La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Paroles & Musique

Attention ! Artistes distillateurs de chansons vivantes aux saveurs poétiques et pétillantes

"Lili Cros et Thierry Chazelle fêtent leurs dix ans", Olympia, Paris et en tournée

Avec la bonne humeur accrochée en bandoulière et le sourire affiché comme une signature, Lili Cros et Thierry Chazelle, dans une harmonie en habit de duettiste, vont fêter les dix ans de leur duo de music-hall, caractérisé par une poétique, charmeuse et vivifiante fraîcheur.



© Éric Vernazobres.
© Éric Vernazobres.
Pour cette soirée unique à l'Olympia, plus de soixante d'invités sont attendus, mêlant ainsi musique, chant, émotion et humour dans une mise en scène inédite. Pour prendre part à ce moment exceptionnel, tous les artistes qui ont croisé la route de nos deux inséparables depuis 10 ans, revisiteront les chansons les plus connues de Lili et Thierry… mais également des titres originaux. Parmi ces rencontres exceptionnelles, le clown Vulcano, le siffleur Fred Radix, le duo d'interprètes Bonbon Vodou, l'harmoniciste virtuose Diabolo, un violoncelliste surdoué, une chorale chevronnée, etc.

Il y a un an, nous avions découvert leur nouveau spectacle "Peau neuve" au Ciné XIII Théâtre, devenu depuis le Théâtre Lepic… Dès le début, le ton est donné. On sait qu'on va passer un bon moment, que des éclairs de poésie vont illuminer ce spectacle-concert et que des traits d'humour dessineront des sourires sur nos visages, mais aussi que les textes de chansons et les répliques échangées auront parfois une teneur plus sérieuse, abordant la vieillesse ("Le vieux chien"), la mort d'un ami ("L'éclaireur") - tout en tristesse et tendre beauté, où la voix de Lili bouleverse -, la séparation ("L'anneau"), les problèmes sociaux ("Les petits attributs"), l'enfance meurtrie ("Le petit soldat")…

Mais "Le rythme est amour" et l'harmonisation des voix de Lili Cros et Thierry Chazelle régale, telle une douce friandise, nos pavillons auditifs qui hissent haut… et naviguent - entre acoustique et électrique, entre rire et émotion - sur des musiques au groove chaloupé et sur des phrasés limpides et volubiles, voire aériens et riches en couleurs tonales.

Et l'une des particularités de leur approche artistique de la composition est une pratique bien particulière de la cadence avec des appuis marqués de la voix sur les syllabes accentuées, marquant la répartition rythmique des éléments d'une phrase et créant un système de percussions vocales bâti spécifiquement pour chaque chanson où le procédé est utilisé.

© Stella K.
© Stella K.
C'est tout à fait remarquable, notamment avec une petite comptine enfantine à la pointe d'humour acide en forme d'avertissements aux parents… "Les petits ça pousse"… Eh oui, "ça pousse tellement qu'à la fin t'es plus qu'un p'tit père ou une petite mère".

Cela donne à l'ensemble du spectacle une incroyable dynamique, une réelle fraîcheur et une ambiance souriante, joyeusement impertinente, et d'une insolente jeunesse. Les influences musicales jouent la transversalité et puisent sans vergogne mais de manière jouissive dans la country, le rock, le blues, le folk, le flamenco, etc., ce qui n'est pas sans rappeler avec bonheur une façon de jouer et de chanter (chaleureuse et communicative) développée par nos amis québécois, cette dernière étant souvent flagrante vocalement chez Lili ; qui pratique également la podorythmie (ou le foot tapping)*.

Sur le plateau, pas de décor, pour une sobriété allant à l'épure. Seules deux planches posées au sol pour le foot tapping et une création lumière audacieuse et élégante, créant les univers adaptés à chacune des chansons, que ce soit des balades ou des compositions puissantes agrémentées de riffs rock très efficaces.

© Stella K.
© Stella K.
Sur cette base, le spectacle se construit avec originalité sur les échanges, parfois vifs et humoristiques, parfois complices et riches de la faconde du conteur, des deux artistes dont l'intelligente entente (et intimité) réjouit le spectateur.

Ainsi quelques intermèdes et petits numéros ponctuent le concert comme une version épicée de l'histoire des Trois Baudets - ou comment le sex-shop Érotika est redevenu la célèbre salle de spectacle créée originellement par Jacques Canetti -, un délicieux dévergondage en mode bon-enfant, ou le solo de Lili façon trompette ou encore une prestation de choriste "allumée" aux érotiques vocalises…

"Peau neuve" est le résultat de la parfaite union de deux artistes aux talents multiples, tout deux auteurs compositeurs interprètes et musiciens hors pair, Thierry Chazelle virtuose de la mandoline et de la guitare, Lili Cros à la basse. Le tout agrémenté d'une exceptionnelle pratique de percussions effectuées sur le corps ou au pied. En résumé, un spectacle-concert jouissif, remède anti-dépressif, qui rend le spectateur heureux et rechargé à l'énergie festive, qui ressort radieux et épanoui.

* Podorythmie : mot inventé par Alain Lamontagne, musicien conteur québécois, reconnu comme en étant le spécialiste.

"Lili Cros et Thierry Chazelle fêtent leurs dix ans"

© Stella K.
© Stella K.
De et avec : Lili Cros et Thierry Chazelle.
Paroles et musiques : Lili Cros et Thierry Chazelle.

Samedi 18 mai 2019 à 20 h.
Olympia, Paris 9e.
Réservations sur le site de la salle

Tournée

© Stella K.
© Stella K.
18 juin 2019 : Espace Culturel Capellia (pour la présentation de saison), La Chapelle-sur-Erdre (44).
25 janvier 2020 : Centre Culturel Le Sémaphore, Trébeurden (22).
31 janvier 2020 : Espace Culturel Capellia, La Chapelle-sur-Erdre (44).


Gil Chauveau
Samedi 27 Avril 2019

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024