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15 jours pour sauver les festivals  01/02/2021

Jeanne Added au festival de Paimpol 2019 © Gil Chauveau.
Vendredi 29 janvier 2021, les représentants de festivals (dont Les Eurockéennes, Musilac, Les Vieilles Charrues, le Main Square, les Francofolies de la Rochelle, Le Festival de la foire aux vins de Colmar et Panoramas, membres du PRODISS) ont pu échanger avec Roselyne Bachelot, ministre de la Culture. Celle-ci a donné à nouveau rendez-vous aux professionnels du secteur le 15 février ; à cette occasion, elle devra présenter des réponses aux attentes des organisateurs de festivals et proposer des solutions.

Les festivals ont exprimé à l'unisson leur forte mobilisation pour la reprise de leur activité, après une année 2020 quasi-blanche pour tous. Cette année encore, les festivals sont confrontés à l'incertitude. Moteurs économiques des territoires, ils continuent à prendre des engagements dans ce contexte, en dépit des risques forts qui pèsent sur leurs événements et leurs structures.

La rencontre de ce jour constituait un premier pas vers une réflexion concertée avec les pouvoirs publics sur les modalités d'une reprise des festivals pour que celle-ci soit viable pour tous les types de spectacles qui ont, comme les festivals, un dénominateur commun : proposer des jauges debout. La jauge debout est en effet au cœur même de l'identité de nombreuses esthétiques (musiques urbaines, musiques électroniques…) ; celles-ci ne sauraient être durablement écartées des démarches engagées pour l'ensemble du secteur et d'une reprise possible.

En parallèle, afin d'objectiver les conditions sanitaires nécessaires à l'organisation d'événements en jauge debout, le PRODISS travaille actuellement, en collaboration avec l'AP-HP et la Ville de Paris, à l'organisation d'un concert-test rassemblant plus de 1 000 personnes, debout, masquées et non distanciées.

Les autres configurations (assises, 500 personnes, etc.) ayant déjà pu reprendre au cours de l'année dernière, l'idée de ce projet est de marquer un pas en avant et d'organiser un concert-test dans des conditions qui soient les plus réalistes possibles pour une reprise rentable, et donc durable.

Nous voulons croire que l'État sera au rendez-vous et soutiendra la profession.

La ministre de la Culture a donné rendez-vous aux professionnels du secteur le 15 février. Nous attendons des réponses concrètes à cette échéance : des propositions claires du Gouvernement sur les conditions et les modalités de la reprise et, le cas échéant, des décisions sur l'accompagnement du secteur dans ce contexte. Se pose notamment la question du maintien des dispositifs transversaux et de la mise en place de dispositifs sectoriels spécifiquement destinés aux festivals (fonds de garantie et fonds de compensation billetterie). Dans ce contexte incertain, et alors que nous prenons des risques économiques significatifs, nous avons plus que jamais besoin des pouvoirs publics pour accompagner notre prise de risque.

Nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos publics, celle d'être au rendez-vous de la reprise. Nous avons aussi une responsabilité morale et financière vis-à-vis de nos équipes, de nos partenaires, de nos prestataires et des territoires.

À propos du PRODISS - Créé en France en 1984, le PRODISS, syndicat national du spectacle musical et de variété est aujourd'hui le 1er syndicat patronal représentatif au niveau national. Le PRODISS rassemble près de 400 entrepreneurs de spectacles : producteurs, diffuseurs, exploitants de salles, organisateurs de festivals, répartis dans toute la France et œuvrant dans le domaine des variétés, des musiques actuelles (jazz, musiques populaires, comédies musicales, etc.) et des one man shows. Ils forment ensemble, la chaîne de création et de diffusion d'un spectacle. Essentiellement des PME et TPE, nos adhérents génèrent près de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, soit plus des 3/4 du chiffre d'affaires de l'ensemble du secteur du spectacle musical et de variété.

Photo : Jeanne Added au festival de Paimpol 2019 © Gil Chauveau.
La Rédaction

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"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
06/03/2024
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023