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Nomination de Jean-Pierre Baro à la direction du Théâtre des Quartiers d'Ivry, Centre Dramatique National du Val-de-Marne  11/06/2018

Portrait Jean-Pierre Baro © Emilie Arfeuil-TNB.
Françoise Nyssen, ministre de la Culture, en plein accord avec Philippe Bouyssou, maire d'Ivry-sur-Seine, et Christian Favier, président du Conseil départemental du Val-de-Marne, a donné son agrément à la nomination de Jean-Pierre Baro à la direction du Théâtre des Quartiers d'Ivry, Centre Dramatique National du Val-de-Marne.

Né en 1980, comédien et metteur en scène formé à l'ERAC, Jean-Pierre Baro crée des spectacles sensibles et politiques, à travers l'adaptation d'œuvres classiques ("Ivanov" d'après Tchekhov, "Woyzeck" d'après Georg Büchner), de romans ("Disgrâce" d'après J.M. Coetzee) ou d'œuvres d'auteurs vivants ("La Ville ouverte" de Samuel Gallet, "Master" de David Lescot, ou "À Vif" avec le rappeur Kery James).

C'est en 1995, alors qu'il est au lycée, qu'il fait la rencontre du théâtre, en assistant à une représentation de "Dans la solitude des champs de coton" de Bernard-Marie Koltès, mis en scène par Patrice Chéreau, à Ivry-sur-Seine. Cette rencontre déterminante fera naître sa vocation pour cet art, forgera sa conviction du pouvoir émancipateur du théâtre pour le citoyen et son engagement à transmettre le goût du théâtre à la jeunesse et à accompagner de jeunes artistes. En 2019, il créera "Méphisto (Rapsodie)", pièce écrite par Samuel Gallet, au Théâtre national de Bretagne.

Dans les pas d'Antoine Vitez, de Catherine Dasté ou d'Adel Hakim et Élisabeth Chailloux, il propose de faire dialoguer les arts, les cultures et les générations au Théâtre des Quartiers d'Ivry, Théâtre des quartiers du Monde, en conjuguant création, diffusion et adresse aux publics, et de faire de ce théâtre un cœur battant de la création théâtrale, terre d'accueil d'artistes, ouvert sur le monde et sur son territoire.

Il réunira autour de lui des artistes singuliers, d'horizons et d'esthétiques très différentes : les metteurs en scène Jeanne Candel, Dieudonné Niangouna et Amine Adjina ; et, pour raconter le monde d'aujourd'hui, la ville, ses habitants, les auteures et dramaturges Magali Mougel et Adeline Olivier. Il construira aussi des passerelles avec l'Afrique de l'Ouest, en créant des collaborations avec des lieux et festivals de Ouagadougou, Brazzaville ou Abidjan.

La belle halle de la Manufacture des Œillets deviendra un lieu de partage des savoirs et des cultures, convivial, ouvert à tous et à la cité, chaque jour, proposant des lectures, des projections de films, des expositions, avec en point d'orgue l'organisation de "Grandes dionysies", moment festif et de création théâtrale. Les artistes iront porter le théâtre dans les classes, les quartiers, en appartement, dans tous les espaces de la ville. Un comité de lecture sera mis en place permettant de découvrir les textes de nouveaux auteurs, partagés avec le public lors d'Assises des écritures contemporaines.

Le 1er janvier 2019, il prendra la succession d’Élisabeth Chailloux, qui, aux côtés d'Adel Hakim, disparu le 29 août 2017, a permis au Théâtre des Quartiers d'Ivry, Centre Dramatique National, de devenir un lieu majeur pour la création théâtrale.

Communiqué du ministère de la Culture ce jour.

Photo : Portrait Jean-Pierre Baro © Emilie Arfeuil-TNB.
La Rédaction

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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
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Gil Chauveau
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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

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30/08/2024