© Polo Garat - Odessa.
Prendre Brecht en décalé à défaut de le prendre à distance, c’est le pari, plutôt réussi, qu’a pris Jean Bellorini. Avec sa compagnie "Air de lune", la distance brechtienne est bottée en touche. Sur scène, on chante, on crie, on court, on a froid, on se blottit et on fait l’amour. La pièce est jouée dans un tempo très énergique. Les répliques sont mises en résonnance avec la musique et les chants.
Nous sommes sur deux rapports scéniques, l’un frontal, inhérent à tous les comédiens jouant sur scène, et l’autre, de proximité, où les acteurs deviennent, par moment, spectateurs de ce qui se joue. Ils observent ce qui se passe puis, par le chant, rejoignent les acteurs de la scène pour faire corps avec eux. Tel un régiment, les chants sont portés par des voix "hachées", fortes, scandées à l’unisson comme pour une révolte. Puis un basculement, fait avec beaucoup de fluidité, est effectué par les acteurs qui prennent la réplique juste après le chant. Aucune rupture de jeu ne vient bousculer ce passage qui est fait avec beaucoup d’adresse.
Nous sommes sur deux rapports scéniques, l’un frontal, inhérent à tous les comédiens jouant sur scène, et l’autre, de proximité, où les acteurs deviennent, par moment, spectateurs de ce qui se joue. Ils observent ce qui se passe puis, par le chant, rejoignent les acteurs de la scène pour faire corps avec eux. Tel un régiment, les chants sont portés par des voix "hachées", fortes, scandées à l’unisson comme pour une révolte. Puis un basculement, fait avec beaucoup de fluidité, est effectué par les acteurs qui prennent la réplique juste après le chant. Aucune rupture de jeu ne vient bousculer ce passage qui est fait avec beaucoup d’adresse.
© Polo Garat - Odessa.
Par une dynamique des mouvements, Jean Bellorini apporte une fraîcheur presque enfantine à la fable de Brecht. Les personnages ont un jeu très corporel et un placement de voix haut perché. Shen Té (Karyll Elgrichi), cette bonne âme, prostituée de son état, bénie des dieux pour son généreux hébergement, a un jeu très soutenu dans les vocalises et relâché dans les mimiques, lui donnant ainsi un naturel de bonne composition.
Au 1er étage, un piano, une batterie et une anti-basse sont disposés avec deux fauteuils sur lesquelles viennent s’assoir des comédiens. La scène est découpée en différentes zones permettant de faire vivre un regard extérieur avec un regard intérieur, un regard acteur avec un regard spectateur.
Au 1er étage, un piano, une batterie et une anti-basse sont disposés avec deux fauteuils sur lesquelles viennent s’assoir des comédiens. La scène est découpée en différentes zones permettant de faire vivre un regard extérieur avec un regard intérieur, un regard acteur avec un regard spectateur.
© Polo Garat - Odessa.
La musique, les chants et les déplacements "joués" de certains personnages donnent un cachet, souvent décalé à la pièce. Toutefois, Jean Bellorini a intégré dans certaines scènes des chansons ne correspondant ni à l'époque, ni au contexte, comme "Only you" (des Platters of course !), faisant prendre à la mise en scène une direction de facilité qui la dessert. Ce choix ne nourrit pas la fable d’une truculence heureuse et semble participer plus à des pieds de nez dramaturgiques qu’à une mise en scène audacieusement construite sur tout le spectacle. Ni la pièce ni la mise en scène n’en avaient besoin.
Toutefois, cette dernière reste audacieuse dans un rapport au texte très "corporel", très vivant, ainsi que dans son enveloppe musicale faisant de la pièce de Brecht un moment scénique de grande vitalité.
Toutefois, cette dernière reste audacieuse dans un rapport au texte très "corporel", très vivant, ainsi que dans son enveloppe musicale faisant de la pièce de Brecht un moment scénique de grande vitalité.
"La Bonne Âme du Se-Tchouan"
© Polo Garat - Odessa.
"La Bonne Âme du Se-Tchouan"
Texte : Bertolt Brecht.
Traduction : Camille de la Guillonnière, Jean Bellorini.
Mise en scène, lumières et scénographie : Jean Bellorini.
Avec : Danielle Ajoret, Michalis Boliakis, Camille de la Guillonnière, François Deblock, Karyll Elgrichi, Claude Evrard, Jules Garreau, Jacques Hadjaje, Med Hondo, Blanche Leleu , Clara Mayer, Teddy Melis, Marie Perrin, Marc Plas, Geoffroy Rondeau , Hugo Sablic, Damien Zanoly ; et les enfants : Léo Monème, Côme Malchiodi.
Costumes : Macha Makeïeff, assistée de Claudine Crauland.
Création musicale : Jean Bellorini, Michalis Boliakis, Hugo Sablic.
Son : Joan Cambon.
Maquillages et coiffures : Laurence Aué.
Durée : 3 h 15 avec l’entracte.
Du 7 novembre au 15 décembre 2013.
Du mardi au samedi à 20 h, dimanche à 15 h.
Odéon - Théâtre de l’Europe, Ateliers Berthier, Paris 17e, 01 44 85 40 40.
>> theatre-odeon.eu
Texte : Bertolt Brecht.
Traduction : Camille de la Guillonnière, Jean Bellorini.
Mise en scène, lumières et scénographie : Jean Bellorini.
Avec : Danielle Ajoret, Michalis Boliakis, Camille de la Guillonnière, François Deblock, Karyll Elgrichi, Claude Evrard, Jules Garreau, Jacques Hadjaje, Med Hondo, Blanche Leleu , Clara Mayer, Teddy Melis, Marie Perrin, Marc Plas, Geoffroy Rondeau , Hugo Sablic, Damien Zanoly ; et les enfants : Léo Monème, Côme Malchiodi.
Costumes : Macha Makeïeff, assistée de Claudine Crauland.
Création musicale : Jean Bellorini, Michalis Boliakis, Hugo Sablic.
Son : Joan Cambon.
Maquillages et coiffures : Laurence Aué.
Durée : 3 h 15 avec l’entracte.
Du 7 novembre au 15 décembre 2013.
Du mardi au samedi à 20 h, dimanche à 15 h.
Odéon - Théâtre de l’Europe, Ateliers Berthier, Paris 17e, 01 44 85 40 40.
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