Les fiançailles d'un couple fictif – Israa et Ali – vont servir de "pré-texte" à l'évocation, splendidement chorégraphiée, de fragments d'une mémoire brisée assaillie par un passé traumatique. S'invitant en effet comme des éclats non déminés, la petite histoire et la grande entrelacent leurs rhizomes pour donner à voir et à entendre les heurs et malheurs d'un peuple spolié. Tourbillon "insensé" dont le rythme épouse le chaos à l'œuvre, au risque de nous perdre parfois…
Si l'on met à part les oranges omniprésentes tant physiquement que symboliquement (oranges avec lesquelles les spectateurs seront invités à prendre part au jeu), les échelles constituent les uniques éléments d'une scénographie habitée superbement par les corps d'artistes palestiniens, arabes, français rejoignant pour la tournée européenne la troupe de YSDT (Yaa Samar ! Dance Theatre) de Samar Haddad King. Ces échelles, à très haute valeur symbolique également, seront régulièrement dressées et gravies par les protagonistes à la recherche de trouées providentielles leur permettant d'échapper "par le haut" à l'enfermement des zones où d'autres qu'eux entendent les circonscrire.
Si l'on met à part les oranges omniprésentes tant physiquement que symboliquement (oranges avec lesquelles les spectateurs seront invités à prendre part au jeu), les échelles constituent les uniques éléments d'une scénographie habitée superbement par les corps d'artistes palestiniens, arabes, français rejoignant pour la tournée européenne la troupe de YSDT (Yaa Samar ! Dance Theatre) de Samar Haddad King. Ces échelles, à très haute valeur symbolique également, seront régulièrement dressées et gravies par les protagonistes à la recherche de trouées providentielles leur permettant d'échapper "par le haut" à l'enfermement des zones où d'autres qu'eux entendent les circonscrire.
Des corps dont la tension éclate en impérieux jets au sol, frappes violentes de pieds et de mains. Autant de postures générées par la présence de l'ennemi invisible, des attitudes contrastant avec les explosions de joies festives accompagnées de chants envoûtants et de musiques à fort pouvoir suggestif, dont celles des "Quatre Saisons" de Vivaldi réinterprétées par Max Richter. Ainsi en va-t-il de ce kaléidoscope géant où s'invitent pêle-mêle les éclats de la mémoire post-traumatique mâtinée des moments heureux volés aux tragédies vécues.
Aux moments de liesse, les spectateurs seront invités, battant des mains, participant pleinement à la transe gagnant les corps des danseurs. Certains même, appartenant au premier cercle des "invités", les rejoindront sur l'aire centrale pour faire de plus près communauté… Contre toute attente, la vie continue donc à battre dans ces contrées soumises à la destruction massive. Un mariage… une maison… un enfant, ces rêves de bonheur simple seront partagés généreusement avec les spectateurs convives… Mais ces aspirations, si légitimes soient-elles, seront mises à mal l'instant d'après. Ainsi du tableau chorégraphié où Ali, mort, est transporté sur une échelle mise à l'horizontale en guise de brancard funèbre. De même, hissée au sommet du dernier barreau, Israa n'apercevra que des gerbes de feu dévorant les maisons du village.
"La terre est bleue comme une orange", l'un des plus lumineux vers de Paul Éluard semble ce soir flotter sur l'aire de jeu pour nous envelopper de son baume lénifiant… La couleur bleue attribuée par le poète à la terre, porteuse d'un désir azuréen, suggère de façon fulgurante un trait d'union entre la quête fervente de leur sol par les Palestiniens et l'orange, symbole, s'il en est, de la "culture" de ce peuple condamné à l'exode.
Entre tragédies vécues au quotidien et moments festifs vécus passionnellement, c'est l'histoire tourmentée de ces hommes et femmes privés de leur territoire depuis la "Nakba" (catastrophe) de 1948, qui nous est contée, chorégraphiée et jouée avec une ardeur sans pareille. Un moment festif aussi délicieux que peut l'être le goût d'une orange dans le désert… même si sa saveur se charge immanquablement d'amertume puissante au gré des déflagrations meurtrières ponctuant ce temps de représentations partagées.
◙ Yves Kafka
Vu le mercredi 8 octobre 2025 au tnba avec le FAB, la Scène nationale Carré-Colonnes, La Manufacture CDCN dans le cadre de sa saison hors les murs.
Aux moments de liesse, les spectateurs seront invités, battant des mains, participant pleinement à la transe gagnant les corps des danseurs. Certains même, appartenant au premier cercle des "invités", les rejoindront sur l'aire centrale pour faire de plus près communauté… Contre toute attente, la vie continue donc à battre dans ces contrées soumises à la destruction massive. Un mariage… une maison… un enfant, ces rêves de bonheur simple seront partagés généreusement avec les spectateurs convives… Mais ces aspirations, si légitimes soient-elles, seront mises à mal l'instant d'après. Ainsi du tableau chorégraphié où Ali, mort, est transporté sur une échelle mise à l'horizontale en guise de brancard funèbre. De même, hissée au sommet du dernier barreau, Israa n'apercevra que des gerbes de feu dévorant les maisons du village.
"La terre est bleue comme une orange", l'un des plus lumineux vers de Paul Éluard semble ce soir flotter sur l'aire de jeu pour nous envelopper de son baume lénifiant… La couleur bleue attribuée par le poète à la terre, porteuse d'un désir azuréen, suggère de façon fulgurante un trait d'union entre la quête fervente de leur sol par les Palestiniens et l'orange, symbole, s'il en est, de la "culture" de ce peuple condamné à l'exode.
