La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Lyrique

Jean-Baptiste Henriat passionnément baryton

Récemment découvert à Metz dans l'opéra de Caroline Glory, "Un Amour en guerre", nous rencontrons aujourd'hui le jeune baryton Jean-Baptiste Henriat. Chanteur élégant et raffiné, doté d'une voix douce, bien posée et d'une belle couleur, remarqué pour sa diction et son timbre clairs, il était distribué à Metz dans le rôle du "planqué" Antoine...



Nathalie Manfrino & Jean-Baptiste Henriat © DR.
Nathalie Manfrino & Jean-Baptiste Henriat © DR.
Un rôle auquel il parvenait à insuffler complexité et charme. Véritable espoir du chant français, ce baryton qui sait ce qu'il veut a bien voulu se confier à nous.

Christine Ducq pour La Revue du Spectacle - C'est difficile aujourd'hui pour un jeune chanteur français ?

Jean-Baptiste Henriat - On réduit le nombre de productions et la durée des représentations en ces temps de crise. Donc, la facilité pour les directeurs de maisons d'opéra est d'engager des têtes d'affiche identifiées comme des artistes lyriques qu'on connaît même si le public ne les a jamais entendus. Le public en a entendu parler donc il va aller les voir. Alors quand un directeur distribue des artistes encore inconnus, c'est un vrai choix artistique et ce n'est pas simple. Ce sont des choix qu'ils peuvent faire s'ils ont la capacité de juger les voix après audition pour savoir si elles seront capables de chanter le rôle - et sans s'appuyer sur l'avis d'autres directeurs.

Quand on réduit le volume de productions on se tourne davantage vers des gens connus et, en même temps, un plus grand nombre de chanteurs est disponible sur le marché en France et en Europe. Aussi quand un directeur d'opéra fait le choix d'engager un jeune chanteur, je lui tire mon chapeau et je le remercie parce qu'il n'est pas obligé de prendre ces risques-là.

Vous avez été lauréat en 2010 à l'unanimité au concours de la Saison de la Voix.

Jean-Baptiste Henriat - C'est un concours de mélodie et de lied et non d'opéra. Un répertoire qui m'intéresse et que j'essaie de défendre. Dans mon parcours de formation, j'ai voulu travailler avec des gens qui en ont fait leur spécialité. J'ai eu la chance de travailler le lied avec Peter Schreier, avec Mirsuko Shirai, avec Udo Reinemann et Ursula Krieger et aussi avec des pianistes, puisque c'est un répertoire de chambre qui s'envisage à deux. J'ai eu la chance de faire de magnifiques rencontres, notamment avec Hartmunt Höll, Maciej Pikulski, Konrad Richter et Julius Drake, qui a fait une belle carrière de pianiste. J'ai travaillé aussi avec Jeff Cohen en France.

J'ai d'autant plus envie de défendre ce répertoire qu'il est le premier à pâtir de cette conjoncture guère favorable. Il est difficile maintenant d'organiser de tels récitals. Pour les artistes aussi il est difficile de défendre un point de vue esthétique dans une salle de deux mille plutôt que de trois cents places. Ce ne sont pas les mêmes enjeux, ni les mêmes difficultés. Le répertoire du lied et de la mélodie est en outre mal défendu par l'institution.

Nathalie Manfrino & Jean-Baptiste Henriat © DR.
Nathalie Manfrino & Jean-Baptiste Henriat © DR.
Christophe Ghristi a tout de même créé le cycle de concerts "Convergences" dédié à ce répertoire à l'Opéra de Paris.

Jean-Baptiste Henriat - C'est vrai. Il existait aussi une série de récitals "Les Lundis du Palais-Royal", initiative importante mais qui n'a pas dépassé une saison faute de spectateurs. On a du mal à avoir de tels rendez-vous. Mais on peut le dire aussi de la musique de chambre en général, instrumentale ou vocale.

Vous avez suivi une formation de pianiste et de violoniste.

Jean-Baptiste Henriat - Et je suis autant attaché à la musique instrumentale que vocale. Nous avons la chance à Paris d'avoir quelques rendez-vous réguliers avec des concerts de musique instrumentale. Pour la voix, nous n'avons pas cette chance. Mais je suis content, j'ai un récital en janvier (le 31 janvier 2015 Ndlr) Salle Cortot. Après avoir terminé ma collaboration comme soliste avec l'ensemble Palais-Royal (dirigé par Jean-Philippe Sarcos Ndlr), j'attaque les répétitions. En janvier le programme sera axé sur le lied romantique allemand. Je serai accompagné par la pianiste Caroline Marty.

