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Concerts

Les Muses s'amusent et nous invitent au Festival de Royaumont 2018

Depuis la fin août et jusqu'en octobre, le Festival 2018 de Royaumont nous invite à partager moments forts et riches émotions avec 40 concerts et spectacles dans le superbe cadre de l'abbaye royale et de ses jardins, au cœur du Parc naturel régional de l'Oise.



Ensemble Dialogos © Agathe Poupeney.
Ensemble Dialogos © Agathe Poupeney.
Avec ses bâtiments restaurés et les trois jardins ornant son sublime parc, l'abbaye cistercienne de Royaumont, édifiée au XIIIe siècle par le futur Saint-Louis et sa mère Blanche de Castille, est un des sites les plus exceptionnels d'Île-de-France. Lieu remarquable par sa beauté, Royaumont abrite un festival renommé dont la 74e édition offre un riche parcours du Moyen-Âge à la création contemporaine. Après deux week-ends dédiés aux "Artistes au jardin" et aux "Entre-Actes/Chorégraphiques opus 2", l'accent sera mis les 8 et 9 septembre sur les "Voix nouvelles" que portent les compositeurs d'aujourd'hui, issus de tous les continents.

Le public est invité à une académie (où se presseront compositeurs et interprètes) avec les Ensembles Exaudi et Meitar dirigés par James Weeks (15 h 30, Salle des Charpente, entrée libre sur réservation), un concert "Vertiges" mettant à l'honneur Philippe Leroux, Mauro Lanza ou Philippe Hurel et la création mondiale d'une pièce de Hakki Cengiz Eren par l'Ensemble Meitar dirigé par Pierre-André Valade (20 h 45). Sans oublier le compositeur Francesco Filidei à l'orgue pour un concert "Orgue & Toys" dans le Réfectoire des Moines (17 h 45).

© Yann Monel.
© Yann Monel.
Le dimanche 9, ce week-end, "Opus contra naturam" se poursuivra avec la pianiste Claudia Chan (en résidence à Royaumont) avec un programme éclectique (Claude Debussy, Brian Ferneyhough, Mark Andre et la création mondiale d'une pièce de Matthew Chamberlain commandée par le festival - Grand comble, 12 h), un "Concert de l'Académie Voix Nouvelles" (Salle des charpentes, 15 h). L'Ensemble vocal Exaudi (direction J. Weeks) chantera les beautés de Monteverdi et Gesualdo mais aussi des pièces contemporaines (dont deux créations française et mondiale) à 17 h 30 dans le Réfectoire des Moines, mais aussi dans le Potager-Jardin pour le concert "Amours, espaces".

Pendant les Journées du Patrimoine (15 et 16 septembre), le flamenco sera à l'honneur avec l'Euskal Barrokensemble (avec la danseuse Maria Moreno et Maria José Pérez au chant) pour distiller "L'Essence de la musique de Manuel de Falla", et ce dans les Ruines de l'abbatiale (17h30). Les cantes flamenco classiques s'élèveront au Réfectoire des Moines (20h45) avec "Voz del Alba". Une voix de l'aube doublement portée par Jesùs Mendez (chant) et Manuel Valencia (guitare).

La "Quête de l'invisible" avec les artistes Naïssam Jalal, Claude Tchamitchian et Leonardo Montana, un "Voyage amoureux" iranien (avec un répertoire personnel et traditionnel) en compagnie de Maryam, Keyvan, Bijan Chemirani et Sylvain Barou, sans oublier une "Magic Malik Fanfare XP" (métissée jazzy, groove et fusion) rythmeront le dimanche 16 septembre.

Le réfectoire de l'Abbaye © Agathe Poupeney/PhotoScène.
Le réfectoire de l'Abbaye © Agathe Poupeney/PhotoScène.
Parmi les rendez-vous offerts dans les week-ends à suivre, s'impose une "Angleterre intime et mélancolique" (le 22 septembre) qui ressuscitera les compositeurs du XVIIe siècle (John Blow, Henry Purcell, William Lawes entre nombreux autres) grâce aux Ensembles Cosmos et Correspondances (dirigé par Sébastien Daucé) et de superbes chanteurs telle Lucile Richardot.

