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Pièce du boucher

François Rancillac, serviteur de l'État

Nous étions à la présentation de saison du Théâtre de l’Aquarium et nous sommes bien tristes d’apprendre que pour le moment la situation de François Rancillac et de son équipe n’a pas vraiment bougé. Englué dans une décision (a priori arbitraire de la DGCA) qui mettrait fin au formidable travail de toute une équipe, le théâtre attend. Il attend que le Ministère de la Culture et le gouvernement se prononcent… Jusqu’à quand ?



© DR.
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Soit ! Il n’est aucune obligation qu’un directeur s’enracine dans un théâtre. Et il est normal qu’il puisse en changer afin de laisser la place à d’autres… Enfin, cela dépend encore de qui on parle et de quel théâtre il s’agit. Loin de vouloir critiquer le beau travail de Philippe Adrien, notons simplement qu’il est dans la place depuis 1996 et que cela ne semble déranger personne… Il n’est évidemment pas le seul.

Mais là n’est pas vraiment la question. Au-delà de la personne de François Rancillac (même s'il est un excellent directeur artistique), l’inquiétude se tourne vers les intentions du gouvernement vis-à-vis de ce haut lieu de la culture. Que veulent-ils en faire ? Une sorte de hangars à compagnies ? Sans direction particulière ? Il suffit de regarder du côté du Théâtre de la Cité internationale (scène superbe et qui venait pourtant d’être rénovée !), laissé, tel un bateau à la dérive, sans direction ni véritable ligne artistique.

Le résultat : c’est toute une équipe de naufragés qui tente avec beaucoup de courage de garder la tête hors de l’eau. Lisez la Lettre ouverte (ci-dessous) adressée récemment à Mme la Ministre, vous comprendrez l'étendue des dégâts et le désespoir qui court derrière une telle décision...

© DR.
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Prenons donc vraiment la mesure de notre inquiétude… La mission du service public n'est-elle pas de faire évoluer le théâtre pour tous ? Or, Rancillac le prouve sans arrêt car on peut dire que l'Aquarium est devenu, au fil de son mandat, un outil au service des citoyens, avec l'exigence d'un théâtre citoyen. Par exemple, les équipes en résidence travaillent au plus près du public et se déplacent un peu partout pour répandre des petites formes. En ce sens, Rancillac se comporte comme un vrai directeur de lieu et un serviteur de l’État en ayant un projet structurant sur tout un territoire. Peut-on d'ailleurs en dire autant de tous les théâtres alentours ?

Ainsi, au-delà de la personne de Rancillac, c'est précisément la mission du théâtre subventionné sous un gouvernement de gauche (le comble !) qui est remis en cause. Fermer ce lieu de diffusion ? Mais ce serait bien là une catastrophe pour le milieu de la culture.

Pour finir, une petite vidéo qui traduit à la fois l'ambiance émouvante et rock'n roll de cette présentation de saison :
>> Facebook Théâtre de l'Aquarium

Sera-t-elle la dernière pour François Rancillac dans ce Théâtre de l'Aquarium ?
Vous avez vous aussi la possibilité de lui apporter votre soutien en remplissant la pétition en ligne :
>> Pétition Théâtre de l'Aquarium

Théâtre de l'Aquarium

Direction François Rancillac.
La Cartoucherie, Route du Champ de Manoeuvres, Paris 12e.
Tel. : 01 43 74 72 74.
>> theatredelaquarium.net

Mercredi 7 Octobre 2015

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
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•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

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… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

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Gil Chauveau
26/03/2024