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Festivals

BIAM Une 12e édition placée sous le signe d'un ailleurs nécessaire pour échapper au chaos du monde ambiant

Depuis 2001, la Biennale Internationale des Arts de la Marionnette (BIAM) rayonne en Île-de-France grâce à de nombreux partenaires complices et surtout grâce au Centre National de la Marionnette – Le Mouffetard à Paris (CNMa) qui porte, depuis toujours, ce projet avec déterminisme et grande conviction.



"Trust me for a while Fornier" © Vincent Arbelet.
"Trust me for a while Fornier" © Vincent Arbelet.
Cette nouvelle édition de la BIAM rassemble 16 spectacles, 48 représentations, 16 compagnies et huit pays différents. Durant deux semaines, les artistes présents sillonneront le territoire parisien pour partager leur vision du monde et, surtout, offriront un véritable tour d'horizon de la création et de la diversité des tendances marionnettes de notre époque. La plupart des créations présentées sont de tout nouveaux projets pour la plupart des compagnies.

Art pourtant millénaire et préhistorique, et mode d'expression populaire, il a fallu attendre 2007 pour que la marionnette, en France, soit reconnue de façon pérenne à l'occasion d'un Manifeste sous la présidence de Daniel Girard ("Les Saisons de la Marionnette"). Trop souvent isolées du reste des autres arts, à l'occasion de ces "Saisons" (2007-2010), de nombreuses compagnies souhaitaient un enjeu plus large de leurs pratiques et que différentes personnalités extérieures au spectacle vivant s'y intéressent (anthropologues, plasticiens, philosophes, scientifiques, etc.). "Il s'agissait de dépasser le simple "j'aime, je n'aime pas" pour exposer des points de vue divers sur ces arts distincts tels qu'ils se déclinent aujourd'hui". (sic)

"Subjectif Lune" © Pierre Grosbois.
"Subjectif Lune" © Pierre Grosbois.
Cette édition 2025 offrira à Paris et en petite couronne des spectacles venus du Canada, de Slovénie, de Norvège, de la République tchèque, de Pologne et de Belgique pour compléter la programmation française.

Dans un monde fracturé et chaotique, les artistes nous invitent à rejoindre des contrées dans lesquelles les humains se sont peu aventurés : au sommet d'un glacier, sur la Lune, sous Terre, dans l'air, dans des mondes virtuels ou magiques, ou encore dans le temps. Les figures marionnettistes y trouvent leur espace et nous invitent, par ce décalage, à questionner le monde qui est le nôtre.

L'imaginaire est donc plus que jamais de mise cette année dans ces différents lieux.
À Paris : Le Mouffetard - CNMa, le Théâtre Sylvia Monfort, le Théâtre aux Mains nues, le Théâtre Dunois et le Centre tchèque de Paris,
À Pantin : le Centre Culturel Nelson Mandela, La Nef, la Place de la Pointe, la Salle Jacques Brel et le Théâtre du Fil de l'Eau.
À Fontenay-sous-Bois : le Théâtre Halle Roublot.
À Ivry-sur-Seine : le Théâtre Antoine Vitez.
À La Courneuve : le Centre Culturel Houdremony, le Parc Georges-Valbon.
À Montreuil : le Théâtre municipal Berthelo Jean-Guerrin.
À Noisy-le-Sec : le Théâtre des Bergeries.

Seize spectacles sont programmés cette année autour de ce thème de l'imaginaire dont (liste non exhaustive) :
"Body Concert" (marionnettes), Québec ;
"Loco" (marionnettes), Belgique ;
"La Méthode du Dr Spongiak" (théâtre d'ombres), Belgique ;
"Cosmohills" (théâtre d'objets et marionnettes), République Tchèque ;
"Somewhere else" (théâtre d'objets et arts visuels), Slovénie et République Tchèque ;
"Poussières" (théâtre de matière et marionnettes), Nord-Pas-de-Calais ;
"Jean Clone" (objets et arts visuels), Bretagne ;
"Subjectif Lune" (théâtre d'objets), Loire-Atlantique.

"Body Concert 148" © Richard Termine Vane Terrancopy.
"Body Concert 148" © Richard Termine Vane Terrancopy.
La BIAM propose aussi, parallèlement aux spectacles eux-mêmes :
Un stage week-end au CNM, les 23, 24 et 25 mai autour de la construction d'une marionnette.
Une rencontre professionnelle, le B.A.BA hashtag 2- THEMA, le vendredi 16 mai autour de la programmation des spectacles de marionnettes et les collaborations envisageables avec les établissements culturels.
Une seconde rencontre professionnelle autour de la formation artistique et culturelle, les mercredi 21 mai et jeudi 22 mai.

Lors de la soirée de lancement, le lundi 28 avril au CNMa, un spectacle intitulé "Ma P'tite Dame", de et par Claire Heggen (Compagnie "Le Théâtre du mouvement"), sera présenté. Pionnière du théâtre de geste et formatrice émérite de générations de marionnettistes, la metteuse en scène propose un spectacle sur son propre vieillissement, en manipulant son double "marionnette" avec une grande poésie non dépourvue d'humour. Depuis plus de quarante ans au service du corps, l'artiste veut donner à voir son corps ouvragé, et pousse le public au détournement des conventions sociales et de l'obsolescence programmée. Un vrai moment d'émotions partagées, doux et fluide malgré la thématique convoquée.
◙ Brigitte Corrigou

BIAM 2025

Cie La Cour Singulière © Delphine Joseph et Louise Lehmann.
Cie La Cour Singulière © Delphine Joseph et Louise Lehmann.
Biennale internationale des Arts de la marionnette et du Théâtre d'objets
Paris et Île-de-France

Du 13 au 28 mai 2025.
Le Mouffetard - CNMa, 73, rue Mouffetard, Paris 5e.
Réservations : 01 84 79 44 44.
Courriel : contact@lemouffetard.com
>> lemouffetard.com

Brigitte Corrigou
Vendredi 18 Avril 2025

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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
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Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
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N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

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Yves Kafka
30/08/2024