La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
RV du Jour

À écouter : Il était une fois Ilka Schönbein (épisode 1)

Lorsqu’on découvre lka Schönbein pour la première fois, c’est toujours un choc. La découverte d’un univers à part, un petit ovni dans le paysage du spectacle vivant.



La Vieille et la bête © Mario Del Curto
La Vieille et la bête © Mario Del Curto
"Le spectacle s’appelle La Vieille et la bête.
Mise en scène : la mort.
Regard extraterrestre : mon père
Conditions techniques : de la paille sur le plateau, des carottes et des pommes dans la loge. "
Signé : Ilka Schönbein.

Dans ce conte de fée, l’univers d’Ilka mêle de manière étonnante la mort au merveilleux : non seulement les princesses sont vieilles et maigres, mais elles ne doivent plus jamais avoir peur de rencontrer la Faucheuse. Avec l’artiste, le laid devient beau, la vieillesse, une fontaine de Jouvence.

Ce que raconte la "vieille" à sa "bête", c’est un instant de poésie qui enlève un peu de mal à l’âme. C’est aussi l’envie de faire un pied de nez à "Celle" qui lui a ravi son père. Enfin, c’est un bel hommage au théâtre lui-même… Quel merveilleux refuge pour la "vieille" ! Inutile d’en dire plus, de la mise en scène à ses personnages, la comédienne marionnettiste nous laisse coi. Il faudrait en effet une caméra pour filmer ces salles remplies d’adultes et d’enfants, tous suspendus à la queue de son âne.

- Qui sont-ils ?
- La vielle est la bête, et inversement.
- Et Ilka dans tout ça ?
- Elle est la vieille et la bête, tout à la fois.
- Pourquoi donc ?
- Parce qu’elle nous montre qu’"être" c’est aussi regarder ce qu’on ne veut pas voir. Elle nous plonge alors dans une part de nous même qu’on ne soupçonnait pas : la contraction sans contradiction, ni ange ni démon, ni laide ni moche. Être ! Et c’est déjà pas mal.

Dans cette interview, la voix est fragile, les mots parfois hésitants. Même hors scène, la comédienne est touchante. Nous en gardons encore un souvenir émouvant.

Pour notre entretien, nous avions tenu à ce que la musicienne, Alexandra Lupidi, soit aussi présente. Durant le spectacle, son rôle est tout aussi essentiel : ses phrases musicales accompagnent chaque mot et chaque geste d’Ilka. Le mariage est superbe, le travail énorme.

Nous sommes fiers de pouvoir enfin vous présenter cet enregistrement (il date de novembre 2010), bien qu’il que soit pas de très bonne qualité... Par avance, nous nous en excusons. Nous promettons que la prochaine fois que nous rencontrerons Ilka, nous demanderons à sa bête d’arrêter de faire des bruits derrière nous ! En attendant, penchez un peu l’oreille, je suis certaine qu’elle a plein de choses passionnantes à vous susurrer…

Musique : Pierre-Yves Plat

À venir lundi 6 juin 2011 : épisode 2 de "Il était une fois d’Ilka Shönbein".

Ilka et sa troupe viennent de terminer leur tournée, nous sommes en attente des prochaines dates...
interview_ilka_shonbein,_episode_1_1_.mp3 Interview Ilka Shönbein, épisode 1(1).mp3  (3.33 Mo)


Sheila Louinet
Jeudi 2 Juin 2011

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024