femme poupée, femme enfant, brisée, lovée dans un carré qui déborde de peluches. Plongée dans un excès esthétique, elle est Princesse de conte de fée d’un monde surkitsché non dénué de...  

Quand Caravaggio nous est conté… la beauté fait rage ! - 09/01/2017

Lorsqu'une pièce rencontre son public, on a la chance de la voir reprise et prolongée. C’est le cas de "Moi, Caravage", une des réussites d’Avignon 2010, écrite et en partie interprétée par Cesare Capitani, dans le rôle-titre du célèbre peintre italien Michelangelo Merisi da Caravaggio (dit Caravage). A priori, la pièce n’avait pas tous les ingrédients pour soulever un tel enthousiasme. Ni décor,...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024