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Remise du Prix Théâtre Adami 2017 à Jean-Christophe Blondel et la Cie Divine Comédie  16/11/2017

Le Prix Théâtre Adami 2017 d’un montant exceptionnel de 35 000 € est attribué à Jean-Christophe Blondel et la compagnie Divine Comédie. Il sera remis par Philippe Meyer, parrain de l’édition 2017, accompagné de Jean-Jacques Milteau, Président de l’Adami et de Jean-Paul Tribout, administrateur de l’Adami et Président du jury.

Depuis 2012, le Prix Théâtre Adami a pour objet d’aider financièrement une compagnie pour la diversité de son activité, son talent d’interprétation et l’originalité de ses créations. Le jury, composé de membres du Conseil d’administration de l’Adami, a choisi cette année d’attribuer le Prix à Jean-Christophe Blondel et la compagnie Divine Comédie. Il fait suite à Quentin Defalt et la Compagnie Teknaï, lauréat 2016.

"A l’opposé de toute démarche marketing qui pourrait amener à produire ce qu’on pressent des attentes du public, la Divine Comédie travaille à offrir ce qu’il n’attend pas : soit par la découverte d’auteurs inconnus, soit par l’écoute neuve des connus, en tordant le cou aux a priori et aux attendus, en révélant des faces cachées, des veines inexplorées.

Ont été montés Claudel (Partage de Midi), Ibsen (Solness Constructeur) et Fredrik Brattberg, jeune norvégien (prix Ibsen 2012) avec des artistes tout juste sortis du Conservatoire, mêlés à des aînés, témoins de l’histoire récente du théâtre. Et aussi, des artistes de cirque, danse, et de musique improvisée. Alliage difficile des disciplines qui nous met dans un inconnu fécond. Quand nous parvenons à faire de tout cela un spectacle clair et profond, nous gagnons notre pari : celui que chacun, quelle que soit sa culture, puisse trouver dans ces œuvres immenses et souvent jugées élitistes, de quoi méditer sur sa propre vie.

La prochaine pièce sera d’un célèbre inconnu, le philosophe Alain. En 1914, à 46 ans, ce pacifiste militant s’engage volontairement comme soldat de rang. Deux ans plus tard, il écrit au Front une "comédie" qui, avec un humour, une profondeur et une forme préfigurant ce que sera vingt ans plus tard Grand-Peur et misère du 3e Reich. Créé début 2018 pour sa forme courte en salle de classe et à l’automne pour sa version en théâtre, le spectacle, sera joué par des artistes d’Europe, de Syrie, d’Irak… La rencontre avec ces mots de cent ans et leurs propres expériences de la guerre et du pouvoir révèlera l’actualité de la pensée d’Alain : une pensée tantôt acide, flamboyante ou bouleversante, qui part du cœur et naît de l’action. Et c’est par là qu’elle fait théâtre."
Jean-Christophe Blondel.

Plus d’informations sur la compagnie : compagniedivinecomedie.com

Photo : "L'échange", mise en scène de Jean-Christophe Blondel © Tormod Lindgren.
La Rédaction

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Balade équestre dans l'univers singulier de Bartabas… et de Zingaro, un théâtre pour les chevaux

Forte de quarante ans d'observation de la compagnie Zingaro, de ses évolutions et métamorphoses, ainsi que d'une écoute attentive des murmures émanant de la relation entre Bartabas et ses chevaux, Fabienne Pascaud nous offre une exploration aux confins de la création équestre pour découvrir les sources originelles et intimes de son art au cours de douze grands chapitres, chacun scrutant un aspect différent de la pensée créatrice de cet artiste visionnaire.

"Cette créature mi-homme mi-cheval surgit de nulle part et éructant tel un fou sur les pavés de la ville était peut-être un des ultimes avatars d'Antonin Artaud (1896-1948). Bartabas sortait des légendes et des songes. Et nous ramenait au royaume des légendes et des songes."

C'est en 1978, lors de son premier Festival d'Avignon, que Fabienne Pascaud découvre Bartabas. Pour ce dernier, c'est l'époque "Cirque Aligre", après le Théâtre Emporté et avant Zingaro. Surnommé Bartabas le Furieux, il véhicule déjà une certaine folie, à la fois créatrice et unique, et une grande curiosité. Sa créativité va très vite puiser son inspiration dans la richesse de l'ailleurs, dans les différents aspects du monde…

Et ses spectacles, au fil des années, deviennent des fééries troublantes, voire envoûtantes. C'est ce personnage original et inventif que Fabienne Pascaud nous raconte, nous donnant quelques clés pour mieux comprendre, mieux approcher les métamorphoses de la compagnie Zingaro et révéler ainsi le langage, les pensées fondatrices qui, dans l'imaginaire de Bartabas, écrivent les chorégraphies équines et les univers artistiques qui s'en dégagent.

Gil Chauveau
17/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024