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Lyrique

Le "Requiem" de Mozart entre à Notre-Dame de Paris

Ouverture de la saison dans le cadre des concerts de "Musique sacrée à Notre-Dame de Paris" avec le "Requiem" de Mozart. Cette sublime messe des morts du divin génie fait enfin son entrée dans la vénérable cathédrale les 23 et 24 septembre 2014.



© Dumoux.
© Dumoux.
Wolfgang Amadeus Mozart commence simultanément l'écriture de plusieurs chefs-d'œuvre à Vienne en cette difficile année 1791 dont les remarquables "Clémence de Titus", "Flûte enchantée" et autre Concerto pour clarinette. Et ce "Requiem" donc, une commande du comte Walsegg - qui tentera en vain de se l'approprier. Les années fastes se sont éloignées pour le compositeur dont la santé décline. L'extrême fatigue, une mélancolie profonde et les dettes insondables finissent par avoir raison de lui. Il meurt d'une maladie non identifiée à trente-six ans en décembre 1791. Le "Requiem" inachevé sera terminé par un autre. Devenu une formidable source d'inspiration pour les compositeurs du XIXe, ce "Requiem" n'a cessé depuis de dispenser son puissant pouvoir d'élévation spirituelle, son consolant et terrible "pharmakon" aux hommes.

Il est donc plutôt étonnant qu'il n'ait point encore été donné à Notre-Dame de Paris - une absence criante bientôt réparée. Les deux dates vont permettre à toute la Maîtrise de Notre-Dame de donner de la voix (les chœurs d'enfants, d'adultes et le Jeune Ensemble) ainsi qu'à quelques (déjà impressionnants) chanteurs de l'Atelier Lyrique de l'Opéra de Paris pour les voix solistes. C'est le Southbank Sinfonia de Londres, composé de jeunes musiciens venus du monde entier, qui en assurera la part instrumentale. Enfin, les deux concerts programmés les 23 et 24 septembre concluent avec panache la collaboration de la Maîtrise avec son chef Lionel Sow - qui va désormais se consacrer au chœur de l'Orchestre de Paris - dirigé aussi par lui depuis 2011. Ce même concert sera d'ailleurs repris le 30 septembre à la Saint-Martin-in-the-Fields Church de Londres.

D'autres événements méritent notre attention dans la programmation musicale de Notre-Dame de Paris. À partir du 20 septembre, les organistes titulaires donnent une série de concerts (dont le premier est gratuit) pour inaugurer les grandes orgues tout juste restaurées par les ateliers de Bertrand Cattiaux et Pascal Quoirin. On ne saurait trop encourager le public à les (re)découvrir. Par ailleurs, en octobre, seront donnés les "Poèmes Franciscains" d'Ermend Bonnal, de la musique religieuse de Byrd à Britten en novembre (avec Yves Castagnet à l'orgue), le traditionnel concert de Noël, le 20 décembre. Et en 2015 Jean-Sébastien Bach, "Les Sept dernières paroles du Christ" de Joseph Haydn et le "Sacre du Printemps" de Igor Stravinsky viendront combler notre soif de transcendance musicale.

Concerts les 23 et 24 septembre 2014 à 20 h 30.

Cathédrale Notre-Dame de Paris.
Renseignements et réservations, 01 44 41 49 99.
>> musique-sacree-notredamedeparis.fr
Billets en vente à l'accueil de la cathédrale et le soir des concerts à partir de 20 h.

W. A. Mozart (1756-1791).
Requiem K 626.
Ave verum K 618.
Misericordias domini K 22.

Henrick Gorecki (1933-2010).
Totus Tuus (uniquement le 24/09).

Maîtrise Notre-Dame de Paris.
Southbank Sinfonia.
Solistes de l'Atelier Lyrique de l'Opéra de Paris :

Andrea Soare, soprano.
Agata Schmidt, mezzo-soprano.
Oleksiy Palchykov, ténor.
Andriy Gnatiuk, basse.
Lionel Sow, direction.

Christine Ducq
Mercredi 10 Septembre 2014

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Concerts | Lyrique







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© Delphine Royer.
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Isabelle Lauriou
15/05/2025
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Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
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N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

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