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Festivals

Ouverture réussie de la 36e édition d'Humour et Eau Salée à Saint-Georges-de-Didonne

Malgré la crise sanitaire et le pass obligatoire, le festival Humour et Eau Salée garde le sourire. Une équipe de bénévoles plus que motivée, un directeur (Denis Lecat) chaleureux présentant chaque spectacle et une programmation de qualité pouvant satisfaire les plus exigeants, sont les ingrédients qui ont participé à la réussite des deux premières journées.



"Fée" de Fred Tousch © Pauline Le Goff.
"Fée" de Fred Tousch © Pauline Le Goff.
Ce festival d'humours tous azimuts "dedans dehors" se déroule du 31 juillet au 6 août 2021 à l'initiative de l'association Créa. Celle-ci et Denis Lecat, directeur et programmateur, choisissent chaque année un thème, ligne directrice de la programmation. Cette année, la thématique est : "Danse et sauve ta planète, mais pas forcément ensemble". Les spectacles ont donc été sélectionnés en réponse à ce thème et, pour la première fois, le festival associe une compagnie chorégraphique, la Cie Volubilis de Niort, qui présentera plusieurs de ses créations.

Le samedi 31, premier jour des festivités, débuta sur les chapeaux de fées avec un seul en scène décalée, improbable, mais plein d'espièglerie, imaginé par Fred Tousch, poète et philosophe de l'absurde. Accompagnée de sa baguette magique, la fée Cristalline, après un atterrissage forcé, son albatros s'étant légèrement blessé une aile, entreprend de résoudre quelques grands problèmes de notre époque et, qui peut le plus peut le moins, quelques petits maux de notre quotidien en complément.

"Le Baluche des Complices de Mr Larsène" © Gil Chauveau.
"Le Baluche des Complices de Mr Larsène" © Gil Chauveau.
L'affaire pourrait paraître simple, mais c'est sans compter l'énergie et l'incroyable gouaille de notre artiste performeur qui use de tous les stratagèmes, féériques ou pas, pour embarquer le public dans son univers aussi déjanté que subversif, mais dont les sujets abordés (pauvreté, mise en péril de la planète, emploi, rencontre de dragons, etc.) nous touchent tous surtout lorsqu'ils nous sont narrés avec un humour espiègle, une pointe de poésie et une conscience politique de saison ! Petits et grands enfants furent conquis.

20 h, une esquisse burlesque d'ouverture officielle du festival se mettait en place au stade Colette Besson avec la participation de Bénédicte Pilchard (Cie Volubilis) traductrice et experte en espéranto gestuel, discipline dansée aux limites de l'acrobatie clownesque. Moment fantaisiste, promesse de surprises à venir. Et en effet, dès 20 h 31, on sentait nettement que ça allait frétiller des gambettes, que le baloche, le baluche, n'allait pas tarder, le temps que Larsène rassemble ses facétieux complices et le bal pouvait commencer.

La Salle Bleue du Relais de la Côte de Beauté quasi complète © Gil Chauveau.
La Salle Bleue du Relais de la Côte de Beauté quasi complète © Gil Chauveau.
Dans une forme de guinguette atypique, chacun embarquait sa chacune pour une soirée à l'ambiance chaleureuse, chaloupée et conviviale… non dénuée de quelques séquences comiques et cadencées, propres à dérider les zygomatiques. Tout commence comme dans un bal traditionnel avec ses protocoles, ses personnalités, ses habitués fidèles. Les danses se succèdent, les couples se forment, les histoires se racontent ou naissent. Mais ici, l'imprévu surgit grâce aux petites interventions scénarisées mettant du sel au déroulement de la soirée.

Et les danses, choisies dans un large répertoire allant des années vingt aux années quatre-vingt, prennent alors une saveur particulière, subtil mélange de notes humoristiques, joyeuses, burlesques ou absurdes. Une soirée étonnante, diablement réjouissante et conviviale, une atmosphère chaleureuse et épicée parfaitement maîtrisée par Larsène et ses complices.

À suivre : dans les propositions faites aux festivaliers, on notera l'atelier "Slam-poésie" qui connaît un véritable succès depuis plusieurs années. Animé par Julien Barret, slameur, auteur et journaliste, expert en ce domaine…

"Le Baluche des Complices de Mr Larsène" © Gil Chauveau.
"Le Baluche des Complices de Mr Larsène" © Gil Chauveau.
"Fée"
De et par Fred Tousch.
Collaboration artistique : Martin Petitguyot.
Musique : Hubert Delgrange.
Costume : Sophie Deck.
Décor : Fabrice Deperrois.
Cie Le Nom du Titre.

"Le Baluche des Complices de Mr Larsène"
Cie Un Rien Extraordinaire.
Avec les complices : Marylou Couvreur Delaitre, Marina Bouin, Christian Lanes.

Atelier slam poésie : Julien Barret et Claude Bonin © Gil Chauveau.
Atelier slam poésie : Julien Barret et Claude Bonin © Gil Chauveau.
Humour et Eau salé, 36e édition
Du 31 juillet au 6 août 2021.
À Saint-Georges-de-Didonne (17).
>> crea-sgd.org
crea@crea-sgd.org
Tél. : 05 46 06 87 98.

Gil Chauveau
Lundi 2 Août 2021

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"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

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Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
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Brigitte Corrigou
06/03/2024
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
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© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023