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Nomination de Kaori Ito à la direction du TJP, Centre Dramatique National de Strasbourg-Grand-Est  28/09/2022

Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, en accord avec la Ville de Strasbourg, le Conseil régional du Grand Est et la Collectivité européenne d'Alsace, a donné son agrément à la proposition de nommer Kaori Ito à la direction du TJP, Centre Dramatique National de Strasbourg-Grand-Est.

Née au Japon dans une famille d'artistes, Kaori Ito se forme très jeune à la danse classique puis à la danse contemporaine à New-York avant de devenir interprète pour les plus grands chorégraphes européens. En 2015, elle crée en France la compagnie Himé qui conduit un travail entre danse et théâtre. Ses spectacles se basent sur l'écriture de textes bruts et intimes qui constituent une matière d'où surgissent des mouvements nécessaires à l'expression du corps.

Kaori Ito entend faire du TJP un lieu de théâtre multiforme, interculturel et pour toutes les générations, qui instaure un dialogue artistique avec les enfants. Ceux-ci seront invités à mettre en mots leurs rêves, créer ou programmer des spectacles. Elle souhaite conforter le TJP comme lieu de référence nationale et internationale pour la création jeune public dans les domaines du théâtre et de la marionnette, et dans le souci d'une grande ouverture disciplinaire et d'une constante hybridation des formes.

Convaincue que le théâtre peut "réparer le monde", elle propose un projet ouvert et pluridisciplinaire, soucieux du soin apporté à celles et ceux qui l'habitent.

Camille Trouvé et Brice Berthoud, Olivier Martin-Salvan, Justine Emard, Juliette Steiner, Vimala Pons, Clément Dazin, Fabrice Melquiot, Émilie Flacher et les compagnies La Belle Meunière et le Munstrum Théâtre constitueront un comité d'artistes pluridisciplinaires qui habitera à ses côtés le TJP. Kaori Ito souhaite que leurs projets rayonnent au-delà des murs du théâtre, dans tout Strasbourg, et à la rencontre des publics d'Alsace, du Grand Est et du bassin transfrontalier de la Capitale européenne.

Kaori Ito prendra ses fonctions au 1er janvier 2023, succédant ainsi à Renaud Herbin qui poursuivra, avec sa compagnie l'Étendue, son parcours artistique d'excellence. Rima Abdul-Malak salue l'action de ce dernier à la tête du TJP dont il a fait un établissement reconnu pour sa ligne artistique singulière, marquée par une volonté de décloisonnement entre les disciplines et les générations.

Communiqué du ministère de la Culture.
La Rédaction

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"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
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© François Vila.
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Isabelle Lauriou
25/03/2024
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"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
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"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
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