La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Paroles & Musique

"The Rocky Horror Show" Comédie musicale culte et débridée !

Comédie musicale des années soixante-dix, devenue culte grâce à son adaptation cinématographique, "The Rocky Horror Show" nous plonge dans le monde des séries B d'épouvante par le biais de l'humour avec ses monstres d'horreur et une approche de la sexualité débridée.



© The Rocky Horror Show Production.
© The Rocky Horror Show Production.
Le rideau se lève sur un grand espace luisant baigné de lumières où se détachent une voiture et un château en fond de scène. L'histoire débute avec Janet Weiss (Haley Flaherty) et Brad Majors (Richard Meek), tous les deux étudiants, qui roulent dans une forêt. Après une crevaison, ils sonnent à la porte de ce château, tout en ignorant qu'il est hanté, afin d'avoir de l'aide.

"The Rocky Horror Show" est une célèbre comédie musicale, créée par Richard O'Brien en 1973, et rendant hommage aux séries B d'épouvante. Son adaptation cinématographique en 1975 est devenue culte au fil du temps. Même encore aujourd'hui, près de 40 ans après sa première projection, elle est programmée dans des salles de cinéma à travers le monde.

C'est un spectacle rayonnant d'énergie avec, pour chacun des interprètes, un jeu très physique et ample. Seuls Janet et Brad sont dans un rapport au corps et à l'autre mesurés, même si leur gestuelle reste très marquée autant au tronc, aux membres supérieurs qu'au visage. Les émotions sont aussi bien jouées que mimées avec des expressions ressemblant à des émoticônes.

© The Rocky Horror Show Production.
© The Rocky Horror Show Production.
Les voix sont utilisées autant pour leur puissance sonore dans les scènes de jeu que pour leur lyrisme dans les chants. Celles-ci sont aigües, parfois graves, souvent caricaturées ajoutant ainsi un timbre étrange d'épouvante au spectacle.

Le corps est, lui aussi, mis à forte contribution. Il est pour chaque protagoniste, à l'exception de Janet et Brad, un marqueur de présence afin de délimiter un espace d'expressivité où s'engage toute leur puissance physique et vocale. Tout est affaire de rapport de force. Pour nos deux étudiants, cette expressivité est plus statique. Ils sont très théâtraux dans leurs expressions faciales, avec un tonus bien moindre que pour leurs partenaires, dans les coups de menton. Ils incarnent en effet l'amour avec son côté tendre, naïf, poussé aux extrêmes, comme deux grands enfants qui, avec leurs yeux égarés, ne se rendent pas compte où ils sont tombés, assurant le comique de situation.

Tout est caricatural. On n'en attendait pas moins puisque chaque protagoniste n'est en rien une image fidèle du quidam de la rue. Ce qui est intéressant à voir est, pour Brad et Janet, un rapport homme-femme des plus datés, l'époque de création s'y prêtant ; et une vision de l'amour très romantique, même si Janet se défait de son béguin pour Brad en tombant amoureuse de Rocky (Ben Westhead).

© The Rocky Horror Show Production.
© The Rocky Horror Show Production.
La comédie musicale nous plonge dans une Amérique des plus blanches, oubliant ses origines, avec Brad, sympathique, propre sur lui, bien coiffé et bien habillé et qui essaie d'incarner une virilité qui le dépasse quand le monstre d'épouvante, Franck N'Furter (Stephen Webb), l'habite de son côté fortement en y ajoutant une sexualité débridée et en revendiquant une transsexualité assumée. Le sexe est appréhendé dans un aspect comique, tous les éléments et caractères étant vus au travers de ce filtre.

Soit monstre lugubre, soit transsexuel, soit amoureux transi de romantisme, nos personnages n'ont rien de commun et se découpent en quatre champs psychologiques qui recouvrent respectivement une libido insatiable incarnée par Franck N'Furter, la résignation avec Janet et Brad de bout en bout des situations jusqu'à évoluer dans le giron de nos monstres en s'intégrant à eux, le surmoi avec le Dr Scott (Joe Allen) dans son aspect moral et professoral, et le narcissisme avec Rocky. Création laborantine, celui-ci représente la beauté et les muscles, sans la force et le courage dont il ne montre aucun attribut. L'intelligence ne s'est pas arrêtée non plus chez notre personnage, victime d'une course au narcissisme dans ses travers.

© The Rocky Horror Show Production.
© The Rocky Horror Show Production.
Grand soin est apporté aux chants, à la mise en scène, aux décors, mais la danse reste l'enfant pauvre du spectacle. Les chorégraphies s'enchaînent au gré des scènes, laissant la vedette aux chansons, avec toutefois un jeu de claquettes effectué par Columbia (Darcy Finden) qui permet une rupture de jeu intéressante. La création n'a pas pris une ride et le comique est une planche de salut où les excès des années soixante-dix sont mis en lumière.

"The Rocky Horror Show"

© The Rocky Horror Show Production.
© The Rocky Horror Show Production.
En version originale anglaise surtitré en français.
Auteur et compositeur : Richard O'Brien.
Metteur en scène : Christopher Luscombe.
Avec : Haley Flaherty, Stephen Webb, Richard Meek, Darcy Finden, Kristian Lavercombe, Suzie McAdam, Ben Westhead, Fionán O'Carroll, Stefania Du Toit, Ryan Carter Wilson, Tyla Dee Nurden, Alex Morgan, Joe Allen, Reece Budin, Beth Woodcook.
Directeur : Christopher Luscombe.
Directeur d'orchestre : Andy Barnwell.
Scénographe : Hugh Durrant.
Concepteur lumières : Nick Richings.
Concepteur sonore : Gareth Owen.
Concepteur sonore adjoint : Russell Godwin.
Costumes : Sue Blane.
Chorégraphe : Nathan M Wright.
Arrangements musicaux : Richard Hartley.
Superviseur musicaux : Greg Arrowsmith.
Directeur musical : Charlie Ingles.
Concepteur adjoint de costumes : Christopher Porter.
Superviseur, perruques et maquillage : Darren Ware.

© The Rocky Horror Show Production.
© The Rocky Horror Show Production.
Responsable de production : Simon Gooding & Matt Jones For Gjpm
Directeur général : Jeffrey Brady
Chorégraphe associé et directeur résident : Andrew Ahern.
Durée : 2 h avec entracte.

Du 27 février au 21 avril 2024.
Du mardi au vendredi à 20 h 30, samedi à 16 h et 20 h 30, dimanche à 16 h.
Lido 2, Paris 8e, 01 53 33 45 50.
>> lido2paris.com/fr

Safidin Alouache
Vendredi 8 Mars 2024

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter




Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024