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● Avignon Off 2018 ● "Une chambre en attendant" de Gilles Granouillet, Cie Nosferatu

Un père, originaire de l'Yonne, attend dans une chambre d'hôtel, Il est venu rechercher son fils, parti faire le djihad en Syrie. Sa morne solitude n'est ponctuée que par la visite quotidienne d'une mystérieuse femme de ménage Kurde…Il est seul en Turquie, à la frontière Syrienne.



© Xavier Cantat.
© Xavier Cantat.
Point de débat géopolitique ou de choc de cultures frontal, ce sujet brûlant est abordé de manière subtile par le prisme du destin individuel d'un père qui pourrait être votre voisin de palier tellement il est archi-normal. On retrouve ici l'hypersensibilité aux codes sociaux qui traverse l'œuvre de Gilles Granouillet avec un jeu de rapports inversés : la femme de ménage kurde francophone et intello et le "touriste" occidental un peu "beauf". De cette rencontre improbable naît une histoire de séduction et de tendresse comme seules des circonstances exceptionnelles peuvent en provoquer.

"Une invraisemblance rendue vraisemblable par la sincérité du jeu des acteurs. François Font est parfaitement crédible dans le rôle du père de famille "français moyen" dépassé par la crise d'adolescence de son fils parti "couper des têtes en Syrie". Et Claudine Van Beneden bouleversante dans le rôle de la combattante Peshmerga, à la fois figure maternelle et foncièrement rebelle." Le petite Bulletin, Novembre 2017.

© Xavier Cantat.
© Xavier Cantat.
Extrait :
On me demande où est mon fils. On me dit : "Tiens, on ne voit plus, ton fils ?" Les autres répondent "À la fac"... chez Orange." Moi je dis quoi ? Je dis qu'il est parti en voyage. Qu'à son âge, il faut profiter tant qu'on n'a pas d'enfant... je dis qu'il a 20 ans, que c'est le moment. Et puis je rentre chez moi. Je m'assois à la table de la cuisine et je pense : ton fils à toi, il est parti couper des têtes. Évidemment la question qui vient juste après, assis à la table de la cuisine comme un con, c'est pourquoi le tien et pas un autre et qu'est-ce que tu as raté ?

"Une chambre en attendant"
Mise en scène : Claudine Van Beneden.
Assistant mise en scène : Raphaël Fernandez.
Musicien et compositeur : Simon Chomel.
Scénographe : Blandine Vieillot.
Création vidéo : Catherine Demeure.
Lumières : Christophe Pont.
Son : Magali Burdin.
Jeu : François Font, Claudine Van Beneden et Raphaël Fernandez.
Diffusion : Murielle Silvestre/ Contact diffusion : 06 83 61 82 57.
Administration : Béatrice Barthélémy.

La cie Nosferatu est soutenue par le Département de la Haute-Loire, la Drac Auvergne-Rhône-Alpes, La région Auvergne-Rhône-Alpes, l'agglomération du Puy-en-Velay, La ville de Brioude, La ville de Vorey, La ville de Brives-Charensac, L'ADAMI, la SPEDIDAM.

● Avignon Off 2018 ●
Du 6 au 29 Juillet 2018.
Présence Pasteur,
13, rue du Pont Trouca, Avignon.
Tous les jours à 12 h 05, relâche le lundi.
Réservation : 04 32 74 18 54.

>> compagnienosferatu.com

Annonce
Mercredi 13 Juin 2018

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À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
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"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

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Safidin Alouache
17/12/2024
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© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024