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Nomination de Jean Bellorini à la direction du Théâtre national populaire, centre dramatique national de Villeurbanne  08/06/2019

Franck Riester, ministre de la Culture, en accord avec Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne, Laurent Wauquiez, président du conseil régional d'Auvergne Rhône-Alpes, et David Kimelfeld, président de la métropole du Grand Lyon, a nommé Jean Bellorini à la direction du Théâtre national populaire, centre dramatique national de Villeurbanne.

Né en 1981, Jean Bellorini a été formé à l'école Claude Mathieu. Avec sa compagnie Air de Lune, il a été accueilli par Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil puis associé au Centre dramatique national de Toulouse et au Centre dramatique national de Saint-Denis, avant d'en prendre la direction. Son travail au plateau se distingue notamment par ses brillantes adaptations de textes littéraires majeurs ou d'œuvres du théâtre contemporain dans lesquels il instille une grande vitalité issue du travail collectif de la troupe.

Fort de son expérience réussie au Théâtre Gérard Philipe, à Saint-Denis, Jean Bellorini a proposé pour le TNP un projet artistique exigeant et généreux :
- celui d'un théâtre de création placé sous le signe de la transmission et de l'éducation, un théâtre poétique, faisant la part belle à la langue, en associant à son mandat des auteurs, metteurs en scène et leurs équipes, tels que Joël Pommerat, Tiphaine Raffier, André Markowicz, Thierry Thieû Niang ou Lilo Baur ;
- celui d'un théâtre de création d'envergure, privilégiant les grandes formes, les grands plateaux, montrant une ambition internationale, tout en cultivant un ancrage territorial fort, grâce aux artistes qui l'habiteront et qui travailleront au plus près de tous les publics.

Son adresse au jeune public et au public adolescent, ses propositions d'actions dans la Cité, son souci éthique de créer un lien intime entre le théâtre et toutes les classes de la société, dans sa diversité, avec une attention vigilante au respect de la parité, font de son projet celui d'un théâtre de service public, exigeant et populaire, miroir poétique du monde. Celui-ci s'inscrit dans l'héritage des artistes majeurs qui l'ont précédé au TNP : Jean Vilar, Georges Wilson, Roger Planchon et, depuis 2002, Christian Schiaretti. Jean Bellorini lui succèdera à partir du 1er janvier 2020.

Au travers de son action, Christian Schiaretti et son équipe auront incarné l'esprit même du TNP, en privilégiant la découverte des grands textes classiques, l'ouverture au répertoire contemporain, le travail de troupe, le travail sur la langue et le rapport au public. Il est l'un de ces artistes qui auront marqué de leur empreinte l'art du théâtre pendant ces trente dernières années.

Ensemble, ils seront les maîtres d'œuvre des célébrations du centenaire de cette institution majeure du paysage théâtral européen, symbole éminent de la décentralisation dramatique fondé en 1920 par Firmin Gémier.

Franck Riester salue "l'engagement absolu de Christian Schiaretti au service du rayonnement de l'art dramatique et de la langue française dans un projet ambitieux de partage avec toutes et tous".

Communiqué de presse de la délégation à l'information et à la communication, ministère de la Culture.

Photo : © TNP Villeurbanne.
La Rédaction

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"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

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Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

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09/10/2024
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"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024