"Debussy en perspective" illuminera le dimanche 23 avec le Trio Antara et Emmanuelle Ophèle à la flûte ("Autour de la sonate pour flûte, alto et harpe"), et un concert "14-18 : Soleils couchants et morts héroïques" pour le plaisir de retrouver Eugénie Lefebvre au chant, Lucie Berthomier à la harpe et Louis-Noël Bestion de Camboulas à l'orgue. Clément Mao-Tackacs dirigera son Secession Orchestra et la mezzo Marion Lebègue dans un concert réunissant Debussy, Jean Cras et Henri Duparc ("La Nature est un temple").

Les 350 ans de la naissance de François Couperin se commémoreront les 28 et 29 septembre avec Jean-Luc Ho (qui inaugurera le clavecin commandé par le festival à Émile Jobin), avec l'Ensemble Sarbacanes et beaucoup d'autres. L'univers romantique de Frédéric Chopin sera, quant à lui, évoqué en trois rendez-vous le dimanche 30 septembre avec un "Concert du Lauréat du Concours Chopin sur pianos d'époque" (concours qui se tient du 2 au 14 septembre à Varsovie), une "Écoute romantique : concert dans un salon parisien en 1830" et un "Concerto de Chopin et bel canto" avec Edoardo Torbianelli sur un Piano Pleyel de 1842 accompagnant la mezzo Eva Zaïcik.

Bernada Fink à Royaumont © DR.
Bernada Fink à Royaumont © DR.
"Amour courtois et lamentations" résonneront dans le Réfectoire des convers le 6 octobre (17h30), "A due voci" avec le baryton Marc Mauillon et Vivabiancaluna Biffi. Mais aussi dans le Réfectoire des moines pour une "Nuit Gesualdo" avec l'ensemble Graindelavoix (direction Björn Schmelzer). Le lendemain, le festival invite "Mahler à Vaulerent" avec un "Récital Mahler/Berg" du baryton Edwin Fardini accompagné par Tanguy de Williencourt (Salle des charpentes, 12 h) et la symphonie "Titan" sera donnée pour la première fois dans la Grange de Vaulerent (à Villeron, Val-d'Oise) par l'orchestre Les Siècles et ses 90 musiciens dirigés par François-Xavier Roth (17 h 30). Une superbe journée en perspective pour clore magistralement cette 74e édition.

Signalons que la première édition de l'Académie Orsay–Royaumont a ouvert ses portes le 20 août pour la saison 2018-2019. Le musée et la fondation unissent leurs forces pour porter au plus haut l'art de la mélodie et du lied, diffuser ce répertoire et favoriser l'émergence de jeunes duos chanteurs-pianistes, en éclairant l'histoire des arts des XIX et XXe siècles (dans une perspective interdisciplinaire).

© Jérôme Galland.
© Jérôme Galland.
Ont été choisis quatre duos (français, américain et polonais) parmi plus de 170 candidats. Ils bénéficieront de l'enseignement des plus grands en quatre cycles (un cycle d'été tout juste terminé avec Stéphane Degout et Simon Lepper), un cycle d'automne avec Christian Immler et Helmut Deutsch, un cycle d'hiver avec Véronique Gens et Susan Manoff et un cycle de printemps en 2019 avec Bernarda Fink et Roger Vignoles. Les fonds des Bibliothèques Mahler et Royaumont (désormais associées) enrichiront à coup sûr ce travail de transmission.

Des rendez-vous que le public pourra rejoindre dans chacun des cycles prévus en novembre, décembre 2018 et juin 2019 avec des "Fenêtres sur cour(s)" à l'abbaye de Royaumont, des master-classes et des "Récitals de Maîtres" à l'auditorium du Musée d'Orsay. Des promenades musicales dans les salles du musée parisien sont également au programme.

Du 25 août au 7 octobre 2018.
Festival de Royaumont
Abbaye de Royaumont, Asnières-sur-Oise (95).

Programme complet et réservations :
Tél. : 01 30 35 58 00.
>> royaumont.com

Des navettes sont disponibles pour se rendre à Royaumont de Paris (Châtelet) et de la gare de Viarmes (95).

Christine Ducq
Mardi 4 Septembre 2018

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023