La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Festivals

Biennale de la marionnette et des formes manipulées

08/01 au 28/02/2014, Festival Onze, Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire

Le spectateur sait que la marionnette n’est pas ringarde et qu’en ces temps de 3 D virtuels à effets spéciaux qui accroissent le nombre des blasés et des solitaires, c’est à contre-courant tout un renouveau d’activité qui s’empare de l’objet marionnettique.



"P…" par la Cie Le Lario d'Angers © DR.
"P…" par la Cie Le Lario d'Angers © DR.
Un monde concret et merveilleux d’échanges de points de vue et de plaisir de se rencontrer en "Un Public".

En Mayenne, Maine-et-Loire et Sarthe, territoires à l’identité forte et secrète, les compagnies de spectacle vivant s’entendent si bien que (plus fort que le club des cinq ou le clan des sept) elles ont constitué une bande des onze qui dévoilent en commun les plis de l’imaginaire contemporain pour les habitants au cours d’une Biennale de la marionnette et des formes manipulées.

Ces onze-là, fédérés autour de leur scène nationale, ont une histoire faite d’amitiés et de complémentarités artistiques. Et ils ne sont pas loin d’avoir trouvé la formule magique en matière de politique culturelle. Fortement déconcentrée, la programmation artistique s’appuie sur les contraintes techniques de la plus petite des structures de création et sur un dense réseau de bénévolat.

"Debout couché" par les Ateliers du Spectacle (Paris) © DR.
"Debout couché" par les Ateliers du Spectacle (Paris) © DR.
Elle irrigue tout le territoire et varie les représentations selon les lieux et les dates. Le festival est rythmé par la présentation, dans chaque lieu de résidence des membres de la bande des onze, d’une soirée "onze à table !" qui, en appui de trois spectacles, propose en intermède, interlude, entractes ou entremets, une formule complète avec entrée plats et dessert de la manière la plus simple et la plus concrète.

On z’ fait une séance, on z’fait un tit en cas !

Et, en une soirée, par-delà le réseau de bienveillance qui l’anime, c’est de qualité artistique qu’il faut parler. Et, petit miracle, se trouvent synthétisés tous les apports festifs et positifs d’un festival de grande qualité.

"Soleil couchant" par le Tof Théâtre (Belgique) © DR.
"Soleil couchant" par le Tof Théâtre (Belgique) © DR.
La Revue du Spectacle a ainsi pu assister à Loiron avec "Debout couché" - par les Ateliers du Spectacle (Paris) - à un déroutant éloge de la paresse et du rêve ; avec "À l’Ouest.../Jean (Soleil couchant)", du Tof Théâtre (Belgique), à une émouvante transposition pour vieil homme à la plage de "Oh les beaux jours" ; et avec "P…" (Cie Le Lario d'Angers) à un étonnant space opéra, tout en savourant dans l’alternance de savoureuses rillettes, soupe au potiron et crêpes au sucre.

Cette biennale est un festival de théâtre d’animation par lequel les objets ou matières manipulées, par la seule force d’un manipulateur et d’un récit, fondent un art de la représentation. Elle mérite de perdurer.

Visibles par tous et partout, les formes présentées sont en effet denses comme des nouvelles de littérature.

Du 8 janvier au 28 février 2014.

Onze structures culturelles réparties sur la Mayenne, le Maine-et-Loire et la Sarthe s'associent et proposent du 8 janvier au 28 février une programmation autour de la marionnette et des formes manipulées :
3 Créations ; 26 Compagnies ; 29 Spectacles ; plus des expositions, des conférences et des stages.
Chaque lieu présente la programmation de son choix mais les onze partenaires se réunissent autour d'une soirée spéciale intitulée "À Table !".
Une commande est passée à trois compagnies pour créer une forme pour adultes de 30 minutes maximum.
Pour cette 2e édition, les compagnies sélectionnées sont Le LaRIO / Les Ateliers du spectacle / Le Tof Théâtre.
13 représentations de "À Table !" sont programmées entre le 24 janvier et le 15 février 2014.

Tous les infos sur >> festival11.fr

Jean Grapin
Jeudi 30 Janvier 2014

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024