La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Festivals

Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières… La 20e édition !

Les petites Marion de tous les pays se retrouvent comme tous les deux ans dans leur capitale mondiale à Charleville-Mézières. Elles investissent la ville dans tous les recoins et tirent les spectateurs petits et grands par le bout du nez. C'est qu'elles n'ont pas fini de nous étonner (et de s'épater elles-mêmes).



"L'homme qui rit" par la Cie La Licorne © Christophe Loiseau.
"L'homme qui rit" par la Cie La Licorne © Christophe Loiseau.
Sages ou folles, angéliques ou diaboliques, foutraques, rêveuses, facétieuses, tragiques, quelquefois menteuses, mais c'est pour être mieux farceuses, frondeuses, impertinentes et… consolatrices. Des anges ou des démons qui s'émancipent et sont à la parade, marionnettes attentives, l'air de rien, au plus fragile. Fragiles elles-mêmes…

C'est pourquoi on les retrouve dans l'univers du papier, de la plume, de la ficelle et du conte… Se jouant des pesanteurs. Une seule devise : "À l'impossible marionnette est tenue". Aussi, curieuses des nouvelles technologies et expérimentées dans l'usage de la bonne vieille cape d'invisibilité, du manteau d'Arlequin, toujours fidèles à leur ancêtre, ce goinfre de Polichinelle qui accumule les catastrophes et a toujours une échappatoire, elles jouent avec leurs avatars "dernier cri".

Histoire de comparer leurs savoir-faire respectifs. Pas de jouter, de gamer, pas de battle. Rien n'est plus étranger à la marionnette que l'esprit de compétition. C'est que, conscientes de leur pouvoir qu'elles ne cherchent d'ailleurs pas à exploiter*, elles ne font que partager le plaisir de l'illusion et de l'imagination.

"Incertain monsieur Tokbar" par la Cie Turak © Romain Étienne.
"Incertain monsieur Tokbar" par la Cie Turak © Romain Étienne.
Et, avec la compagnie La licorne, elles vont très loin en abordant le texte de "L'homme qui rit" de Victor Hugo. Ce personnage dramatique martyrisé dans son enfance dont le visage affiche un rire perpétuel comme un masque imposé et devient curiosité de foire. Où les êtres humains ne sont pas ceux qui paraissent l'être.

C'est que pour faire simple, disons qu'une marionnette entre en complicité, entre en fusion avec l'Homme et en saisit le meilleur, en révèle le meilleur. De chiffons, de bouts de ficelles, dotées d'une âme comme en possède un violon, elles entretiennent, embellissent le jardin d'enfance. Comme une petite voix d'intérieur qui veille au bon cheminement le long de la vie. Fidèles compagnes du poète.

Il est difficile de rendre compte de toutes les compagnies. Citons pêle-mêle la Compagnie Turak avec "Incertain monsieur Tokbar" ; la Compagnie La Main d’œuvres avec "Le rêve d'une ombre" ; le Tof Théâtre avec deux spectacles, "Soleil Couchant" et "Dans l'atelier" ; la Compagnie Escale et "Les habits neufs de l'empereur".

"Lhomme qui plantait des arbres" par Les Chiennes Savantes © Simon Gosselin.
"Lhomme qui plantait des arbres" par Les Chiennes Savantes © Simon Gosselin.
La Compagnie Les Anges Au Plafond et toutes les autres. Le programme est tellement dense. La qualité est assurée. Enfin, n'oublions pas Les Chiennes Savantes qui se battent avec le conte écologique de Jean Giono, "L'homme qui plantait les arbres", pour garder des poumons verts au cœur des métropoles.

D'ailleurs, en marge du festival, un colloque de l'association "Marionnette et thérapie" est là pour rappeler les limites à ne pas franchir.

20e Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières
Du 20 au 29 septembre 2019.
Charleville-Mézières (08), 03 24 59 94 94.
festival@marionnette.com
>> festival-marionnette.com
>> Programme complet

Jean Grapin
Jeudi 19 Septembre 2019

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024