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Festivals

Festival au Village : Joies de vivre et Désirs de théâtre (1)

Brioux-sur-Boutonne est un village des Deux-Sèvres qui vit bientôt depuis trente ans l'aventure d'un festival de théâtre incroyable. Organisé par le village lui-même. Et cultivant pour lui-même les joies de vivre et les désirs de théâtre. Durant une semaine folle.



© Didier Goudal.
© Didier Goudal.
Il y a Marie, Julie, Maryline, Fanny, Yolande… Mais aussi Romain, Christian, Gilles, les Jean-Michel, Jean-Louis, Pascal et tous les autres… Ils sont plus de cent cinquante bénévoles directement actifs dans la mise en œuvre.

Et puis il y a encore les autres qui s'associent, comme Cathy et Jean Pierre, trop occupés par leur ferme mais qui prêtent un enclos à moutons pour une représentation d'"Oncle Vania" et verront malgré tout au moins entre un et cinq spectacles.

Tous sont ouverts à la qualité la plus pointue, accueillant avec chaleur quiconque partage le même sens de la vie, de l'accueil et de la découverte. Le festival n'est qu'un point d'orgue et, pour obtenir ce résultat, ils œuvrent, en gens de labeur, et de manière toute démocratique toute une année. La longue et intense semaine de juillet n'est que la récompense d'une longue préparation à laquelle chacun participe, voit ses compétences être intégrées à l'ouvrage collectif : le prochain festival.

"La Fresque", Jeanne Mordoj © Géraldine Aresteanu.
"La Fresque", Jeanne Mordoj © Géraldine Aresteanu.
Pour ce miracle de création, il faut un régisseur, un animateur ayant compris le sens du projet et ayant une manière de faire. Jean-Pierre Bodin est cet animateur qui sait harmoniser. Quant à Christophe Frèrebeau, qui est à l'origine de l'origine, c'est un médecin qui, comme dans toutes les pièces de Tchekhov, veille au grain. Il est de ces médecins qui savent que les causes de bien des maux proviennent de la solitude et de la langueur des jours. Qu'il est possible par le sens du tact et de la gaîté d'en découvrir la poésie et les comédies cachées.

De ces médecins qui savent qu'à défaut d'être thérapeutique le rire est thérapique. Comme avant lui son confrère François Rabelais et tous les autres médecins dissimulés dans l'histoire des Arts.

Jean-Pierre Bodin et Christophe Frèrebeau s'entendent d'autant plus comme larrons que Jean-Louis Hourdin ajoute son grain de sel.

La gentillesse à Brioux est extrême. Et dans une grande sagesse, toute l'équipe veille à ce que le festival ne grandisse pas trop pour ne pas céder à l'ubris, pour éviter de perdre les liens qui se nouent. C'est que, sans cet effort collectif, sans les résidences qui les mettent au contact des artistes, la population n'aurait plus accès au service public du théâtre et n'aurait pas forcément de visiteurs venant de loin.

© DR.
© DR.
Tout est gradué dans la simplicité. La buvette pour le public, la cantine pour les équipes techniques et les comédiens, les chapiteaux, les ateliers de lecture, la librairie, les spectacles pour enfants, le théâtre, la musique, les petites formes, les spectacles de troupe.

Les artistes trouvent dans ce contact avec des "personnes", matière à partage et enrichissement artistique. C'est dans un jeu de dons et de contre-dons, par le jeu de la spontanéité et du hasard objectif (cher aux surréalistes) que se nourrissent les imaginaires des uns et des autres.

À Brioux, un savoir-faire s'est peu à peu installé et a généré une forme de patrimoine immatériel commun. D'une certaine manière les notions de bénévolat et de bienveillance sont dépassées. Dans la gouvernance de ce festival, il faudrait peut-être parler de bénévolence.

C'est probablement pour cela qu'au fil des ans, la programmation de Brioux est devenue exceptionnelle avec des spectacles dignes des circuits internationaux. Paris, New York, Berlin, Avignon, Brioux…

Festival au Village : Joies de vivre et Désirs de théâtre (2).

29e Festival au Village - Brioux-sur-Boutonne (Deux-Sèvres)
A eu lieu du 7 au 15 juillet 2017.
>> Site du festival, programmation et photos.

Jean Grapin
Dimanche 16 Juillet 2017

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

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Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

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© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

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Gil Chauveau
26/03/2024