La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Avignon 2021

•Off 2021• Bagarre Jeu de poings, jeux de gamins, jeu de pignes, jeux de gamines

La bagarre, c'est pas grave. La bagarre, c'est un jeu. On la décide sur un coup de tête. On s'attrape, on se tape, on se fait tomber. On prend des gnons et on en donne. On se fait écraser, on s'extirpe, on se libère, on gagne, on perd. C'est comme ça dans les cours d'école depuis des lustres. On ne sait pas vraiment comment ça commence. On ne sait jamais comment ça finit. Mais qu'est-ce que c'est que cette chose ? Un jeu ?



© Delphine Perrin.
© Delphine Perrin.
Seule en scène, Tamaïti Torlasco se plonge avec une énergie très juste dans le personnage d'une petite fille surnommée Mouche à cause de sa petite taille et de ses lunettes. C'est elle, Mouche, qui va nous raconter sa vie, sa famille et sa découverte de la bagarre. Sa vie, elle se déroule entre l'école et le toit de l'immeuble où est dressée la tente où elle habite. Pas parce qu'elle est SDF, non, parce que c'est particulier et que c'est comme ça.

Sa famille, elle aussi est particulière. Il y a son frère, Titus, plus grand qu'elle et garçon, en plus. Et puis sa tante, toute ridée comme une pomme de fin de saison, assise dans son fauteuil roulant. Le soir, tous les trois, sous le ciel, comptent les oiseaux, les avions et les mouches. Et puis, un jour, le frère rapporte un sac de frappe et la tante lui donne une paire de gants de boxe tout rouge. Alors, dans la vie de Mouche, va s'ouvrir une porte interdite : celle de la bagarre.

Évidemment, la bagarre, c'est plutôt pour les garçons. C'est plutôt pas pour les gringalettes porteuses de lunettes. Mais c'est sans compter sur la tante un peu magique, un peu sorcière, qui va lui donner l'espoir et les clefs d'un entrainement implacable pour rentrer dans l'arène de la cour d'école et de la bagarre qui s'y déroule toujours à un moment ou à un autre.

© Seb Pasquier.
© Seb Pasquier.
Il y a un peu de conte dans ce spectacle. Le texte de Karin Serres puise autant dans la fantaisie que dans la réalité. Tendu toute la première partie qui relate la découverte que Mouche fait de l'entrainement à la boxe, il perd un peu de sa force par la suite comme si le propos hésitait à raconter d'autres thèmes. Mais quelle bonne idée de rendre compte que, dès l'école primaire, les rôles masculins féminins ont déjà dressé les murs parmi les enfants ! Mouche doit se battre contre son frère pour pouvoir s'entrainer avec le sac de frappe et savourer la "Bagarre" dans la cour. Passage, rite initiatique, opportunités nouvelles émaillent le fond de ce spectacle qui reste pourtant très léger, ludique et drôle.

Après avoir créé deux spectacles sur le fond sombre de l'actualité, Annabelle Sergent a demandé à Karin Serres un texte sur ce thème moins dramatique. "Waynak - t'es où ?", en arabe, inspiré de paroles d'enfants d'ici et de là-bas, touchait du doigt notre monde qui n'en finit pas de muter. "Shell Shock" était un spectacle en prise avec le réel des conflits en Irak de 2003. Avec "Bagarre", elle s'adresse à un public plus jeune, pour un propos plus simple, plus générique, mais qui est soutenu dans le fond par la véritable problématique de la sexualisation de l'éducation.

Vu le 14 avril 2021 au Festival "petits et GRANDS"de Nantes, dans le cadre d'une représentation réservée aux professionnels.

"Bagarre" + "Titus"

Écriture : Karin Serres.
Conception et mise en scène : Annabelle Sergent.
Collaboration artistique : Christophe Gravouil.
Avec : Tamaïti Torlasco (Bagarre) et Christophe Gravouil (Titus).
Création lumière : François Poppe.
Création sonore : Oolithe [Régis Raimbault et Jeannick Launay].
Regard chorégraphique : Bastien Lefèvre.
Regard scénographique : Olivier Droux.
Conseiller technique à la scénographie : Pierre Airault.
Costumes : Anne Claire Ricordeau.
Régie générale : Régis Raimbault.
Tout public à partir de 6 ans.
Durée : 40 minutes pour "Bagarre" et 18 minutes pour "Titus".
Par la Compagnie Loba. >> cieloba.org

•Avignon Off 2021•
Du 7 au 28 juillet 2021.
Tous les jours à 15 h 40, relâche les 12, 19 et 26 juillet.
Le Nouveau Grenier
(anciennement Collège de la Salle, près de la place Pasteur)
9, rue Notre-Dame des 7 douleurs, Avignon.
Réservations : 04 28 70 05 10.

Tournée

1er octobre 2021 : Saison culturelle "Ici Ou Là", Indre (44).
Du 8 au 10 octobre 2021 : Le THV, Saint-Barthélemy-d'Anjou (49).
14 et 15 octobre 2021 : L'Entracte - Scène conventionnée, Sablé-sur-Sarthe (72).
17 et 18 octobre 2021 : Festival Méli'Môme, Reims (51).
21 et 22 octobre 2021 : Le Carré - Scène nationale, Château-Gontier (53).
26 et 27 octobre 2021 : L'Espace 600, Grenoble (38).
Du 7 au 15 novembre 2021 : Tournée finistérienne, Le Finistère (29).
Du 17 au 23 novembre 2021 : Le Volcan - Scène nationale, Le Havre (76).
26 novembre 2021 : La Chaise rouge/Cie Patrick Cosnet, Pouancé (49).
30 novembre et 1er décembre 2021 : Service Culturel, Villiers-le-Bel (95).
Du 8 au 10 décembre 2021 : Le Grand R - Scène nationale, La Roche-sur-Yon (85).
Du 14 au 17 décembre 2021 : Centre Culturel Athéna, La Ferté Bernard (72).
Du 4 au 8 janvier 2022 : Le Théâtre - Scène nationale, Angoulême (16).
Du 18 au 21 janvier 2022 : Espace Sarah Bernhardt, Goussainville (95).
25 et 26 janvier 2022 : Espace Germinal, Fosses (95).
Du 2 au 6 février 2022 : Très Tôt Théâtre, Quimper (29).

Bruno Fougniès
Mercredi 9 Juin 2021

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024