Caroline Marty est votre complice depuis longtemps.

Jean-Baptiste Henriat - Oui. Nous travaillons ensemble depuis longtemps, c'est avec elle que j'ai pu rencontrer toutes les personnalités dont je vous ai parlé. Le récital suppose qu'on tisse des liens durables avec son partenaire. On peut tisser des liens avec des partenaires différents mais on ne peut pas changer de partenaire à chaque fois. Cela demande qu'on se connaisse bien, qu'on répète énormément et qu'on se voie beaucoup.

Par quels chemins en êtes-vous arrivé au chant ?

Jean-Baptiste Henriat - Enfant j'étais instrumentiste : violoniste et pianiste. Et j'ai été amené à chanter un rôle d'enfant dans "Le Roi David" de Honegger. Recruté parce que je savais chanter juste, je n'avais cependant pas de formation vocale. Cette expérience est restée gravée quelque part dans ma mémoire. Je suis resté instrumentiste jusqu'à dix-huit ans. Quand j'ai eu l'occasion de chanter je l'ai fait, sans me dire que je voulais devenir chanteur. J'ai participé à des ateliers de chant jusqu'au jour où j'ai décidé que ce serait mon activité principale.

J'ai alors fait le choix de rentrer au Centre de Musique Baroque de Versailles. C'était l'occasion d'avoir une pratique vocale à temps plein à dix-huit ans. Ce qui est rare. Voilà comment je me suis retrouvé dans l'aventure d'une maîtrise professionnelle. Là-bas, j'ai fait des rencontres hors du milieu des baroqueux et j'ai voulu élargir mon répertoire et ma pratique musicale. Je suis parti de Versailles et je me suis concentré sur le travail avec un professeur qui s'appelle Christine Schweitzer. Une soprano dramatique très éloignée du monde de la musique baroque qui a été l'élève d'un grand baryton italien. C'était pour moi prendre une direction très différente.

Répétition de "Un amour en guerre" © DR.
Répétition de "Un amour en guerre" © DR.
Cette grande dame m'a intéressé à ce qu'est un parcours technique - quasiment un art pour ce genre de personnes - et comme je suis quelqu'un de curieux, cela m'a passionné. J'ai découvert avec elle que le style, le rendu vocal et la technique étaient beaucoup plus imbriqués que dans la pratique instrumentale - dans laquelle la technique disparaît derrière l'art chez les grands interprètes. Chez les chanteurs, la technique vient porter le discours et, sans elle, on ne peut chanter sur une scène d'opéra.

J'ai donc essentiellement travaillé avec Christine Schweitzer tout en faisant d'autres rencontres pour connaître d'autres styles. Et ce, grâce à ce grand baryton de lieds maintenant décédé, Udo Reinemann, qui organisait des rencontres mensuelles à Bruxelles.

Vous avez chanté à Massy, à Versailles ou Budapest. Quel est votre plus beau souvenir ?

Jean-Baptiste Henriat - Je ne peux pas dire qu'un souvenir particulier efface les autres. Ce que j'acquiers, c'est de l'expérience. Par exemple, qu'on est meilleur avec le public qu'en répétition. Je prends les choses avec de plus en plus de confiance mais aussi d'exigence. J'ai eu la chance d'avoir une expérience progressive de la scène. Le choix de la musique de chambre n'est pas anodin. C'est l'expérience d'être seul sur scène au milieu du plateau, c'est le grand dénuement en fait.

Des souvenirs, pour en revenir à votre question, j'en ai beaucoup. J'ai beaucoup de très bons souvenirs de mes prestations - alors que je me suis dit depuis qu'elles ne le valaient peut-être pas (rires). Je préfère donc rester modeste !

Un bon souvenir, cela peut être une rencontre.

Jean-Baptiste Henriat - J'ai été gâté sur ce point ! J'ai toujours rencontré des gens qui m'ont donné beaucoup. Vraiment ! C'est par exemple l'invitation de Raymond Duffaut à Avignon. Des rencontres capitales pour se dire qu'on avance. Récemment Paul-Émile Fourny (le directeur de l'opéra de Metz Ndlr) qui m'invite pour la première fois chez lui. Plus qu'une rencontre formelle d'audition, j'ai participé à un atelier lyrique sous sa direction. C'est ainsi qu'il a pensé à moi pour le rôle d'Antoine dans "Un Amour en guerre". Chanteur, c'est un métier fait de rencontres je crois.

Quels rôles aimeriez-vous chanter à l'opéra ?

