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Concerts

On flâne, on rit à Reims et c’est en musique !

Pour sa 24e édition et depuis le 20 juin, le festival rémois "Les Flâneries Musicales" nous invite à profiter d’un programme pétillant. Du baroque à la musique contemporaine, tous les répertoires sont au rendez-vous jusqu‘au 12 juillet.



Pique-nique dans le Parc de Champagne © Axel Cœuret.
Pique-nique dans le Parc de Champagne © Axel Cœuret.
Eh non, mes amis... On ne goûte pas que le champagne à Reims ! Plus de cinquante concerts - dont certains sont gratuits - sont proposés en ce moment dans la belle cité des sacres. En toute convivialité et dans divers sites prestigieux (mais aussi en plein air), l’esprit des "Flâneries Musicales" continue de souffler à la conquête d’un public toujours plus large. À l’heure où certains décident de diffuser de la musique classique pour écarter le péril jeune en ville, d’autres travaillent à populariser de grands compositeurs connus ou pas, de grands interprètes et des jeunes pousses prometteuses, avec plusieurs rendez-vous par jour ! À Reims, le nouveau directeur artistique du festival, le pianiste Jean-Philippe Collard - originaire de la région - poursuit et développe le grand œuvre débuté il y a plus de vingt ans. Cette année est initié d’ailleurs un cycle "Débuts" pour faire connaître de jeunes musiciens remarquables.

Et, pour cette nouvelle édition, de multiples concerts et activités promeuvent la musique française et chorale, avec en particulier un hommage rendu à Francis Poulenc. En deux concerts, le festival commémore ainsi sa disparition survenue cinquante ans auparavant. Le 7 juillet, c’est au pianiste Gabriel Tacchino que reviendra cet honneur. Mais attention ! À Reims, on n’a pas oublié de fêter le centenaire du "Sacre du Printemps" non plus ! Pas moins de trois versions concerts de la création d’Igor Stravinski ont été choisies. Le 10 juillet, le public aura le bonheur d’écouter la partition originale symphonique avec l’orchestre Les Siècles conduit par son chef François-Xavier Roth.

Orchestre de Lorraine dans la Basilique Saint-Rémi © Axel Cœuret.
Orchestre de Lorraine dans la Basilique Saint-Rémi © Axel Cœuret.
Quelques moments forts à venir encore, avec la possibilité de voyager au-delà du continent : des spirituals, du jazz vocal avec les King’s Singers vendredi 5 juillet et, deux jours plus tard, José Luis Barreto et son orchestre pour tanguer voluptueusement au son du tango argentin, entre nombreuses autres propositions alléchantes ! Le clou du festival... serait-ce cette superbe affiche le 12 juillet où la délicieuse Sandrine Piau se joint au chœur Accentus, mené par Laurence Equilbey, pour un "Requiem" attendu de Mozart ? À moins que le plaisir ne culmine avec le traditionnel pique-nique géant musical du 20 juillet dans le Parc de Champagne rémois avec l’Orchestre National de Lorraine ? Allez on se bouge, ris... et flâneries au programme !

Jusqu'au 12 juillet 2013 + 20 juillet 2013.
Les Flâneries Musicales de Reims.
Renseignements : 03 26 36 78 00.
Programme complet : >> flaneriesreims.com
Réservations : 0 892 68 36 22.

Christine Ducq
Jeudi 4 Juillet 2013

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À découvrir

"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

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C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

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La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023