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Tricot Machine... L'interview !

Archives Sorties CD début 2011

À l'occasion de leur passage à Paris (à la Boule Noire), nous avons rencontré Catherine Leduc et Matthieu Beaumont. Une bonne occasion d'échanger sur l'héritage de la chanson à textes québécoise et sur la "nouvelle scène montréalaise" dont Tricot Machine fait partie mais qui est également représentée par Josiane Paradis, Bernard Adamus, Cœur de Pirate, Émilie Proulx, Malajube, Mille Monarques, Les Tirebouchons, Christian Sbrocca, etc.



Catherine Leduc et Matthieu Beaumont © Roger Proulx.
Catherine Leduc et Matthieu Beaumont © Roger Proulx.
Pensez-vous être porteurs, d'une certaine manière, d'un héritage (quel qu'en soit la forme) d'une tradition de la chanson francophone québécoise ?
Tricot Machine : Peut-être... Je le souhaite ! Nous avons écouté beaucoup de musique québécoise et d'ailleurs depuis que nous sommes tous petits. J'imagine que ça doit paraître quelque part dans notre musique. Nous sommes de l'école de la chanson avec des textes qui veulent raconter quelque chose et qui sont portés par une mélodie structurée.

Pensez-vous qu'il existe une nouvelle scène montréalaise (québécoise) similaire à la nouvelle chanson française (notion chère aux journalistes français ;o) ?
T. M. : Tout à fait. En fait, nous mentirions si nous ne disions pas que c'est beaucoup grâce à cette vague de "nouvelle chanson" que nous avons eu l'idée de créer des chansons nous-mêmes. Il y a bel et bien un nouveau souffle dans la scène locale chez nous.

Quel est votre sentiment là-dessus et y attachez-vous de l'importance ?
T. M. : C'est sûr. Nous faisons partie de cette scène-là. Elle nous a inspiré au tout début et nous inspire encore énormément. Les artistes qui en font partie se distinguent de la masse par leur unicité, leur authenticité et leur désir de repousser les limites de la musique qui se fait chez nous depuis toujours.

Quelle importance cela peut-il avoir aujourd'hui pour un groupe québécois (montréalais) d'être reconnu en France ?
T. M. : On a beau être "canadiens", mais en tant qu'artistes francophones, nous ne jouons que très rarement à l'extérieur des limites du Québec. Il n'y a que peu ou pas d'échange culturel comme tel entre le Québec et le reste du Canada. Nous sommes très différents. Et si le Québec est un vaste territoire, il demeure peu peuplé, ce qui fait qu'on se retrouve vite à en avoir fait le tour. Je crois que pour nous, la France est comme une extension d'un territoire où nous pouvons être compris dans notre langue. Et vous êtes dix fois plus nombreux que nous. Pour le peuple québécois en général, je crois que de savoir qu'un artiste a du succès en France veut dire beaucoup. Les journalistes aiment bien dire que tel ou tel artiste marche bien en France, même si, parfois, ce n'est pas si vrai que ça, parce que c'est bon pour l'égo. En fait, ça peut peut-être paraître un peu pathétique, mais pour nous québécois, être reconnu chez vous, c'est un peu le summum de ce qui peut nous arriver ! [rires]

Depuis votre premier album en 2007, avez-vous l'impression de toujours véhiculer une certaine "québécitude" ?
T. M. : Je pense que c'est en nous. Lorsque nous avons fait le premier album, nous ne nous sommes pas dit : "Tiens, ce serait bien d'ajouter un peu de références québécoises par-ci... et un peu d'accent par-là...". En fait, avant qu'on ne nous le fasse remarquer partout où on passait, on n'y avait pas attaché tant d'importance. C'était là, c'est tout.

Compte tenu de votre intérêt pour les concepts visuels, et votre étroite collaboration avec le graphiste Atanas Mihaltchev, allez-vous appliquer à la scène cette "ambiance" graphique ou imaginez-vous le faire un jour ?
T. M. : Il y a toujours un souci visuel dans ce que nous faisons. C'est lié. Je ne sais pas encore très bien ce que nous pourrons traverser avec nous pour la tournée que nous ferons chez vous en février ! Lorsque nous jouons au Québec, nous avons effectivement quelques décors thématiques. On verra comment on fera en France... Nous aimons relever des défis !

>> Lire la chronique du CD "La prochaine étape".

Gil Chauveau
Vendredi 4 Février 2011

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

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C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

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Brigitte Corrigou
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"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
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Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023