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Théâtre

À la recherche d’un panda en peluche jeté du haut d’un pont…

"La Confusion", Théâtre du Rond-Point, Paris

Sandra personnage créé par Marie Nimier pour sa pièce "La Confusion" a la mémoire fragmentée et sa vie est pour elle-même une énigme. À décrypter.



Hélène Patarot © Giovanni Cittadini Cesi.
Hélène Patarot © Giovanni Cittadini Cesi.
Vue par Karelle Prugnaud (qui met en scène), Sandra est une femme poupée, femme enfant, brisée, lovée dans un carré qui déborde de peluches. Plongée dans un excès esthétique, elle est Princesse de conte de fée d’un monde surkitsché non dénué de pittoresque et d’humour.

La recherche scénographique dispose tout un ensemble de signes pertinents qui concourent à un effet théâtre de grande efficacité. C’est que dans une étonnante unité de l’espace s’inscrit le temps de la tragédie rendu tangible et sensible.

Hélène Patarot © Giovanni Cittadini Cesi.
Hélène Patarot © Giovanni Cittadini Cesi.
Elle est celle d’une enfance rompue dans son développement, incapable de dépasser un traumatisme. Celle aussi d’une vie de remontée des cauchemars rythmée par des besoins compulsifs de nettoyer, repasser, ressasser, rapetasser, jusqu’à en être lessivé. Celle des objets censés conjurer la folie et qui, de fait, n’ont d’effets bienfaisant que de signaler une forme de violence sadienne.

Elle est celle en somme du vieillissement dont le jeu d’Hélène Patarot fait, avec beaucoup de précision, sentir l’amertume et la solitude.

Sous les fards le souffle de la fatalité.

Pauvre "doll pop destroy".

"La Confusion"

"La Confusion" © Giovanni Cittadini Cesi.
"La Confusion" © Giovanni Cittadini Cesi.
Texte : Marie Nimier.
Mise en scène : Karelle Prugnaud.
Avec Xavier Berlioz, Hélène Patarot.
Musiciens et son : Fabien Kanou, Bob X.
Scénographie : Fabien Kanou.
Lumières : Blandine Laennec.
Vidéo : Maximilien Dumesnil.
Costumes : Nina Benslimane.
Dessins : Mickael Pecot Kleiner.
Durée : 1 h 20.

"La Confusion" © Giovanni Cittadini Cesi.
"La Confusion" © Giovanni Cittadini Cesi.
Du 7 mars au 7 avril 2012.
Du mardi au samedi à 21 h, dimanche à 15 h 30.
Théâtre du Rond-Point, Paris 8e, 01 44 95 98 21.
>> theatredurondpoint.fr

Jean Grapin
Lundi 12 Mars 2012


1.Posté par Schaub catherine le 16/03/2012 15:28
Comment parler d'un impossible amour le temps d'un cycle de machine à laver ? La confusion nous emporte dans ce tourbillon d'objets triviaux et quotidiens qui racontent si bien les méandres intérieurs et la confusions des sentiments devant la perte, la mort, l'impossibilité de vivre sans. Hélène Patarot est admirable dans cette performance, tellement juste et touchante : on entend , on voit, on palpe les mouvements de son âme en la voyant repasser des peluches ...la nudité de son jeu...et le dernier monologue est prenant. Les mots de Marie Nimier nous parviennent au coeur s'envolant de ce fatras (qui est très bien organisé, comme l'intérieur d'un grand corps dans lequel on visiterait les viscères et où l'on visualiserait les projections de l'esprit, les rêves, mécaniques obscures de l'intime .Il y a du vertige dans ce voyage.)C'est une confusion limpide et magnifiquement orchestrée par Karelle Prugnaud, bravo à toute l'équipe.
Catherine Schaub

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023