Jean-Sébastien Henriat - J'aimerais bien chanter le rôle de Lescaut et celui du Barbier de Rossini pour l'exubérance vocale du personnage. J'aimerais aussi chanter Papageno (dans "La Flûte enchantée" Ndlr). Chanter du Mozart me semble très important. Il ne faut pas s'enfermer trop vite pour mon type de voix dans le répertoire du baryton lyrique type exubérant. Il est intéressant de passer par des rôles un peu plus complexes théâtralement que ceux de Lescaut et du Barbier.

Un autre rôle que je trouve peu apprécié à sa juste valeur est celui de Pelléas. Parce que la musique de Debussy n'est pas forcément accessible à une certaine partie du public d'opéra. Mais ne pas entrer entrer dans une catégorie précise, une typologie vocale identifiée donc facilement distribuée peut être difficile. On prend un risque si on ne se plie pas à ce diktat, en particulier avec les agents, avec les journalistes, avec les directeurs. J'aimerais donc chanter le rôle de Pelléas qui est unique et tout à fait passionnant.

Avez-vous des modèles parmi vos aînés ?

Jean-Baptiste Henriat - Je regrette de n'avoir pas entendu Dietrich Fischer-Dieskau en concert. Dans ses enregistrements vidéo, ce que je vois chez lui en terme de chanteur est unique. C'est un vrai dramaturge. Je pense à un récital dédié à Schumann d'une densité incroyable ! Très loin des interprétations souvent lisses qu'on peut entendre au disque.

Par ailleurs, étant quelqu'un de très curieux, j'écoute beaucoup de chanteurs. Des Italiens par exemple comme Ettore Bastianini ou Gino Bechi. Ils ont fait l'histoire et on les sacralise aujourd'hui. Pourtant il ne faut pas sacraliser le passé et se dire que plus personne ne sait chanter. Il faut le dire quand on entend des chanteurs extraordinaires. Je pense à Olga Borodina - même si ce n'est pas un baryton !

Comme barytons vivants, nous avons la chance d'avoir des personnalités très différentes. Comment ne pas parler de Ludovic Tézier ? Parce que c'est un bonheur de voir qu'un chanteur français fasse l'unanimité dans le monde entier avec ce niveau de maîtrise et cette régularité, avec un déroulement de carrière magnifique très bien conduit.

Un autre baryton me plaît beaucoup dans un autre style : un baryton-basse me direz-vous, Luca Pisaroni. Un superbe Figaro des "Noces" dont j'admire l'élégance. Peut-être n'entend-on pas assez parler de lui parmi les stars mondiales.

Aimez-vous la vie de troupe quand vous êtes sur un projet autre que le récital ?

Jean-Baptiste Henriat - Oui, j'aime cela car cela fait partie du bon déroulement des conditions de représentation. J'aborde d'autant mieux la période de représentations que je vais la vivre au milieu d'une équipe soudée par l'expérience des mêmes difficultés - ou facilités ! - de plateau. Nous ne sommes alors pas seuls et nous vivons avec nos partenaires un moment de solidarité et de confiance mutuelle. Il est essentiel de construire cet esprit-là. On peut s'appuyer fortement les uns sur les autres.

C'est quoi un bon chanteur aujourd'hui ?

Jean-Baptiste Henriat - Un chanteur doit savoir tout faire de nos jours pour ambitionner de réussir. Il faut être performant et capable d'aborder des choses très diverses en termes de langue, d'époque, de style et de répertoire. On va lui demander de savoir aussi bien chanter avec un grand orchestre symphonique romantique qu'avec un ensemble sur instruments d'époque et avec des chefs qui ont des attentes très différentes. Ce type de chanteur est incarné aujourd'hui par quelqu'un comme Stéphane Degout. Le métier est devenu plus exigeant de ce point de vue. Le récitaliste* existe-t-il encore ? Même un baryton mozartien doit être capable d'être distribué dans des rôles verdiens comme dans des productions baroques.

*Récitaliste : chanteur spécialisé dans le lied.

Interview réalisée le 4 novembre 2014.

Récital le 31 janvier 2015 à 20 h 30.
Salle Cortot, 01 47 63 47 48.
78 rue Cardinet 75017.
>> sallecortot.com

"Piano Con Moto".
Lieder de Brahms, Liszt, Schumann et Strauss.

Jean-Baptiste Henriat, baryton.
Caroline Marty, piano.

Christine Ducq
Mercredi 19 Novembre 2014

Nouveau commentaire :

Concerts | Lyrique












À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024