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Théâtre

La rue D… Une belle balade entre rêve et réalité

"La rue D., Chroniques d’une parisienne fantasque", Manufacture des Abbesses, Paris

Dans une mise en scène subtile et efficace, Anne-Sophie Aubin raconte la rue où elle vit avec ses charmes, ses commerces et ses commerçants. Une belle balade entre rêve et réalité, nourrie par l’imagination de la conteuse et la réalité de son quotidien.



© Corinne Maucourant.
© Corinne Maucourant.
Elle est sur scène, le regard ouvert et le sourire en coin. Anne-Sophie Aubin raconte le quotidien de sa rue, avec ses magasins, ses commerçants et ses petits coins, une rue dans laquelle le charme de la vie semble avoir déposer ses valises ; où, entre autres, une brocante, une laverie et une pâtisserie orientale deviennent des lieux de vie et de rebondissements.

C’est frais, léger et aérien. Le monologue est superbe, pétri de qualité, dans lequel Anne-Sophie Aubin excelle dans un jeu hétéroclite où elle incarne avec brio différents personnages. La voilà habillée dans une tunique bleue ou avec un pardessus - dans un style Humphrey Bogart - le cigare à la bouche. Ou jouant des jambes comme une Calamity Jane, dansant plus loin comme une danseuse orientale et allant même jusqu'à pousser la chansonnette. C’est un kaléidoscope artistique dans lequel la comédienne prend un malin plaisir à communier ses joies et ses émotions.

© Corinne Maucourant.
© Corinne Maucourant.
Anne-Sophie Aubin réussit à manier avec talent et beaucoup d’aisance un jeu alliant naturel et fantaisie. C’est fait d’humour, de rêves et d’imagination. Elle habite ses personnages avec beaucoup de vérité. Il suffit juste de fermer les yeux pour les sentir devant nous, pour voir la laverie, le café de la Poste ou la pâtisserie orientale Icosium Delices qui fait aussi du couscous le vendredi, samedi et dimanche.

La mise en scène est basée sur des ruptures de jeu très marquées. Chaque coin, chaque commerce de la rue D. sont représentés par une scène, un personnage et une histoire avec ses rebondissements, le tout conté dans une atmosphère particulière. Nous sommes entre le conte et l’histoire, entre la fable et la réalité, avec des personnages réels sertis dans l’imagination de la conteuse.

Cette rue, est-ce un rêve ou une réalité ? Une affabulation ou une simple description décalée ? Un peu des deux sans doute, mais elle est dans le cœur d’une femme qui la rêve et qui la vit au jour le jour. Car cette fameuse rue D. est la rue Damrémont dans le 18e arrondissement de Paris.

"La rue D., Chroniques d’une parisienne fantasque"

© Corinne Maucourant.
© Corinne Maucourant.
Texte : Anne-Sophie Aubin.
Mise en scène : Hervé Van der Meulen et Anne-Sophie Aubin.
Avec : Anne-Sophie Aubin.
Création lumière : Charlotte Montoriol.
Musique : Ignatus.
Durée : 1 h 05.

Du 25 septembre au 2 novembre 2013.
Du mercredi au samedi à 19 h.
La Manufacture des Abbesses, Paris 18e, 01 42 33 42 03.
>> manufacturedesabbesses.com

Safidine Alouache
Lundi 30 Septembre 2013

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Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

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