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Concerts

Cinquante ans de légende avec "Piano****"

Alors que la saison de "Piano****" s'achève en juin avec l'immense et rare Radu Lupu, et avec deux concerts consacrés à la jeune génération du clavier, les rendez-vous de l'édition 2018-2019 s'annoncent tout aussi passionnants.



Radu Lupu © DR.
Radu Lupu © DR.
Depuis cinq décades, Piano**** invite l'élite du piano et des chefs à la tête des orchestres qui comptent. Créé par son directeur artistique André Furno, insatiable découvreur de talents, Piano**** a programmé dès la fin des années soixante Samson François, Alfred Brendel, Nelson Freire, Vladimir Ashkenazy et Daniel Barenboim, mais aussi Martha Argerich, Maurizio Pollini et Murray Perahia - entre nombreux autres titans de la musique.

Avec les années, la proposition s'est élargie avec les grands cycles orchestraux donnés d'abord à Pleyel et désormais à la Philharmonie. Il y eut aussi au Théâtre des Champs-Élysées de nombreux rendez-vous incontournables tels ces récitals désormais mythiques : citons les cycles Schubert par Alfred Brendel et Mozart par Friedrich Gulda. Depuis cinquante ans donc, Piano**** se caractérise par ce maître mot, l'excellence, dans l'élaboration de programmes conçus pour offrir à Paris les maîtres. À l'automne 2017, Daniel Barenboim a clos son cycle Bruckner - Mozart à la tête de la Staatskapelle de Berlin.

Le 11 juin, c'est le maître du clavier Radu Lupu qui se produira à la Philharmonie. Le poète roumain au sommet de son art a choisi Schubert et ses Sonates D784 et D959 (et les "Moments musicaux" opus 94), promettant un bouleversant voyage intérieur. Le 18 juin, c'est le coréen Sunwook Kim, primé (comme son illustre devancier) au Concours de Leeds en 2006, qui lui succédera pour une soirée consacrée à Beethoven. Découvrir les maîtres de demain - telle Yuja Wang le 12 juin - demeure un impératif des saisons de concerts.

Yuja Wang © DR.
Yuja Wang © DR.
La nouvelle saison de Piano**** pour 2018-2019 proposera dans l'esprit qui préside à son offre depuis toujours artistes incontournables et jeunes talents. Dés le mois de septembre, Daniel Barenboim, avec le Staatskapelle dont il est directeur musical à vie, ouvre une nouvelle page consacrée à Debussy, Stravinski et Boulez. Il dirigera aussi l'Ensemble Boulez (composé de ses musiciens). Huit récitals sur deux saisons à partir de janvier 2019 seront par ailleurs consacrés par le Maestro à une intégrale des sonates de Beethoven.

Enfin, notons également qu'un cycle complet consacré à la musique de chambre de Johannes Brahms sera donné entre octobre 2018 et mai 2019 au Théâtre des Champs-Élysées. Nous y retrouverons Sunwook Kim et Nelson Freire accompagnés de solistes du Berliner Philharmoniker (en octobre 2018), Elisabeth Leonskaja (en janvier 2019), mais aussi Renaud Capuçon, Edgar Moreau et Nicholas Angelich (en mai 2019). Sans oublier les récitals qui ont assis la réputation de Piano**** avec entre autres Alexei Volodin, Andras Schiff et Rafal Blechacz.

Programme complet :
>> piano4etoiles.fr

Christine Ducq
Dimanche 10 Juin 2018

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Concerts | Lyrique







À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024