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Lyrique

Recréer "Carmen", le défi de l'Orchestre National de Lille

La première édition des "Nuits d'été de l'Orchestre National de Lille" s'ouvrira en fanfare le 9 juillet avec le chef-d'œuvre de Bizet revu par le chef Alexandre Bloch. Avec une mise en espace due à l'illustrateur Grégoire Pont, un récitant et une équipe de chanteurs très attendue, cette "Carmen" crée l'événement.



© DR.
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Grâce au soutien de la Métropole Européenne de Lille et d'un important mécène, la première édition des "Nuits d'été" va créer l'événement à l'Auditorium du Nouveau Siècle. Le directeur musical de l'Orchestre National de Lille depuis 2016, Alexandre Bloch, rêvait depuis toujours de diriger l'opéra-comique de Bizet, chef-d'œuvre populaire peut-être le plus donné au monde.

Ce rêve va devenir réalité en ce début de juillet grâce à un projet original pensé pour nous offrir une nouvelle "Carmen". Une proposition qui entend redonner à l'orchestre symphonique son rôle primordial (de personnage à part entière) en le plaçant au centre de la scène dans une mise en espace inventive offrant au spectateur une véritable immersion lyrique. Il ne s'agit pas moins que de (re)trouver la belle cigarière sous les regards croisés de Mérimée et de Bizet.

Investissant tout l'espace de l'Auditorium, l'animateur et illustrateur Grégoire Pont créera le décor et prendra le relais lors des passages d'actions qui ne seront pas mis en scène. Ses créations lumineuses feront aussi le lien entre les parties composées par Bizet - les récitatifs écrits par Ernest Guiraud après la mort de Bizet ayant été écartés dans cette nouvelle version.

Vrai chœur commentant l'action, un récitant (l'humoriste Alex Vizorek) interviendra aussi entre les scènes de l'opéra pour décrire les personnages, raconter l'histoire ou livrer ses réflexions à la manière de Mérimée, l'auteur de la nouvelle ayant inspiré Bizet et ses librettistes Meilhac et Halévy. Avec cette nouvelle expérience musicale, l'idée est aussi de focaliser l'attention du public et des artistes sur les prestiges de la musique de cette superbe partition d'opéra.

Outre le talent de l'orchestre lillois, on pourra compter sur une distribution des plus excitante. Dix chanteurs, issus de la crème de la jeune génération lyrique, ont été choisis pour participer à ce beau projet. On retrouvera avec bonheur la mezzo Aude Extrémo dans le rôle titre, accompagnée du Don José du ténor canadien Antoine Bélanger et de l'Escamillo de Florian Sempey. Un cast de haut-vol complété par Layla Claire (Micaëla), Pauline Texier (Frasquita), Adélaïde Rouyer (Mercédès), Jérôme Boutillier (Le Dancaïre), Antoine Chenuet (Le Remendado), Bertrand Duby (Zuniga ) et Philippe-Nicolas Martin (Moralès).

Aude Extrémo © Christine Ledroit-Perrin.
Aude Extrémo © Christine Ledroit-Perrin.
Sous la baguette d'Alexandre Bloch, ils feront merveille avec le Chœur de l'Opéra de Lille et le Chœur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal. Un accueil en musique est également prévu pour les trois représentations sur le parvis du Nouveau Siècle à partir de 18 h 30.

9, 11 et 12 juillet 2019 à 20 h.
Auditorium du Nouveau Siècle.
17, place Pierre Mendès, Lille (59).
Tél. : 03 20 12 82 40.
>> onlille.com

"Carmen" (1875).
Opéra-comique en quatre actes.
Musique de Georges Bizet.
Livret en français de Meilhac et Halévy.
Version semi-scénique.
Durée : 2 h 40 avec un entracte.

Christine Ducq
Jeudi 4 Juillet 2019

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"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
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Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
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Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
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© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

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