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Concerts

La Scène Saint-Denis nous relie grâce au Festival de Saint-Denis !

Fidèle à sa vocation de faire dialoguer les Anciens et les Modernes, l'Occident et le reste du monde, le Festival de Saint-Denis propose pour la 45e année consécutive des événements musicaux exceptionnels jusqu’à la fin du mois de juin.



Le "Requiem" de Mozart au Festival de Saint-Denis en 2012 © Festival de Saint-Denis.
Le "Requiem" de Mozart au Festival de Saint-Denis en 2012 © Festival de Saint-Denis.
Car son ambition de relier les hommes et les cultures ne désarme pas. Inscrit dans un territoire à la fois patrimonial et "Métis" - avec un festival du même nom, consubstantiel et fraternel en cette même période -, le Festival de Saint Denis demeure un rendez-vous incontournable de toutes les musiques du monde. Qui peut en effet se vanter d’inviter de grands artistes venus d’univers aussi différents que celui de la musique dite classique (pour aller vite), de la création contemporaine, et de ceux qui nous parlent d’horizons lointains, avec les chants soufi, flamenco, ou africain ? De la Basilique à la Maison de la Légion d’Honneur, transformée pour un temps en pavillon de musique, de Saint-Ouen à La Courneuve, c’est tout le département que la musique transporte !

Cette année est encore un grand cru. Mais les aléas n’ont cependant pas manqué, qui ont donné des sueurs froides aux organisateurs. La disparition le 14 avril de l’immense Sir Colin Davis tout d’abord. Un chef habitué du festival et qui devait une fois de plus l’inaugurer avec une œuvre dans laquelle il excellait, "L’Enfance du Christ" de Hector Berlioz. Le 29 mai dernier, c’est au directeur musical de l’Opéra de Los Angeles, James Conlon, qu’est revenu l’honneur de lui rendre hommage en dirigeant l’Orchestre National de France, avec le Chœur de Radio France - avec ce même Berlioz.

Sofi Jeannin © Christophe Abramowitz/Radio France.
Sofi Jeannin © Christophe Abramowitz/Radio France.
Et puis un fatal enchaînement d’annulations malheureuses. Celle du récital du pianiste Fazil Say, souffrant - heureusement remplacé par les sœurs Katia et Marielle Labèque et leurs deux pianos ; ou encore celle du concert très attendu dans la vénérable Basilique du jeune directeur musical de la Fenice, Diego Matheuz, obligé de rentrer précipitamment au Venezuela. Et remplacé là encore au pied levé pour diriger le "Requiem" de Johannes Brahms par Laurence Equilbey. Grâce lui en a été rendue.

Bien-sûr, le riche programme du festival nous promet encore de belles rencontres musicales. On retrouvera avec bonheur l’Orchestre National de France en clôture de cette saison 2013 (le 28 juin) sous la baguette de Kristjan Järvi avec des "Psaumes" trop mal connus d’Igor Stravinski, accompagné du Chœur de Radio France, également sur scène avec l’Orchestre Philharmonique de la célèbre maison ronde le 20 juin. L’occasion de réentendre un chef d’œuvre éblouissant de Gabriel Fauré, son "Requiem", dont les accents sublimes s’élèveront pour notre plus grand bonheur sous les hautes arcades de la vieille nécropole des Rois, avec à la direction la mezzo soprano suédoise Sofi Jeannin. D’autres concerts sont prévus, à ne pas rater d’ici la fin du festival.

Julien Chauvin, violoniste, et Jérémie Rhorer, jeune chef d'orchestre © C. Doutre.
Julien Chauvin, violoniste, et Jérémie Rhorer, jeune chef d'orchestre © C. Doutre.
Car la fine fleur des jeunes artistes s’est installée en Seine Saint-Denis cette année encore : le jeune chef d’orchestre Jérémie Rhorer, nouvelle sensation des mélomanes, la soprano Julie Fuchs, l’Ensemble Pygmalion conduit par Raphaël Pichon au terme d’une résidence d’un an à Saint-Denis (dont le concert est à venir). N’oublions pas Olivier Mellano, dont l’opéra baroque électro-rock, "La Chair des Anges", a ravi un public ouvert à toutes les créations, pourvu qu’elles soient bonnes. Avec "Métis", la richesse multiculturelle du département se revendique : Salif Keita, Olivia Ruiz se produisent la semaine prochaine. Quelques jours plus tard, ce sera au tour de la grande chanteuse flamenca Carmen Linares de nous enflammer avec le Qawwali Flamenco. Alors … tous sur la Scène Saint-Denis !

Du 29 mai au 28 juin 2013.
Festival de Saint Denis, 01 48 13 06 07.
16, rue de La Légion d’Honneur, Saint Denis (93).
Lieux des concerts : Basilique et Légion d'Honneur.
>> festival-saint-denis.com


Christine Ducq
Lundi 17 Juin 2013

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Concerts | Lyrique







À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024