La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Trib'Une

"Si, Emma si, si Emma si, Emma si tu voyais ta vie…"

La chronique d'Isa-belle L

Moi qui pensais voir Metallica dans la salle, j'ai, en fait, passé un moment avec Charles et un certain François Truffaut, il a été question de Chabrol puis d'Emma, évidemment. Moi qui aime plutôt le métal, j'ai entendu de l'électro. Mais il y avait Cendre Chassanne. Quel beau prénom ! Très répandu au XIXe… j'ai vu. "Bovary", si je résume, ça donne ça. Ce sera moins joli que ce que Cendre dit, mais je suis plus jeune aussi. J'ai 15 ans, je suis élève en Seconde, à Paris.



© Édouard Alanio.
© Édouard Alanio.
Emma, elle ne se marre pas beaucoup dans la vie. Elle est jeune mais ne vit rien de spécialement fun ! Elle est maquée avec un type sur lequel elle a craqué mais son cœur n'est plus très emballé. Non pas qu'il n'assure pas le gars. Loin de là. Il est plutôt attentionné et sympa. Il est plus âgé qu'Emma et a une bonne situation. Il est médecin.

Emma, ne travaille pas. D'ailleurs pourquoi ?

Emma s'est marié, un peu jeune, et avait des rêves plein la tête.
Elle a dévoré des tas de romans et d'histoires d'amour alors qu'elle était au couvent.
Prince charmant, château, cheval et toute une vie mondaine. Théâtre, balades, passion, rencontres et amour inconditionnel.

Elle a fantasmé un bout de cette vie-là ! Mais avec Charles - son mari -, ce n'est pas tout à fait ça et malgré sa gentillesse, son boulot honorable, Emma songe à quelques escapades.
Charles ronfle, ça l'agace. Quand on aime, on s'en moque bien mais il faut qu'il y ait tout le reste, là ! Avec Charles, c'est le vide, le rien.

© Édouard Alanio.
© Édouard Alanio.
Charles ronfle et Emma ne l'aime pas, donc ça la gonfle. Elle le fuit, elle court de lit en lit et, des ragots sur sa double vie, Emma s'en fiche bien.

Son mec est médecin mais n'assure pas toujours et, de cela, Emma, ne s'en remet pas.
Elle court encore Emma, toujours, elle court après l'amour mais l'amour ne lui sourit pas.
Pourtant elle y croit. Lui ? Oh ! Oui… il a des cheveux bien coupés, des ongles bien taillés, elle a envie de l'aimer.

Mais ce ne sera pas lui, cet idéal, l'idée du mâle dans son esprit.
Emma est maman, elle devrait pouvoir se consoler mais elle le trouve laid son gosse ! Et elle le dit ouvertement.

Charles est gentil, voire un peu nigaud comme on dit ! il s'en occupera bien de la gamine.
Mais de sa gosse, Emma s'en moque. Elle, elle veut du baiser, des corps enlacés dans les prés, elle tombe sur Rodolphe ! Comme tout paradis artificiel, les premiers effets sont tonitruants. Ils s'aiment passionnément. Et puis… l'ennui, d'elle, lui n'en veut plus. Alors sans elle, il s'enfuit.

Et là, gros bordel ! Emma déprime, dort 43 jours, quand elle se réveille celui qu'elle voit, elle ne l'aime pas. L'homme qu'elle s'est inventé dans ses rêves de gamine, elle ne le connaîtra pas.

Emma est fatiguée et son enfant ne l'a pas non plus sauvée.

Emma souffre, Emma est affamée d'amour mais son corps est fragilisé et son mental bien trop perturbé. Alors, Emma veut mourir. Elle va se suicider en avalant de l'arsenic, elle ne voulait pas se louper. Sinon, elle n'aurait bouffé que trois antibiotiques.

Emma, ça pourrait être tellement d'autres à la fois.

Chabrol n'est pas Truffaut, Truffaut n'est pas Chabrol, peut-être, mais à la fois, je suis un peu jeune. Je ne les connais pas trop. En revanche, si à Jean Rochefort on avait préféré Cendre Chassanne pour donner à ma génération une version chic de "Madame Bovary" sur le réseau social, j'aurais, comme avec Cendre Chassanne ce soir, Maison des Métallos, été en fusion totale ! Pour revenir au métal… (rires).

"Bovary, les films sont plus harmonieux que la vie"

D’après "Madame Bovary" de Gustave Flaubert.
Texte, mise en scène et jeu : Cendre Chassanne.
Co-mise en scène et jeu à l’écran : Pauline Gillet Chassanne.
Création lumière : Sébastien Choriol.
Régie lumière : Pierre-Yves Boutrand.
Création et régie son : Édouard Alanio.
Vidéo : Octave Paute.
Costumes : Pauline Gillet Chassanne, Marie-Sol Camus.
Texte publié aux éditions Rhubarbe.
Durée : 1 h 10.
Compagnie Barbès 35.

Tournée :
24 novembre 2017 : Auditorium Jean Cocteau (en partenariat avec La Ferme du Buisson, Scène nationale de Marne-La-Vallée), Noisiel (77).
28 novembre 2017 : Théâtre des Pénitents, Montbrison (42).
14 décembre 2017 : La Ferme des Jeux, Vaux-Le-Pénil (77).
18 janvier 2018 : La Nef, Wissembourg (67).
25 janvier 2018 : Théâtre de Thouars, Thouars (79).
11 février 2018 : Act'Art - Scènes Rurales, Beton-Bazoches (77).
15 et 16 février 2018 : Théâtre des Halles, Avignon (84).
23 mars 2018 : Théâtre André Malraux, Chevilly-Larue (94).

Isabelle Lauriou
Mercredi 20 Septembre 2017

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter




Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024