La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
RV du Jour

Avignon Off 2015 "D'un retournement l'autre"... Notre coup de cœur du Off !

"D'un retournement l'autre", Théâtre de l'Alizé, Avignon Off 2015

En ce moment, au théâtre de l’Alizé, se joue pour quelques jours seulement, un texte savoureux de l’économiste Frédéric Lordon, mis en scène par Luc Clémentin. Ce spectacle extrêmement drôle est d’une ironie mordante et tout en alexandrin. À notre tour de nous amuser un peu et de vous livrer une critique… tout en alexandrin.



© DR.
© DR.
Monsieur,
Une plume sourit à votre babillage
Et souhaite à son tour parler ce beau langage…

Amis lecteurs, avecque ce morceau exquis
Entre beaux vers hardis et langage fleuri,
Lordon nous embarque dans un "retournement",
Pour lequel, vous aurez un grand amusement.
Pourtant, cher auteur, le sujet est si sérieux,
Que vos mots ne peuvent être si vaporeux.
Pour parler de crise, vous préférez le vers,
Après tout, contre un système bien trop pervers,
Tous les moyens sont bons, même la poésie !

Mais plutôt qu’un noble sujet de tragédie,
Vous inventez une comédie (sérieuse).
Le morceau est de choix, la pièce savoureuse,
L’humour taille un short à la race des seigneurs
Qui font du peuple leur éternel débiteur.

Et grâce à la faconde de nos chers acteurs,
Qui de tous ces requins nous montrent les fureurs,
Sous la direction d’un Lucque Clémentin
Les rires fusent devant ces nobles crétins.
La mise en scène est simple, mais astucieuse,
Les répliques sont tout à coup délicieuses.
D’un pupitre à l’autre, les visages s’éclairent,
Et laissent apparaître la rouerie des pairs.

Ces alexandrins, d’une modernité folle,
Grâce aux comédiens se changent en vitriol,
Ces vers claquent, sonnent si fort à nos oreilles
Qu’ils nous font entrevoir le pouvoir de l’oseille.

À son piano, Lully, c’est une femme mais qu’importe,
Donne le la à tous ces infâmes cloportes.
Notre cher président se console ici bas
Avecque la voix si douce de Carlita
Qui susurre que nos vies ne valent pas grand-chose,
Qu’elles passent subito comme fanent les roses.
Mais gare, chers messieurs, au grand retournement,
Nous aurons tous, je crois, notre part de tourment,
Car vous prenez la rue pour votre paillasson,
Et allez tous crever dans votre Panthéon.

Nos chers nouveaux Ayrault n’ont qu’à bien se tenir.
Les chaussett’ Superman sont vraiment à bannir.

"D’un retournement l’autre"

© DR.
© DR.
Auteur : Frédéric Lordon, économiste.
Mise en scène : Luc Clémentin.
Avec : Simon Bellahsen, Didier Boulle, Gérald Cesbron, Luc Clémentin, Loïc Risser, Stéphane Valensi, Alain Veniger, Alexandrine Monnot (chant), Léa Gerber (piano)
Régie : Mathieu Bouillon.
Recherche sonore : Coraline Janvier.
Durée : 1 h 10.

Avignon Off Du 10 au 18 juillet 2015.
Tous les jours à 10 h, séance supplémentaire vendredi 17 juillet 2015 à 16 h 25.
Théâtre de l’Alizé, 15, rue du 58e Régiment d'Infanterie, Avignon, 06 83 25 24 52.

Vendredi 17 Juillet 2015

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

Balade équestre dans l'univers singulier de Bartabas… et de Zingaro, un théâtre pour les chevaux

Forte de quarante ans d'observation de la compagnie Zingaro, de ses évolutions et métamorphoses, ainsi que d'une écoute attentive des murmures émanant de la relation entre Bartabas et ses chevaux, Fabienne Pascaud nous offre une exploration aux confins de la création équestre pour découvrir les sources originelles et intimes de son art au cours de douze grands chapitres, chacun scrutant un aspect différent de la pensée créatrice de cet artiste visionnaire.

"Cette créature mi-homme mi-cheval surgit de nulle part et éructant tel un fou sur les pavés de la ville était peut-être un des ultimes avatars d'Antonin Artaud (1896-1948). Bartabas sortait des légendes et des songes. Et nous ramenait au royaume des légendes et des songes."

C'est en 1978, lors de son premier Festival d'Avignon, que Fabienne Pascaud découvre Bartabas. Pour ce dernier, c'est l'époque "Cirque Aligre", après le Théâtre Emporté et avant Zingaro. Surnommé Bartabas le Furieux, il véhicule déjà une certaine folie, à la fois créatrice et unique, et une grande curiosité. Sa créativité va très vite puiser son inspiration dans la richesse de l'ailleurs, dans les différents aspects du monde…

Et ses spectacles, au fil des années, deviennent des fééries troublantes, voire envoûtantes. C'est ce personnage original et inventif que Fabienne Pascaud nous raconte, nous donnant quelques clés pour mieux comprendre, mieux approcher les métamorphoses de la compagnie Zingaro et révéler ainsi le langage, les pensées fondatrices qui, dans l'imaginaire de Bartabas, écrivent les chorégraphies équines et les univers artistiques qui s'en dégagent.

Gil Chauveau
17/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024