La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Festivals

Festival Jazz à La Villette 2021… Cole cool et Thackray au taquet !

C'est notre deuxième incursion dans ce festival qui se déroule jusqu'au 12 septembre et dont la première édition date de 2002. Sont proposées aussi des rencontres hors concert d'artistes novateurs avec "Under radar" ou des spectacles et ateliers pour les enfants avec "Jazz à la Villette for kids". À l'affiche de ce concert d'un soir, Emma Jean-Thackray et Louis Cole !



Emma Jean-Thackray © DR.
Emma Jean-Thackray © DR.
Grand soir comme tous les soirs de ce festival qui ne manquent ni de talents créateurs ni de surprises. Premier concert avec Emma Jean-Thackray qui est à la fois productrice, cheffe d'orchestre, auteure et polyinstrumentiste anglaise. Elle a également créé son propre label. Figure montante du jazz, et pas qu'en Angleterre, elle s'est très vite fait remarquer avec son EP "Ley lines" en 2018.

Autour de la trompette d'Emma Jean-Thackray, du soubassophone de Ben Kelly et de la batterie de Dougal Taylor - au tempo rapide et très cadencé -, les claviers de Lyle Barton créent la liaison dans un dialogue musical entre instruments à vent et percussions. À tour de rôle, chacun mène la rythmique. Ainsi la trompette pousse ses octaves derrière Ben Kelly menant la ligne mélodique quand Dougal Taylor enchaîne ses gammes. Ou l'inverse avec le second quand les premiers l'accompagnent. Univers musical très riche dans lequel la cadence peut autant osciller dans un rythme caressant, enveloppant ou rapide.

Le soubassophone remplace la basse dans une construction "note à note" aux temps forts, au sens propre comme au sens figuré, et avec un son très vibrant, presque mystérieux. Dougal Taylor, usant avec talent des cymbales de charleston et de frappes soutenues des toms, accompagne Emma Thackray qui grimpe vocalement avec facilité dans les octaves dans "Mercury", parfois en mode "rap". La voix démarre doucement puis cela monte généralement pour finir dans les aigus pour certaines compositions.

Louis Cole, 2018 © Richard Thompson.
Louis Cole, 2018 © Richard Thompson.
En deuxième partie de soirée, place à Louis Cole. Celui-ci a publié en ligne ses créations dès 2010 avec Knower, un duo qu'il a créé avec Geneviève Artadi. Bien que menant des carrières en solo respectives, ils jouent souvent ensemble. Louis Cole a sa chaîne Youtube "ForFunLouis" qui comptabilise deux millions de followers aujourd'hui. Il a été adoubé par Quincy Jones, il y a quelques années, qui l'avait convié chez lui. Le jeune Californien lui avait alors fait écouter ses reprises de Michael Jackson - "Pretty Young Thing" (1982) et "Bad" (1987) - qui n'avaient pas laissé insensible la légende de la musique.

L'univers musical de Louis Cole est très hétéroclite. Ainsi électro-pop, funk et jazz se croisent avec une batterie, son instrument de formation, tenant souvent le haut du pavé bien qu'il compose essentiellement au clavier. Sur scène, il peut passer directement à ce dernier, intervertissant parfois cymbales ride et crash, accompagné de Nat Wood à la basse, celui-ci pouvant reprendre directement la batterie laissée par Louis Cole en cours de route, jouant même des deux en même temps sur une chanson. Rien que ça !

Au milieu, clavier et piano forment la structure mélodique. C'est très rythmé et l'artiste, tel un caméléon, passe de la musique électronique à des phrasés très jazzy, basculant d'une voix grave vers l'aigu, tout en faisant quelques pas de danse, de façon amusante et robotique.

Le public, à la fin du concert, s'est approché en bas de scène, bougeant, dansant ou, pour les plus timides, faisant une "standing ovation" de leur siège lors de deux rappels laissant Louis Cole improviser… celui-ci n'ayant pas prévu un tel succès. Dur, dur… d'être une star du jazz !

"Jazz à la Villette"
Du 1er au 12 septembre 2021.
Du mardi au samedi à 20 h.
Dimanche 5 à 16 h 30 et le 12 à 16 h.
221, avenue Jean-Jaurès Paris 19e.
Réservations :
Cité de la musique - Philharmonie de Paris : 01 44 84 44 84.
La Villette : 01 40 03 75 75.
>> jazzalavillette.com

Emma Jean-Thackray © DR.
Emma Jean-Thackray © DR.
Concert du Samedi 4 septembre
Emma-Jean Thackray

Emma-Jean Thackray : trompette, chant.
Dougal Taylor : batterie.
Ben Kelly : soubassophone.
Lyle Barton : claviers.

Louis Cole
Louis Cole : batterie, chant, claviers.
Chris Fishman : claviers.
Nate Wood : basse, batterie.
Genevieve Artadi : chant.

Safidin Alouache
Samedi 11 Septembre 2021

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024