Entre tragédies vécues au quotidien et moments festifs vécus passionnellement, c'est l'histoire tourmentée de ces hommes et femmes privés de leur territoire depuis la "Nakba" (catastrophe) de 1948, qui nous est contée, chorégraphiée et jouée avec une ardeur sans pareille. Un moment festif aussi délicieux que peut l'être le goût d'une orange dans le désert… même si sa saveur se charge immanquablement d'amertume puissante au gré des déflagrations meurtrières ponctuant ce temps de représentations partagées.
◙ Yves Kafka
Vu le mercredi 8 octobre 2025 au tnba avec le FAB, la Scène nationale Carré-Colonnes, La Manufacture CDCN dans le cadre de sa saison hors les murs.
"Gathering"
Texte : Samar Haddad King.
Conception et direction : Samar Haddad King.
Assistante à la mise en scène : Stephanie Sutherland.
Créé par : Yaa Samar ! Dance Theatre.
Chorégraphie : Samar Haddad King, en collaboration avec les performeuses et performeurs.
Avec : Samaa Wakim, Mehdi Dahkan, Adan Azzam, Nadim Bahsoun, Charles Brecard, Dounia Dolbec, Yukari Osaka, Zoé Rabinowitz, Arzu Salman, Natalie Salsa, Yousef Sbieh, Enrico Dau Yang Wey, Ash Winkfield et Mohammed Fouad en doublure.
Dramaturgie : Enrico Dau Yang Wey.
Direction des répétitions : Zoe Rabinowitz.
Création lumière : Muaz Aljubeh.
Musique : "Les Quatre Saisons" de Vivaldi, recomposé” par Max Richter.
Musique originale de : Samar Haddad King.
Création costumes et décor : Nancy Mkaabal.
Régisseuse plateau : Frances Caperchi.
Tout public à partir de 6 ans.
Durée : 1 h 20.
A été représenté du mercredi 8 au samedi 11 octobre 2025 au tnba (Théâtre national de Bordeaux Métropole) dans le cadre du FAB, en partenariat avec La Manufacture CDCN.
Conception et direction : Samar Haddad King.
Assistante à la mise en scène : Stephanie Sutherland.
Créé par : Yaa Samar ! Dance Theatre.
Chorégraphie : Samar Haddad King, en collaboration avec les performeuses et performeurs.
Avec : Samaa Wakim, Mehdi Dahkan, Adan Azzam, Nadim Bahsoun, Charles Brecard, Dounia Dolbec, Yukari Osaka, Zoé Rabinowitz, Arzu Salman, Natalie Salsa, Yousef Sbieh, Enrico Dau Yang Wey, Ash Winkfield et Mohammed Fouad en doublure.
Dramaturgie : Enrico Dau Yang Wey.
Direction des répétitions : Zoe Rabinowitz.
Création lumière : Muaz Aljubeh.
Musique : "Les Quatre Saisons" de Vivaldi, recomposé” par Max Richter.
Musique originale de : Samar Haddad King.
Création costumes et décor : Nancy Mkaabal.
Régisseuse plateau : Frances Caperchi.
Tout public à partir de 6 ans.
Durée : 1 h 20.
A été représenté du mercredi 8 au samedi 11 octobre 2025 au tnba (Théâtre national de Bordeaux Métropole) dans le cadre du FAB, en partenariat avec La Manufacture CDCN.
Tournée :
14 octobre 2025 : Scène nationale du Sud-Aquitain (Bayonne), au Théâtre d'Anglet (64).
14 et 15 novembre 2025 : L'Empreinte - Scène nationale Brive-Tulle, au Théâtre de Brive (19).
18 novembre 2025 : Scène nationale, Angoulême (16).
20 novembre 2025 : Scène nationale de Grand Poitiers et Le Méta – CDN, Poitiers (86).
22 novembre 2025 : Le Moulin du Roc - Scène nationale, Niort (79).
25 novembre 2025 : La Coursive - Scène nationale, La Rochelle (17).
27 novembre 2025 : Théâtre Jean Lurçat - Scène nationale, Aubusson (23).
FAB - 10ᵉ Festival International des Arts de Bordeaux Métropole.
A lieu du 26 septembre au 11 octobre 2025.
9 rue des Capérans, Bordeaux (33).
>> fab.festivalbordeaux.com
14 octobre 2025 : Scène nationale du Sud-Aquitain (Bayonne), au Théâtre d'Anglet (64).
14 et 15 novembre 2025 : L'Empreinte - Scène nationale Brive-Tulle, au Théâtre de Brive (19).
18 novembre 2025 : Scène nationale, Angoulême (16).
20 novembre 2025 : Scène nationale de Grand Poitiers et Le Méta – CDN, Poitiers (86).
22 novembre 2025 : Le Moulin du Roc - Scène nationale, Niort (79).
25 novembre 2025 : La Coursive - Scène nationale, La Rochelle (17).
27 novembre 2025 : Théâtre Jean Lurçat - Scène nationale, Aubusson (23).
FAB - 10ᵉ Festival International des Arts de Bordeaux Métropole.
A lieu du 26 septembre au 11 octobre 2025.
9 rue des Capérans, Bordeaux (33).
>> fab.festivalbordeaux.com