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Coin de l’œil

35e Festival de Douarnenez : Los Indignados à l’honneur

Les montagnes basques, les plages de Galice, les nuits catalanes, les embruns bretons et une gay pride de quatre jours en prime. Ne cherchez pas, aucune agence de voyage ne vous proposera mieux que le Festival de Douarnenez. En août, c’est chez les Penn Sardin que ça se passe !



Douarnenez 2011 © Lucas Faugère.
Douarnenez 2011 © Lucas Faugère.
Comment dit-on Kouign Amann en Catalan, en Basque et en Galicien ? La question, d’apparence incongrue, devrait pourtant être au cœur des débats lors du 35e Festival de cinéma de Douarnenez, ville patrie du gâteau-phare breton, qui accueille cette année trois Communautés autonomes espagnoles : Catalunya, Euskadi et Galiza.

Ce n’est pas un hasard. Depuis sa création, ce festival ouvert sur le monde et ses populations, minorités et communautés diverses, met un point d’honneur à placer la résistance au cœur de ses programmations. Rien que de plus logique dans une ville qui, en 1924, incarna la révolte ouvrière avec sa "grève des sardinières". Il était donc normal qu’à l’heure où l’Espagne est plongée dans une crise financière et politique qui fait régulièrement s’enflammer la rue, le Festival de Douarnenez lui donne la vedette, et tout particulièrement à trois de ses Communautés autonomes parmi les plus remuantes et contestataires.

"Balada triste  de la trompeta" d'Alex De La Iglesia © DR.
"Balada triste de la trompeta" d'Alex De La Iglesia © DR.
Spéculations financière et immobilière, histoire et mémoire, guérillas du passé et du présent seront donc au cœur de soixante-cinq films documentaires et de fiction qui constitueront le gros morceau de cette édition 2012. L’occasion de découvrir la vitalité du nouveau cinéma espagnol et, pour les inconditionnels, de revoir quelques grands classiques de Buñuel ("Terre sans pain"), Arrabal ("L’arbre de Guernica"), Bigas Luna ("Jamon, jamon") ou l’incontournable Almodovar ("Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier").

Le pape de la movida madrilène, peintre sans pareil des réflexions sur l’identité sexuelle, permettra d’ailleurs au public de faire la transition avec l’autre section du festival : les Premières rencontres LGBTQI (Lesbienne, Gay, Bisexuel-le, Transexuel-le, Transgenre, Queer et Intersexué-e), qui feront flotter pendant quatre jours de projections, d’expos et de débats le pavillon arc-en-ciel sur le port-musée de Douarnenez. Féminisme et Gender studies au programme.

"Samson et Delilah" de WarwickThorton © DR.
"Samson et Delilah" de WarwickThorton © DR.
Quant aux touristes qui jugeraient que tout ceci est certes dépaysant, mais pas très local, qu’ils se rassurent, le Gwenn ha Du flotte lui aussi, et pas qu’un peu, sur le festival : la section "Grand cru Bretagne 2012" compte pas moins de trente films, et autant d’invités. Kenavo.

Du 17 au 25 août 2012.
35e Festival de Cinéma de Douarnenez.
Douarnenez, Finistère, 02 98 92 09 21.
>> festival-douarnenez.com
Programme complet :

"Territoire perdu" de Pierre-Yves Vandeweerd © DR.
"Territoire perdu" de Pierre-Yves Vandeweerd © DR.

Gérard Biard
Lundi 6 Août 2012

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
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•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
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•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024