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Concerts

Splendeurs baroques au festival Sinfonia en Périgord

Pour sa 28e édition, Sinfonia, le festival sis à Périgueux et sa région, propose du 25 août au 1er septembre 2018 une série d'événements enchanteurs et en chantant. L'occasion de (re)découvrir les splendeurs révélées des riches répertoires de la Renaissance, du siècle de Louis XIV et des Lumières, de la Flandre à la Méditerranée.



© DR.
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Succès grandissant et mérité pour le festival baroque que dirige l'infatigable David Théodorides et que préside Frédérique Weber, sans oublier les nombreux bénévoles sans lesquels un festival ne pourrait exister. Un succès dû à une programmation soigneusement pensée pour réjouir et enrichir le public mais aussi pour valoriser des répertoires divers et passionnants, défendus par les meilleurs artistes - célèbres ou en passe de le devenir.

Ceux-ci et ceux-là voient de surcroît leur charme exhaussé par le superbe patrimoine périgourdin - Périgueux et la douzaine de communes des environs offrant le cadre de leurs églises, de l'abbaye de Chancelade et de leurs paysages charmants aux muses.

Sinfonia a par ailleurs décidé d'ouvrir et de clore le festival en majesté par des spectacles de prestige. C'est aux temps de la prise de pouvoir du jeune Louis XIV que nous convient Sébastien Daucé et son ensemble Correspondances pour un "Concert Royal de la Nuit", un spectacle en plein air donné dans le Parc Gamenson de Périgueux le 25 août, avec la collaboration du videodesigner Étienne Guiol.

Ensemble Correspondances © DR.
Ensemble Correspondances © DR.
À un ballet célèbre donné en 1653, le "Ballet Royal de la Nuit", allégorie où apparut pour la première fois le Roi Soleil (en danseur), Sébastien Daucé a adjoint des scènes d'opéras italiens en vogue au XVIIe siècle - outre la reconstitution brillante de la partition du ballet. Une reconstitution à ne pas rater.

Pour clore la manifestation, l'ensemble Les Ambassadeurs et son chef Alexis Kossenko offriront, quant à eux, l'irrésistible "Cosi fan Tutte", ce chassé-croisé amoureux plein d'esprit, fruit de la seconde collaboration du librettiste Da Ponte et de Mozart ; un opéra en version de concert donné à Boulazac.

En attendant cet événement, de belles retrouvailles attendent le festivalier avec les "Folias et Canarios", ces danses populaires ibères que feront revivre Jordi Savall et son ensemble Hesperion XXI. Pas en reste, la compagnie en résidence au festival Sinfonia, La Tempête, fondée par Simon-Pierre Bestion, fera résonner l'abbaye de Chancelade avec deux oratorios d'Heinrich Schütz et J. H. Schein. C'est au chanteur libanais Georges Abdallah, spécialiste de la tradition byzantine, qu'il reviendra de chanter le rôle de l’Évangéliste.

Ensemble Les Masques © David Samyn.
Ensemble Les Masques © David Samyn.
D'autres rendez-vous incontournables se succéderont avec le concert d'Arsys Bourgogne, fondé par le grand Pierre Cao et dirigé depuis 2015 par Mihàly Zeke ; le chœur sera exceptionnellement rejoint par l'Ensemble Pulcinella de la violoncelliste Ophélie Gaillard pour un programme consacré à Carl Philipp Bach, si admiré des musiciens de son temps.

L'Ensemble Pulcinella approfondira dans un autre concert les liens de "La dynastie Bach". On ne saurait non plus manquer celui du bien nommé Banquet Céleste, avec la soprano Céline Scheen et le contreténor Damien Guillon, pour une excursion sur des terres allemandes et italiennes (avec Pergolèse, Vivaldi, J. S. Bach).

Les suites et ouvertures de la famille Bach seront par ailleurs à découvrir en formation orchestrale avec l'Ensemble Les Masques. L'ensemble La Rêveuse (fondé par Benjamin Perrot et Florence Bolton) et le ténor Zachary Wilder nous emmèneront, quant à eux, sur des terres anglaises (de J. Dowland à H. Purcell, via le subtil Henry Lawes), alors que le Taylor Consort emmené par le claveciniste Justin Taylor défendra un programme des "goûts réunis" avec les sonates de J. F. Dandrieu, H. Purcell, A. Corelli et A. Vivaldi - entre autres belles après-midis et soirées au programme.

Orchestre Les Surprises © Ludo Leleu.
Orchestre Les Surprises © Ludo Leleu.
Pour le volet "Création 2018" de Sinfonia, on ne saura choisir entre le concert de l'ensemble Les Ombres (fondé par Margaux Blanchard et Sylvain Sartre) qui tendra un pont entre les œuvres de François Couperin et une nouvelle pièce du compositeur Gérard Pesson et la recréation d'"Issé" de A. C. Destouches (sous-titré " l'opéra du mousquetaire"), donné au Trianon devant le Roi Soleil. Ce sera le privilège de l'ensemble Les Surprises (fondé par Louis-Noël Bestion de Camboulas), dont l'exhumation remarquable d'un autre opéra du compositeur baroque, "Les Éléments" (avec Delalande), est encore dans toutes les mémoires.

Enfin six solistes et ensembles ont été choisis pour faire connaître leurs "Jeunes Talents" au public. Un seul parmi eux aura le privilège de revenir au festival en 2019 grâce aux votes du public. D'ailleurs, en cette 28e édition - au programme décidément somptueux -, les "Jeunes Talents" élus l'an dernier reviennent pour rendre hommage à "Monsieur de Sainte-Colombe, le majestueux". Celui dont le disciple fut Marin-Marais a en effet été choisi comme fil rouge de son concert par le Comet Musicke Ensemble, le lauréat 2017.

© DR.
© DR.
Du 25 août au 1er septembre 2018.
Sinfonia 28e festival baroque
CLAP (Culture Loisirs Animations Périgueux),
11, place du Coderc, Périgueux (24).
Tél. : 05 53 08 69 81.
contact@clap-perigueux.com
>> Programme complet et réservations

Christine Ducq
Mardi 7 Août 2018

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

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© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

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C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

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Brigitte Corrigou
08/09/2023
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La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

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Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
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Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

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"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

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Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

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