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CédéDévédé

L'art du duo : Paris 1900

Une collection de CD consacrée aux duos formés par le pianiste Laurent Wagschal et trois solistes, Éric Aubier, Alexandre Gattet, Vincent Lucas, grands représentants de la tradition française des vents, offre un beau voyage à travers les œuvres de compositeurs célèbres ou oubliés.



Redonner ses lettres de noblesse à des instruments à vent populaires à l'aube du XXe siècle jusqu'à aujourd'hui ? C'est possible ! Et la collection de trois enregistrements titrés "Paris 1900" réussit cette noble mission dans une fort belle initiative. Le pianiste Laurent Wagschal, connu pour son énergie à défendre les compositeurs français méconnus (ou pas), interprète avec sa ferveur habituelle des œuvres qui le font dialoguer avec le cornet à pistons par exemple, cet ancêtre de la trompette, que défend avec fougue Éric Aubier, soliste à l'Orchestre de l'Opéra de Paris.

L'occasion pour eux de graver un enregistrement historique pour cet instrument comme pour les œuvres élues du tournant des XIXe et XXe siècles. Des pièces de concours d'entrée au conservatoire ou à danser, ou encore destinées à animer un salon, pièces de Guillaume Balay, chef de la Garde Républicaine jusqu'en 1927, de Gabriel Pares, son prédécesseur, de Guy Ropartz ou Théo Charlier (entre autres artistes belges) rappellent l'animation des climats des Expositions Universelles de ces années-là.

Si le duo magnétique avec Vincent Lucas (flûte solo de l'Orchestre de Paris) offre lui aussi un joli aperçu de la Belle Époque avec ses œuvres d'Albert Roussel, Mel Bonis, Cécile Cheminade comme de celles de Debussy, Fauré et André Caplet, on se passionnera également pour l'opus consacré au dialogue avec le hautbois.

Premier hautbois solo de l'Orchestre de Paris depuis 2000, Alexandre Gattet nous emporte avec l'ami pianiste Laurent Wagschal sur les pas de professeurs et/ou compositeurs marquant aussi l'histoire de l'instrument aux temps du Paris vers 1900 tels Benjamin Godard, Paul Pierné (le cousin de Gabriel), Philippe Gaubert sans oublier Louis Verne, Charles Koechlin, César Franck ou Camille Saint-Saëns, entre autres. Une série d'enregistrements qui réserve la part du lion à cette musique française qui sut être nouvelle tout en favorisant les inventions et progrès techniques dans la facture des instruments ne peut que nous enchanter.

● Laurent Wagschal "Paris 1900".
"The art of the Cornet", Éric Aubier & Laurent Wagschal.
"The art of the Flute", Vincent Lucas & Laurent Wagschal.
"The art of the Oboe", Alexandre Gattet & Laurent Wagschal.
Label : IndéSENS Records.
Sortie : avril 2022.


Christine Ducq
Dimanche 22 Mai 2022

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"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

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© Jean-François Delon.
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Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
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06/03/2024
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
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Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

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Bruno Fougniès
15/10/2023