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Concerts

Un "Voyage en Orient-Express" à l'Athénée

Un concert-spectacle nous propose de monter dans le train mythique de l'Orient-Express à travers un voyage sonore et musical au Théâtre de l'Athénée.



© DR.
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Quoi de plus fascinant que de pouvoir monter à bord de l'Orient-Express le temps d'une soirée ? Ce train de luxe imaginé par un ingénieur, Georges Nagelmackers, relia les deux pôles de l'Europe entre Occident et Orient dès 1883. Un train de légende qui fit voyager (à ses débuts) les rois et les heureux du monde en quatre-vingt-une heures (quatre jours, trois nuits) de Paris à Constantinople - un record à la fin du XIXe siècle. Et l'entrepreneur belge veilla à tout. Il fit appel aux plus grands manufacturiers et artisans pour en faire le train de luxe qui devait inspirer tant d'artistes et d'écrivains.

Il ne dédaigna aucune tâche pour imposer le fruit de son imagination visionnaire : créer une Europe unifiée par le rail. Après avoir mené de complexes négociations diplomatiques et politiques afin d'abolir les frontières pour le plus grand plaisir de ses clients, il s'occupa même de sa promotion publicitaire.

Et rien de plus difficile à l'époque que d'imposer un circuit touristique à travers la France, l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, la Roumanie jusqu'en Turquie et ce, malgré les turbulences de l'Histoire. Les guerres et tensions entre pays exigeant d'en modifier souvent le tracé. Il pensa même à faire édifier des palaces dans les différentes villes où arrivait "ce train des rois et roi des trains".

Évoquer cette belle aventure amorcée à la Belle Époque (jusqu'à sa disparition à la fin du XXe siècle) est justement le propos de ce concert-spectacle qu'a imaginé la directrice artistique Hélène Thiébault. Il s'agira donc de raconter cette épopée en un riche voyage sonore et musical (avec une bande-son enregistrée faisant le lien entre les pièces et les pays traversés). Un passage de frontières géographiques redonnant à entendre les répertoires de chacun de ces pays. Des musiciens n'étaient-ils pas souvent invités à monter dans le train pour donner l'aubade aux voyageurs de l'Orient-Express à diverses étapes de son périple cosmopolite ?

De la musique occidentale aux traditions orales orientales, ce patrimoine sera à (re)découvrir dans cette odyssée de la mémoire collective. Le Rigodon de Maurice Ravel, la Sonate de César Franck et l'Intermezzo de Johannes Brahms ; mais aussi des œuvres de Belà Bartok, de Pàl Constantinescu, et des mélodies bulgares et turques (entre autres) ponctueront chaque paysage ainsi ressuscité.

La pianiste Dana Ciocarlie et le violoniste Gilles Apap au sein de son quatuor "Colors of Invention" (avec l'accordéon de Myriam Lafargue, la contrebasse de Philippe Noharet et le cymbalum de Ludovit Kovac) en seront les hérauts. Qui mieux que la pianiste d'origine roumaine et Gilles Apap (très actif dans le jazz et les musiques du monde) avec son ensemble pouvaient ainsi abolir les frontières entre musiques savante et populaire ?

Concert-spectacle mercredi 17 octobre 2018 à 20 h.

Athénée - Théâtre Louis Jouvet.
Square de l'Opéra Louis Jouvet - 7 rue Boudreau (75009).
Tél. : 01 53 05 19 19.
>> athenee-theatre.com

"Voyage en Orient-Express".
Gilles Apap, violon,
et le Colors of Invention (M. Lafargue, P. Noharet, L. Kovac).
Dana Ciocarlie, piano.

Patrick Besombes, création lumière.
Claire Thiébault, création sonore.
Hélène Thiébault, direction artistique.
Colors of Invention © DR.
Colors of Invention © DR.

Christine Ducq
Lundi 1 Octobre 2018

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Concerts | Lyrique







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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
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Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
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Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

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