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Concerts

Divin Festival de Saint-Denis

Du 3 au 27 juin, l’édition 2014 du Festival de Saint-Denis promet encore des moments musicaux exceptionnels avec une programmation vraiment royale et d'une grande richesse.



Orchestre National de France © DR.
Orchestre National de France © DR.
Dans le transept gigantesque de la vénérable basilique ou dans l’impériale Légion d’Honneur, un concert n’a jamais tout à fait le même goût qu’ailleurs et réserve toujours des sensations fortes. La nouvelle édition du Festival de Saint-Denis ne fera pas exception puisqu’elle met à l’affiche monuments de la musique et artistes de valeurs, astres rayonnants et étoiles montantes.

Le concert donné en avant-première frappait déjà fort le 27 mai avec la création française de "La Passion de Simone", un opéra de la compositrice Kaija Saariaho sur un livret d’Amin Maalouf. Une Passion moderne consacrée à la vie et à l’œuvre de la philosophe Simone Weil conduite de main de maître par la baguette du jeune chef Clément Mao-Takacs et son Secession Orchestra (avec la soprano Karen Vourc’h, une lointaine parente de la philosophe engagée en Espagne en 1936 et morte prématurément en 1943).

Orchestre Philharmonique de Radio-France © J.-F. Leclercq.
Orchestre Philharmonique de Radio-France © J.-F. Leclercq.
La nécropole des rois, depuis le VIe siècle (avec le tombeau de la reine Arégonde, belle-fille de Clovis), abrite le mardi 3 juin la nouvelle création d’Ibrahim Maalouf, le jeune trompettiste prodige, pour des "Cantiques" de Hildegard von Bingen. Une formation renforcée par un Ensemble de cuivres et percussions avec les voix d’enfants de la Maîtrise de Radio-France donneront vie aux œuvres revisitées par Ibrahim Maalouf de l’abbesse rhénane du XIIe siècle.

Gustav Mahler, compositeur attitré du festival, sera encore à l’honneur cette année avec sa Symphonie n°2 "Résurrection", les 5 et 6 juin, pour un plateau géant. Grâce à l’Orchestre National de France (augmenté de 25 cuivres et percussions) conduit par le jeune chef américain déjà renommé James Gaffigan, nous vibrerons avec deux solistes de génie, Genia Kühmeier et la contralto Nathalie Stutzmann. Cette dernière à la tête de son ensemble Orfeo 55 interprétera Bach et Schoenberg avec la complicité du violoniste Renaud Capuçon, le 10 juin, dans la grande nef de la Basilique.

D’autres concerts vont mettre à l’honneur le patrimoine musical européen avec des invités de marque tels l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, l’Orchestre de Chambre de Paris, l’Orchestre National d’Île-de-France (qui fête ses quarante ans). L’adorable Julie Fuchs donnera un récital le 22 juin à la Légion d’Honneur mais on entendra aussi Franco Fagioli pour la "Petite Messe solennelle" de Rossini, la mezzo Marianne Crebassa, Michael Nagy, le baryton-basse dont tout le monde parle, et puis surtout la divine soprano Angela Denoke, trop rare à Paris depuis la fin du mandat de Gerard Mortier à l’Opéra de Paris.

De jeunes chefs comme Raphaël Pichon ou confirmés (Daniele Gatti, Myung-Whun Chung), de jeunes ensembles et grands chœurs ou orchestres européens (comme l’Orchestre Philharmonique de Prague) participent aussi au festival et en feront un événement remarquable encore cette année.

Julie Fuchs © DR.
Julie Fuchs © DR.
Du 3 au 27 juin 2014.
Festival de Saint-Denis, 01 48 13 06 07.
1, rue de la Légion d’Honneur, Saint-Denis (93).

Légion d’Honneur.
5, rue de la Légion d’Honneur, Saint-Denis (93).

Programmation complète :
>> festival-saint-denis.com

Christine Ducq
Lundi 2 Juin 2014

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Concerts | Lyrique







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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

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30/08/2024